La retraite: Une vie salée en Mauritanie... le chemin sans fin



La retraite: Une vie salée en Mauritanie... le chemin sans fin

La soixantaine sonnante, les cheveux grisonnants ; monsieur wagué,le visage en rides que cachent mal ses lunettes à grosses montures assure ne pas se laisser envahir par l’inactivité qui risquerait de le réduire en épave pour le reste de la vie. Une vie professionnelle qui a marqué et accompagné l’histoire du pays à travers les salles de classe avec la lourde et exaltante responsabilité de former des hommes et des femmes aux destins différents


le chemin sans fin

Trente cinq ans dira ce sexagénaire, passés sous le drapeau comme un soldat, avec en bandoulière son sac et comme guide sa volonté passionnée d’exercer sa vocation sur tous les coins du pays. Une carrière professionnelle qui lui a permis aussi de connaître le pays et à travers lui la richesse de sa diversité culturelle. Et surtout ses atouts à se forger une identité propre dans le sillage duquel s’inscrit son combat certes silencieux voire anonyme mais plein d’échos. Mr Wagué dont l’aisance du langage tranche d’avec les formations hâtives d’aujourd’hui ne semble guère démissionner de la vie. Comme il faut se faire une nouvelle enfance, il et ses amis de carrière se retrouvent à la grande place qui semble leur servir d’exutoire ou se discutent toutes les questions d’actualité après qu’ils aient fini d’ergoter momentanément sur leur cursus atypique d’instituteurs qui pour certains remontent deux ou trois ans avant l’indépendance. Comme des enfants en quête des souvenirs perdus ; à la recherche d’une nouvelle jeunesse, d’une nouvelle vie, une vie qui fut moins arrosée qu’il ne l’aurait pensé et qui les a échappé à travers les méandres du temps dont ils subissent aujourd’hui malgré eux les contres coups .L’image que reflète l’état d’esprit de ces hommes en dit long sur la situation des retraités. Tous issus du système scolaire après trente cinq ans de loyaux services ,ils se lamentent sur leur sort de plus en plus dégradant qui les place dans la précarité la plus extrême. C’est avec ce sentiment de tristesse et de fierté d’avoir accompli leur devoir vis-à-vis de la nation que « les has been » attendent à la fin de chaque mois, impatiemment et dans la douleur le montant dérisoire dune pension mensuelle disproportionnée au labeur investi des années durant.
En effet le système de retraite en Mauritanie ; moins qu’une retraite dorée met les pensionnaires dans une situation délicate qui les oblige à forger une nouvelle activité dans la vieillesse qui le plus souvent les conduit à leur anciens amours nonobstant les difficultés liées aux nouvelles méthodes d’enseignement qu’ils désapprouvent fondamentalement .Du coup, ils se retrouvent craie en main devant leurs petits fils qui peut être à peine s’interrogent sur le retour du grand père. Broyant de l’amertume, la bande s’insurge contre les décideurs qui pensent- ils n’ont jamais eu d’égard pour l’institution scolaire encore moins pour la classe moyenne dont les sacrifices sont ignorés. Aussi, jugent-ils anormale et injuste de se voir sans logis, au crépuscule de leur vie,se débrouiller pour apporter assistance à leurs enfants soins et scolarité sans compter la ration familiale déjà trop maigres .Avec un humour caustique propre à la vieille garde une voix s’élève pour dire que la seule chose qui leur reste est d’aller dans « l’antre du diable » pour lui tirer sa queue.

Dans l’incapacité de porter haut leurs doléances ; Mr Wagué et son groupe réclament tout au moins un alignement de la pension car à leurs yeux il y a une différence de traitement entre d’une part les retraités cadres eux-mêmes qui reçoivent les 75% pour certains et d’autres plus de 80%.de leur salaire. Quand aux contractuels qui, pendant qu’ils sont en fonction sont mieux rémunérés, récoltent des miettes qu’ils perçoivent trimestriellement une fois à la retraite. Il faut noter que la retraite survient après 35 de services accomplis ou à la limite d’age de 65 ans.
A eux de s’interroger justement sur le sens qu’il faut donner à la retraite qui au lieu de permettre au retraité de profiter de la vie ,le lance sur le boulevard d’une pauvreté déguisée qui les pousse à monnayer leur compétences pédagogiques contre une activité rémunératrice pour vivre décemment. Décemment rétorque spontanément un retraité de l’année 2000,une illusion car « le gouffre est déjà trop profond ».
Comme si l’état d’errance qui frise l’oisiveté stimule leur insatisfaction nos retraités scolaires se sont lancés dans un procès inopiné du système éducatif qui martèlent- ils évolue de mal en pis avant de mettre en garde les futurs retraités contre l’attentisme et l’oubli qui les attend au bout du rouleau compresseur.

Biry Diagana


Source: Riminfo



Lundi 31 Août 2009
Boolumbal Boolumbal
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