Le Divan Edito N° 014 du 06/01/2010 : La sécurité politisée



Le Divan Edito N° 014 du 06/01/2010 : La sécurité politisée
" L'homme est par nature un animal politique ; si bien que celui qui vit hors cité, naturellement bien entendu et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé, soit un être surhumain ".

Cette citation d'Aristote est reprise presque de la même façon par Karl Marx 16 siècles plus tard : " L'Homme est, au sens le plus littéral, un animal politique, non pas seulement un animal sociable, mais un animal qui ne peut vivre que dans la société ".
La pensée des deux hommes se vérifie aujourd'hui, totalement, chez nous, en Mauritanie. En effet, l'Homme Mauritanien n'est pas seulement politique. Il est trop politique! Depuis notre indépendance, nous faisons tous la politique, tandis qu'elle est réservée aux initiés dans les nations les plus développées. Les liens de parenté sont " politisés ". Le pâturage, le breuvage et le mariage le sont aussi. Avec la démocratisation, plutôt la décompression autoritaire, on est passé à la vitesse supérieure. Vertigineuse !
Ces derniers temps, la manie de politiser a atteint la sécurité. La cécité sélective aidant, on ne voit que ce que l'on veut voir, dans ce domaine devant bénéficier de l'unanimité. Quand le sort a fait qu'on est du " coté opposé ", les attentats suicides et les prises d'otages sont des drames symptomatiques de l'incurie des autorités. Par contre, lorsqu'on est du " coté majoritaire ", tout est normal, voire banal.
Il va falloir, et très vite dépasser cette subjectivité périlleuse.
Les attentats et les prises d'otages sont aujourd'hui ‘’normaux’’ en ce sens que par la force des choses, ils deviennent fréquents et se voient partout.
Mais normalité et banalité font deux. On peut critiquer le pouvoir par rapport à la précarité de ses mesures de sécurité. En revanche on ne peut lui demander de parer à un événement quasi-inévitable.
En terme de stratégie, ça s'appelle des menaces asymétriques, autrement dit atypiques. Faisons alors la part des choses.
Quels que soient les moyens dont on dispose, on ne peut pas définitivement endiguer ce phénomène consécutif à la mondialisation du terrorisme.Il faut se rendre à l’evidence. La première puissance du monde (les USA) n'a pu prévoir les attentats du 11 septembre. Pouvait-on imaginer ce que mijotaient les barbus survoltés dans les grottes de l’ Afghanistan.
L'enlèvement des espagnols le 29 novembre et celui des italiens le 18 décembre 2009 sont, toute proportion gardée, par leur imprévisibilité ,identiques à ceux du 11 septembre et à la toute dernière tentative avortée de l'étudiant nigérian conte un avion américain.
Ce qu'il y a à reprocher à notre système de sécurité, c'est l'absence de coordination et de prévention (...)
Pour cela, il faut concevoir un Plan de Sécurité Nationale impliquant tous les corps et les services, en vue d'avoir les réponses opérationnelles appropriées.Ca éviterait ,au moins, l’improvisation sous l’effet dela panique. Le plus urgent serait la sécurité dans les aéroports. Seul l'aéroport international de Nouakchott est conforme aux normes internationales. Mais le manque d'exercices simulés en temps normal est regrettable. A priori, une évacuation consécutive à un incident se fera dans un desordre mortel.
Pour asseoir une stratégie globale relative à notre sécurité, des Etats Généraux sur la Sécurité sont aussi nécessaires que les Etats Généraux de la Démocratie. Mais encore faut-il que tout le monde cesse de politiser la sécurité. Sinon, on ne pourra plus sécuriser la politique.

Brahim Ould Bakar

Source: Le Divan



Mercredi 6 Janvier 2010
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