La crise se complique encore



La crise se complique encore
A un mois de la présidentielle en Mauritanie, une question ultrasensible vient encore compliquer le règlement de la crise politique : le président destitué il y a 10 mois par les militaires n’accepte de démissionner que si la junte des putschistes est dissoute. Depuis la signature solennelle d’un accord, le 4 juin à Nouakchott, l’horizon semblait pourtant s’être dégagé.

Une phase de transition de six semaines devait précéder le premier tour, le 18 juillet, de l’élection présidentielle anticipée. Il était d’abord prévu que le président destitué il y a 10 mois par les militaires, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, signe un décret portant formation d’un gouvernement transitoire, puis qu’il renonce volontairement à ses fonctions.

Mais rien ne s’est concrétisé. Inquiet, le comité de suivi de l’accord a recommandé jeudi que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine se réunisse "en urgence" pour une "session extraordinaire" à ce sujet. De l’avis général, le blocage porte à présent sur la place accordée aux militaires qui forment le Haut conseil d’Etat (junte). Le président déchu n’est prêt à signer sa démission que si la junte formée après le putsch disparaît entièrement. "On ne peut pas lui demander de démissionner alors que l’outil de son départ forcé, le Haut conseil d’Etat (junte), n’est pas dissous", fait valoir le président de l’Assemblée nationale Messaoud Ould Boulkheir, candidat des anti-putsch à la présidentielle. Dans le camp du général Aziz, le député Sidi Mohamed Ould Maham a accusé jeudi le président déchu de vouloir "torpiller les accords de Dakar", en engageant "un règlement de comptes avec l’armée".

Depuis que le général Aziz a abandonné la direction de la junte et que le président du Sénat a pris la tête du pays par intérim, la junte est censée n’avoir plus qu’un "rôle purement sécuritaire", fait valoir ce député.

Les anti-putsch du Front national pour la défense de la démocratie (Fndd) rétorquent que si les négociations connaissent "une dérive dangereuse", c’est à cause du "reniement à la dernière minute, par le général Aziz de certains engagements qu’il avait pris". De nouveau, les regards se tournent vers les deux grandes figures rivales, "Sidi" et "Aziz", en attendant de savoir lequel fera une concession.


Habituellement optimiste, le directeur de l’hebdomadaire « La Tribune », Mohamed Fal Ould Oumère, estime à présent que « le blocage est définitif sauf miracle de dernière minute ». Le ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio avait annoncé qu’une nouvelle réunion aurait lieu aujourd’hui à Dakar entre toutes les parties mauritaniennes et le Groupe international de contact. Mais le camp du général Aziz a d’ores et déjà fait savoir qu’il ne serait pas représenté à cette réunion : "Nous ne voyons pas de raison d’aller à Dakar", a déclaré le porte-parole Adema Moussa Ba, actuellement en tournée avec M. Ould Abdel Aziz dans le Sud du pays.

"Nous pensons plutôt que nous sommes en phase d’application de l’accord-cadre de Dakar. Cette phase doit se faire à Nouakchott" a-t-il jugé. Pour lui, l’opposition s’adonne "à des blocages délibérés pour tenter d’imposer un nouveau report" de la présidentielle prévue le 18 juillet. "Nous rejetons a priori toute idée d’un nouveau report" a-t-il averti.


© AFP - Juin 2009


Samedi 20 Juin 2009
Boolumbal Boolumbal
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