La démocratie tatillonne

Mohamed Ould Abdel Aziz est au pouvoir. Il peut se targuer d’être élu démocratiquement. Mais il ne peut pas garantir qu’il ne sera pas victime un jour d’un coup d’Etat militaire tant que l’armée détient la clé des institutions républicaines à la place de l’assemblée nationale et du sénat deux chambres gardienne de la démocratie. Les coups d’états sont le principal obstacle pour l’instauration d’une démocratie apaisée, d’une économie maitrisée. Pendant plus de trois décennies la Mauritanie a connu ce cycle infernal des révolutions de palais



La démocratie tatillonne
La Mauritanie est un pays qui peut prétendre se réclamer d’une démocratie comme beaucoup de pays du monde.Elle dispose de tous les arguments juridiques et politiques pour défendre ce fait.Mais dans la pratique cela semble plus difficile voire utopique.Deux raisons permettent de le soutenir.La première est que les garde-fous qui devaient garantir une stabilité institutionnelle ne sont pas encore appliqués, quand bien même dans la constitution, il est illégal de faire chuter un régime démocratiquement élu par les armes ou les urnes truquées.

Cela est arrivé à deux reprises et à chaque fois les auteurs de putsch sortent indemne de l’épreuve. La dernière en date fut le renversement de Sidi Ould Cheikh Abdallahi par les armes. Son tombeur est aujourd’hui au pouvoir à la faveur d’élections que l’opposition a contestées. Mais cela n’eut pas d’effets sur la suite du processus car Mohamed Ould Abdel Aziz est au pouvoir. Il peut se targuer d’être élu démocratiquement. Mais il ne peut pas garantir qu’il ne sera pas victime un jour d’un coup d’Etat militaire tant que l’armée détient la clé des institutions républicaines à la place de l’assemblée nationale et du sénat deux chambres gardienne de la démocratie. Les coups d’états sont le principal obstacle pour l’instauration d’une démocratie apaisée, d’une économie maitrisée. Pendant plus de trois décennies la Mauritanie a connu ce cycle infernal des révolutions de palais. La démocratie Kaki qui avait commencé timidement avec le vent de la Baule fut une expérience calamiteuse qui avait fini par donner naissance à un semblant de multipartisme sous Ould Taya. Les partis politiques que compte la scène nationale sont dans leur quasi-totalité issue de cette période tumultueuse de la démocratie sur mesure. En 2007, la Mauritanie a réussi à la surprise générale à élire un président sorti des urnes. Toute la communauté internationale avait soutenu cette élection. A moins de deux ans de l’installation du président élu, une crise institutionnelle est provoquée par des parlementaires à la solde d’une aile de l’armée pour s’emparer quelques mois après du pouvoir. Cette parenthèse très éclair de la démocratie est vite passée et nous voici depuis une année ferme sous une nouvelle phase expérimentale de la démocratie après une transition militaire. Tout semble normal du point de vue du retour à l’ordre constitutionnel. Cependant l’édifice démocratique est très fragile pour donner des raisons d’espérer pour la bonne marche du processus. L’armée doit être réformée de telle sorte que les coups d’Etat soient criminalisés et leurs auteurs poursuivis. Or, comment dans la pratique bannir cette culture des coups d’Etat dans un pays où chaque officier ne rêve que de diriger un jour le pays sous la nouvelle version : des armes aux urnes. Le deuxième obstacle à l’instauration d’une démocratie c’est l’isolement de l’opposition par le pouvoir en place qui recrute tous les opportunistes dans les rangs de la majorité pour constituer un rempart à toute volonté de favoriser une alternance politique pacifique . Ce scénario a déjà commencé avec la déconfiture de la classe politique qui risque de s’aggraver à l’approche des législatives et des municipales de 2012.

Cheikh Tidiane Dia Le Rénovateur quotidien



source:Cheikh Tijane Dia via:TF

Mercredi 22 Décembre 2010
Boolumbal Boolumbal
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