L’opposition Entre légalité et légitimité



L’opposition Entre légalité et légitimité
Les partis politiques, membres du FNDD, ont décidé d’entrer en conclave pour décider de la position commune à prendre face au nouveau pouvoir : faut-il continuer à rejeter les résultats de la dernière présidentielle et s’inscrire dans l’opposition pure et dure, ou faut-il au contraire le ménager, cohabiter avec lui et le mettre à l’épreuve. C’est à cette équation que l’APP, le RFD, l’UFP et ADIL, Tewassoul, entre autres, devront répondre, chacun en son sein, dans la perspective d’asseoir une politique commune dont la gestion sera confiée aux soins du FNDD.


Le FNDD semble avoir de beaux jours devant lui. Ce regroupement des parties prenantes de la lutte pour la constitutionnalité s’est vu confier une nouvelle mission, celle de gérer les relations entre l’opposition traditionnelle et le pouvoir issu de la dernière présidentielle. La décision a été prise en début de présente semaine, au terme de réunions marathon qui devaient consacrer la position finale des formations de l’opposition face au régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz. La nouvelle mission du FNDD a été largement partagée, les acteurs tenant à conserver cette structure qui de l’avis de tous, a amplement rempli son rôle durant la dernière crise constitutionnelle. « Les discussions avaient été douloureuses, tellement les positions étaient tranchées et figées », nous confie un leader de l’opposition qui constate en substance que les arguments des uns et des autres -partisans du refus et ceux de l’ouverture- avaient été si bien défendues que le Front fut dans l’incapacité d’arrêter une position consensuelle. Finalement, décision fut prise de s’en référer à la base. Partant, les partis politiques ont entamé des discussions au sein de leurs instances dirigeantes.


L’UFP « un pouvoir légal mais illégitime »

Les partisans du président Mohamed Ould Maouloud n’ont pas perdu du temps pour enclencher leurs discussions. Très tôt, le vice président du parti, Ba Bocar Moussa, ancien conseiller de Sidioca, a été mis à contribution pour diriger les travaux du Bureau politique. Une idée semble être largement partagée : celle de reconnaître la légalité prononcée par le conseil constitutionnel mais de refuser la légitimité du peuple à laquelle se prévaut le nouveau président Ould Abdel Aziz. Les militants de l’UFP continuent de croire dur comme fer que la dernière élection présidentielle a été certes fortement entachée d’irrégularités, pour autant, retiennent-ils, le fonctionnement du pays ne doit pas être bloqué. D’autant que la tendance générale - relevée auprès du peuple comme auprès des hommes politiques- est de dépasser la crise pour s’atteler à des actions de développement du pays. Pour l’UFP, une cohabitation formelle entre le nouveau pouvoir et les partis de l’opposition s’impose, pour le plus grand bien de ces derniers qui mettraient à l’occasion, le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz à l’épreuve. D’aucuns restent persuadés que celui-ci, très mal préparé à la gouvernance, signerait très tôt son propre désaveu face aux cruelles réalités de la vie.

Procédant à un bilan des dernières activités de leur parti, les militants de l’UFP devaient constater que l’erreur fatale de l’opposition a été commise, au départ. Le message est le suivant : le FNDD qui a largement rempli sa mission d’opposition au putsch du HCE, avait certes bien agi en participant aux discussions de sortie de crise et en signant les accords de Dakar, toutefois le regroupement des partis politiques ne devait pas s’engager dans la présidentielle à l’état des choses.


Le PND/Adil « faire durer les enchères en attendant de voir mieux »

Deux courants antagonistes se dégagent des discussions entamées au sein de l’ancien parti au pouvoir. D’un côté, ceux qui se sont regroupés auprès de l’ancien Premier ministre de Sidioca, le président du parti Ould Waghef et qui prônent la souplesse voire l’ouverture vers le nouveau pouvoir et de l’autre, les opposants purs et durs qui continuent de réfuter les résultats de la dernière présidentielle, exigeant au passage l’ouverture d’une enquête pour déterminer les tenants et aboutissants d’un tel état de fait qui a conduit à l’élection au premier tour, du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz. Ces opposants qui sont essentiellement constitués de la vieille garde politique, celle-là qui a créé le PRDS et qui a accompagné le président déchu Ould Taya jusqu’à l’ultime instant, semble pour l’heure tenir le bon bout. Le refus du conseil constitutionnel de prendre en compte les recours introduits par le candidat Messaoud Ould Boulkheïr (qui avait été soutenu par (Adil), les conditions d’élection au premier tour du candidat Mohamed Ould Abdel Aziz, le statut d’ancien militaire de celui-ci, la main mise de ses partisans sur les rennes du pouvoir alors que rien ne les prédispose à sortir les populations de la pauvreté et du sous développement, la guerre prononcée contre les caciques des anciens régimes, l’absence de toute règle démocratique dans le jeu politique de l’heure… Ces arguments et d’autres sont encore présentés à l’endroit de ceux qui souhaitent voir le parti fléchir. Ainsi, face au pragmatisme défendu par les partisans du Ould Waghef qui soulignent que le président nouvellement élu, serait disposé à revoir ses positions politiques à l’endroit de ce qu’il appelle les « Moufcidines » à condition qu’il constate une franche disponibilité de ses adversaires, les défenseurs du « Non » continuent de mettre en garde contre les pièges qui seraient tendus à l’opposition par un régime en quête de la reconnaissance par les partis de l’opposition.


