La communauté wolof en Mauritanie : une richesse marginalisée, une mémoire menacée



La communauté wolof de Mauritanie, bien qu’historiquement enracinée et culturellement riche, souffre aujourd’hui d’une marginalisation persistante dans tous les régimes qui se sont succédé depuis l’indépendance. Et pourtant, l’apport des Wolofs à la construction de l’État mauritanien est incontestable.
Les Wolofs figurent parmi les premiers cadres de l’administration mauritanienne. Ils ont été des bâtisseurs de l’État moderne, présents dans l’éducation, la culture, l’administration et la diplomatie. La Mauritanie ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui sans cette communauté discrète mais engagée. Plus de 23 villages wolofs ont contribué à l’histoire politique, économique et culturelle du pays.

Dans un pays qui aime se définir par la diversité, les Wolofs ont su préserver leur authenticité, leur langue, leur poésie on parle souvent d’*un million de poètes et leurs traditions. Leur culture est un trésor qui enrichit le patrimoine national.

Pourtant, malgré ces contributions majeures, les Wolofs sont de plus en plus invisibilisés. Leur représentativité dans les hautes sphères de l’État s’amenuise. Ils sont rarement nommés à des postes de décision. Dans les programmes scolaires, leur culture est à peine mentionnée. Le risque est réel : celui d’une disparition progressive, comme ce fut le cas de la communauté Bambara, aujourd’hui presque effacée de la carte sociale et politique du pays.

Certains ont tenté de briser le silence. Des leaders wolofs ont élevé la voix pour dénoncer cette marginalisation. Mais face à l’indifférence ou aux pressions, ils se sont tus, un à un. Seule l’association Approlaw, par son travail culturel et linguistique, tente encore de préserver l’identité wolof et de défendre ses droits dans le débat public.

Il est temps de reconnaître que la diversité ne doit pas être un slogan creux. La communauté wolof mérite le respect, la visibilité et la reconnaissance à la hauteur de son histoire. Elle ne réclame pas de privilèges, mais simplement la place qui lui revient dans l’espace national. Pour que demain, les Wolofs de Mauritanie ne deviennent pas un peuple sans mémoire, dans un pays qu’ils ont pourtant contribué à bâtir.


Mamoudou Baidy Gaye dit Alia

Jeudi 9 Octobre 2025
Boolumbal Boolumbal
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