L’Edito de La Tribune Par Mohamed Fall O Oumère



L’Edito de La Tribune Par Mohamed Fall O Oumère
De voir les trois délégations négocier à Dakar, deux sentiments m’étreignent : la fierté et le dépit.

La fierté d’appartenir à un espace culturel riche de sa diversité et dont les habitants ont cette capacité de s’adapter là où ils se trouvent. Sans grande forme de convenances ; sans manière et sans effort particulier. La convivialité entre les négociateurs des différents camps. La spontanéité dans l’établissement de courants entre individus et groupes d’individus. La conscience aussi de l’ampleur de la mission et de la gravité du moment.

Le dépit… se dire que quelque soit la nature de l’accord, les Mauritaniens auraient pu le conclure entre eux. Et depuis longtemps. Qu’ils n’avaient pas en conséquence, le droit d’exporter leur linge sale pour le laver loin de chez eux.

Passons… au moment où j’écris ce texte, je ne sais pas exactement si un accord sera signé ou pas. Mais tout indique qu’il le sera. Toutes les parties ont accepté de céder sur le plus précieux pour elles, de reculer sur les positions les plus intransigeantes… toutes se sont remises en cause pour…la cause. Il ne reste que des détails. Et même si ‘le diable réside dans les détails’, ce n’est pas une raison de ne pas croire que la raison l’emportera.

Pour Ould Abdel Aziz, l’accord signifiera une triple réalisation. D’abord une légitimation de son pouvoir. Légitimation immédiate par la reconnaissance du fait accompli et de la conformité de sa candidature ; légitimation ultérieure de son élection de plus en plus évidente. Ensuite, c’est une sécurisation pour son pouvoir dont la communauté internationale sera garante. Par la poursuite du dialogue en vue du raffermissement de la démocratie et de la prévention des changements anticonstitutionnels, c’est la société politique qui s’engage à lui servir de bouclier. C’est enfin la possibilité de s’ouvrir les portes de tous les financements. De l’élection à l’après élection. Qui dit mieux ? Kadhafi ? Ould Brahim Khlil ?

Le premier a fini par plier devant la communauté internationale. Le second… parlons d’autre chose…

Mohamed Abderrahmane Ould Moïne, Mohamed Ould Maouloud et Sid’Ahmed Ould Raiss… trois générations… d’une Mauritanie qui se cherche. Chacun d’eux a incarné à mes yeux ce qu’il y a de bon chez nous. La mesure dans la détermination, une sorte de «force tranquille», l’intelligence de l’autre et la capacité à s’adapter et à se faire adopter par l’autre. C’est pour moi l’occasion de saluer le travail qu’ils ont abattu. Il est vrai que les médiateurs étaient d’une grande valeur, mais sans les aptitudes des chefs de délégations, peut-être qu’il n’y aurait pas eu de négociations.

Dans tous les cas – réussite à signer ou pas – il y a lieu de rendre un hommage appuyé à ces trois hommes dont la valeur rassure sur la «continuité mauritanienne».

Autre source de fierté pour moi, c’est la présence de la presse privée dite «indépendante», la presse officielle n’a pas couvert l’événement. Malgré ses faibles moyens, la presse indépendante a fait le déplacement de Dakar. Parce qu’elle comprend que ce qui se passait à Dakar déterminait l’avenir du pays. Et de façon fondamentale. Qu’il y ait accord ou non, la Mauritanie d’après ne sera plus jamais celle d’aujourd’hui.

Soit il y a accord et c’est l’occasion de refondations multiples. Soit c’est l’échec, et c’est l’occasion de remises en causes multiples. Dans l’un comme dans l’autre cas, l’espoir d’une Mauritanie nouvelle reste prometteur.

Lundi 1 Juin 2009
Boolumbal Boolumbal
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