APP

La tendance générale consiste à rejeter les résultats des derniers suffrages et de ne pas reconnaître l’élection de Mohamed Ould Abdel Aziz à la présidence de la République. A l’image de Messaoud Ould Boulkheïr qui a d’emblée relevé que la présidentielle ne s’est pas déroulée dans les conditions requises, les militants de APP continuent d’exiger un nouveau décompte des voix. Presque tous, pensent mordicus que la présidentielle a été entachée de fraudes massives qui ont finalement « usurpé » la victoire à leur candidat. Nombre d’entre eux pensent que la bataille n’est pas finie, et qu’il faudrait perpétuer sur la scène publique, la fronde menée par le FNDD pour le retour à une vie constitutionnelle normale.

Toutefois, Messaoud Ould Boulkheïr gêne. Comment, celui qui se prévaut de son statut de président de l’Assemblée nationale, peut-il rejeter une décision prise par un conseil constitutionnel ? Telle est la question qui trouble des esprits et qui amène certains partisans de Ould Boulkheïr à prôner une ouverture à l’endroit du régime en place. En reconnaissant la légalité du nouveau pouvoir tout en s’abstenant de coopérer avec lui, le président de l’Assemblée serait en conformité avec ses principes de démocrate légalitaire. Le cas contraire, il serait lui-même anti- démocratique, relèvent en substance les partisans d’une telle position.


RFD, « l’opposition jusqu’au bout »

Le RFD ne fait pas dans la dentelle. Persuadés d’avoir été conduits en barque par les militaires qu’ils avaient d’emblée soutenu après le coup d’Etat contre Sidioca, les militants du RFD restent intransigeants sur la question : pour eux, le régime issu de la dernière présidentielle n’est ni légal ni légitime.

Les discussions engagées dans le cadre des consultations internes au parti, relèvent nombre d’entraves qui ont altéré l’expression du vote populaire : utilisation des moyens de l’Etat, de l’administration publique et de l’administration militaire, par le candidat Ould Abdel Aziz, un conseil constitutionnel au service du candidat du pouvoir, non prise en compte de la démission du président de la CENI qui a présenté des réserves sur la transparence des élections, usurpation du vote populaire, manipulation des suffrages, absence d’équité dans le traitement par les médias publics et la HAPA, des candidats à la présidentielle… Des raisons suffisantes qui, selon les militants du RFD, doivent amener les membres du FNDD à prôner l’adversité pure et dure face au nouveau régime. A l’image de leur président Ahmed Ould Daddah, ils continuent de refuser tout dialogue et tout compromis avec un régime qu’ils ne reconnaissent pas.



Tawassoul « pour une reconnaissance totale »

C’est sous le sceau du pragmatisme que les Islamistes de Tewassoul ont organisé leur conclave. De manière formelle. Parce que la position finale du parti était d’avance connue. Défait lors de la dernière présidentielle, Gemil Ould Mansour, président dudit parti, avait tantôt reconnu les résultats des suffrages, allant même jusqu’à féliciter le candidat nouvellement élu. L’homme serait même disposé à figurer dans le gouvernement de Ould Mohamed Laghdaf, si la proposition lui avait été présentée, soutiennent nombre d’observateurs. Partant, à l’issue de ses discussions, Tewassoul s’est donnée pour mission de convaincre ses partenaires du FNDD sur l’impératif de mettre fin à la crise politique du pays, pour le bien des populations laissées pour compte ces dernières années.


Conclave

En donnant la parole à leur base, les leaders du FNDD ne sont pas sortis de l’auberge, les contradictions relevées au sein du FNDD s’étant retrouvées au sein de chaque instance. Pour l’heure, aucune tendance ne se dégage. Les leaders de l’opposition risquent fort d’être conduits dans l’impasse, alors que le temps ne joue pas en leur faveur. Au pire des cas, on risque fort d’assister à l’implosion du FNDD, chacune des formations ne s’en prenant finalement qu’à sa vérité propre. Pour le plus grand bonheur du régime de Ould Abdel Aziz fort de la reconnaissance de la communauté internationale qui vient de le recevoir en grandes pompes à Tripoli.




Source : l'authentique

Jeudi 3 Septembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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