L'assassinat de Michel Germaneau aurait-il pu être empêché ?



L'assassinat de Michel Germaneau aurait-il pu être empêché ?
Le 26 juillet, la France a confirmé l'assassinat de Michel Germaneau par une cellule d'Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). La presse de Bamako s'interroge sur le terrible engrenage qui a abouti à la mort de l'humanitaire français, enlevé en avril au Niger puis détenu au Mali.

ans un sens, paix à son âme. Michel Germaneau est délivré, car sa souffrance est finie, lui qui, en plus de l'âge, souffrait du cœur et des rigueurs du climat qui lui étaient imposées. Pourtant, c'est un autre matin de défaite pour l'homme tout court. Parce, dans l'autre sens, l'otage ne méritait pas de finir ainsi, qu'il soit mort par manque de médicaments ou le cou tranché selon un rituel qui ne peut pas être le rituel de Dieu. Germaneau a été sans doute la victime d'un péril qui s'est installé à nos portes, qui n'est pas la créature de notre pays mais qui nous fera payer de plus en plus cher, en termes d'image, de réputation et de fréquentabilité. Et ce tant qu'il restera là parmi nous, divisant nos volontés et nos capacités communes à l'éradiquer.

Toutefois, sans polémiquer en ces heures de deuil pour la famille de l'ingénieur, le Français est mort parce qu'il était condamné, comme l'a bien résumé Nicolas Sarkozy. Il était condamné parce que Nouakchott ne négocie pas [le 9 juin, le gouvernement mauritanien a refusé d'élargir des membres de l'AQMI en échange de la libération d'otages occidentaux]. Tant pis pour les humanitaires qui se portent au chevet de ses nomades. Ils paieront leur générosité de leur vie, et personne n'a le droit de leur tendre la main. Mais, s'il était encore en vie ce jour, Germaneau était encore plus certainement condamné par le raid infructueux du 22 juillet [mené au Mali contre une base de l'AQMI par des troupes mauritaniennes et françaises]. Et alors, la question qui vient à tout esprit normal est : pourquoi, dans les mêmes conditions, avec la même nationalité, cet otage est-il mort alors que Pierre Camatte a été libéré [en février] ? Oui, pourquoi l'un meurt et l'autre non ? Pourquoi une expédition punitive contre les ravisseurs de l'un et un ballet diplomatique qui a pris jusqu'au président Sarkozy pour l'autre ? Kouchner n'a pas hésité à rendre notre président [Amadou Toumani Touré] responsable de tout ce qui arriverait à Camatte. Rien de pareil pour le président mauritanien [Mohamed Ould Abdel Aziz], devenu la star de la communauté internationale. C'est aux Français d'interroger leur président sur cette différence de traitement. Et à nous d'inviter le nôtre à tirer les leçons qui s'imposent désormais à lui. Et à nous en tant que nation. Car le message ambiant est limpide : le Mali n'a plus droit à l'erreur.


Source: Courrier international.com

Vendredi 30 Juillet 2010
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