La bougie du général Aziz



La bougie du général Aziz
Développer la bougie, ce n'est, hélas, pas produire de l'électricité. Une évidence primaire. L'archaïsme, dans l'approche et dans l'action, met un frein à toute évolution à la hauteur des attentes. Le monde est en mouvement. Quiconque voudrait opérer le changement tant souhaité par les mauritaniens doit pouvoir donner à ce changement un contenu nouveau, fait de réalisme, de courage, de tact et de savoir-faire politique. Sans cela le pays marquera le pas. Et l'histoire du changement ne sera plus qu'un eternel recommencement.

Les vieilles méthodes, faciles à adopter, désorientent souvent ceux qui les choisissent. L'exemple le plus récent est celui de Sidi Oud Cheikh Abdallah, qui est allé revisiter le premier régime de l'indépendance pour diriger, plus de quarante ans plus tard, une Mauritanie en pleine mutation.

Prendre la place de ce dernier, exercer le pouvoir en solitaire, s'attaquer à des tribus, jeter des hommes en prison, protéger ses propres parents et amis, dire une chose et faire son contraire, c'est insulter le peuple et l'avenir avec.

Parmi les chantiers prioritaires qui attendaient le détenteur actuel du pouvoir, il y avait bien sûr la moralisation de la vie publique. Or, la démarche en cours qui s'inscrit, dit-on, dans cette logique ressemble étrangement à des représailles bien ciblées, au lendemain d'une élection présidentielle au résultat discutable. Cela nous rappelle de mauvais souvenirs…

Ici, les hommes d'affaires peuvent hypothétiquement être pris pour des complices. Seulement, l'observateur averti aura du mal à comprendre qu'un juge puisse s'intéresser au recèle de vol et aux entremetteurs et ignorer le vol et ses auteurs ?

Les vrais coupables du pillage systémique et systématique du bien public sont aujourd'hui, pour une bonne part, autour du General Aziz : Directeurs, Ministres, Ambassadeurs…

Pour renflouer les caisses de l'Etat, si c'est l'objectif, il n'y a pas mieux qu'une politique fiscale conséquente avec à l'appui un recouvrement sans complaisance. Pour un blessé qui perd son sang, la solution c'est la transfusion. En déterrant des dossiers de malversation financière on pourra peut-être générer quelques milliards. En taxant, rigoureusement et équitablement, le capital on peut faire des recettes largement plus amples. Dans ce pays, il est temps que les plus riches payent pour les plus pauvres. Cela s'appelle la solidarité nationale et c'est également un bon moyen de lutte contre la pauvreté.

Alléger la souffrance des pauvres, assainir l'administration, et rendre justice, ce sont là des idées généreuses ; un autre officier supérieur était aux commandes pendant environ deux décennies. Il avait scandé à sa prise du pouvoir : A bas le népotisme, A bas le tribalisme, A bas le détournement des deniers publics…

Ce sont pourtant ces mêmes maux qui ont eu raison de son régime et précipités sa chute, devenue inévitable.

Ce n'est pas insinuer que les militaires seraient inaptes à diriger efficacement les Etats. Ailleurs, des Généraux ont su faire preuve de génie. Mais ceux-là sont des officiers aux poitrines bombées, harnachées de médailles, qui ont gagné des Batailles voire des Guerres. Nos Généraux, à nous, n'ont gagné de batailles que celles de l'immobilier, des grosses cylindrées, du cheptel et des comptes en Banque bourrés à craquer d'argent. Argent indument gagné au détriment d'un peuple pauvre et meurtri.

Malgré notre misère et notre profonde frustration, l'ESPOIR est toujours permis, la Mauritanie en a vu d'autres… et la bougie s'éteint par le vent. Les forces de l'opposition doivent tout simplement souffler un peu plus fort.


Source: L'authentique

Lundi 7 Décembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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