LA FAUTE



LA FAUTE
A peine le Général Mohamed Ould Abdel Aziz prenait-il de confortables aises, dans ses atours d’ex putschiste bien élu, au terme d’un accord de sortie de crise sous les auspices de la communauté internationale et le voici en butte à l’épineuse hypothèque du terrorisme dont, imprudemment, il prétendait la maitrise, lors de sa récente visite en France.

Ould Abdel Aziz traine, ici, un boulet de poids, en la personne de son Directeur Général de la Sûreté Nationale (DGSN), le Général Mohamed Ould Cheikh Hadi auxquels ses détracteurs reprochent, pêle-mêle et souvent à juste titre, une inclination pathologique au bavardage, quelques contorsions comptables dans la gestion de la manne du passeport et une inquiétante tendance à s’entretenir avec les forces occultes. En matière de lutte contre les islamistes armés, il s’en tient à la manière forte et récuse, par doctrine ou principe, l’option de l’amnistie (Aman) en contrepartie d’une reddition négociée, alors même que les détenus de la prison de Nouakchott la réclament. L’on sait, d’ailleurs, malgré quelques rares récidives, combien la méthode a produit ses preuves en Algérie et Tunisie. A rebours, l’on se remémore l’insuccès puis la démission du Président pakistanais Pervez Musharraf, victime de son obstination à opposer, au fondamentalisme insurrectionnel, la seule riposte par les armes, quand il fallait combiner, sur le terrain de l’adversaire et avec le concours des populations civiles, la ruse, les mesures actives et la frappe préventive.

Il est bien probable que le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz soit induit en erreur, sur toute la ligne, par son encombrant compagnon d’armes. Pourtant, une rétrospective primaire devrait l’inciter à suivre, de plus près et sans intermédiaire douteux, les initiatives de Ould Hadi. L’influence des groupes salafistes au Sahara constitue un enjeu de stabilité régionale aux incidences décisives sur le tourisme, la coopération et le partenariat économique avec les démocraties postindustrielles de l’Occident. Il peut s’avérer mortellement désinvolte de confier un tel apostolat à des mains si profanes.

Jeune capitaine déjà, à l’époque chef d’une compagnie de commandement de l’état-major national de l’armée, il contribua à inonder Ould Taya de comptes-rendus alarmistes sur l’imminence puis la récurrence de complots peulhs, puis négro-africains, sans aucun égard pour la dangereuse généralité du soupçon. En 1987 et 1988, ses interventions alarmistes ont laissé des traces écrites dont la relecture édifierait plus d’un crédule sur la compétence de l’homme à conduire une politique de sécurité publique. L’on connait la suite, meurtrière, où il figurera parmi les acteurs tortionnaires de premier plan ; ainsi, pour prix de son zèle de cousin, recevra-t-il, du dictateur Ould Taya, la confiance insigne de devoir diriger la Direction de la Documentation, le contre-espionnage, à partir du Palais. Il s’y distinguera par la gestion plus ou moins discrète du double dossier de la rébellion arabo-touarègue au Nord du Mali et des insurgé en Casamance. Dans le premier des deux milieux, il continue à entretenir des liens à peu près exploitables. Aussi, semble-t-il bien improbable qu’il obtienne la confiance des voisins (Mali, Algérie, Sénégal) les plus impliqués dans la problématique de la criminalité transfrontalière.

Au lendemain de l’attentat-suicide du samedi 8 août 2009 devant l’ambassade de France à Nouakchott, nous avertissions, "ce n’est que le début". Aujourd’hui, que les otages espagnols enlevés hier recouvrent la liberté ou non, nous réitérons l’alerte, avec insistance. Compte tenu de se retards dans le domaine de la prévention, du tribalisme dans la société et de l’indigence de la réflexion stratégique au sommet de l’Etat, la Mauritanie constitue le maillon faible ; elle doit s’attendre à subir toutes le formes de la terreur religieuse.

Combattre la gabegie demande de la fermeté et de la rigueur ; combattre le terrorisme requiert de l’intelligence, de la discrétion et surtout la faculté d’inspirer confiance à ses alliés, donc une certaine aptitude à dépasser la tentation du mensonge, ficelle facile du métier et marque du patricien novice.

Le Président Ould Abdel Aziz ne connait pas son Directeur Général de la Sûreté Nationale, de même qu’il peine à comprendre les mauritaniens façonnés par deux décennies de dictature ; chef du cabinet militaire de Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi, il entreprenait de fréquentes missions au Maroc où le susdit officiait en qualité d’attaché militaire ; le propos volubile et livresque de son cornac lui laissera l’impression, certes erronée, de l’expertise.

A l’épreuve de faits, cuisante d’échecs et déficitaire en vision, le Général Mohamed Ould Cheikh Ould Hadi n’est pas l’homme du défi dans un contexte universel d’amour et de compassion, a fortiori si l’ennemi invisible s’immisce dans la foi du peuple et pousse le vice à dissimuler la bombe sous le voile de la plus inoffensive féminité.

Monsieur le Président, l’erreur se corrige.

Source:
Taqadoumy



Mardi 1 Décembre 2009
Boolumbal Boolumbal
Lu 249 fois



Recherche


Inscription à la newsletter