De plus en plus nombreux à s´installer sur la rive mauritanienne du fleuve Sénégal habitée traditionnellement par les noirs, les maures blancs ont aussi pris en main l´administration et certains conseils municipaux de la région. L´amertume est grande chez les autochtones.
Des hommes en boubous blancs, ou bleus, avec des turbans noirs, des femmesdrapés dans de légers voiles multicolores qui vont et viennent avec desrécipients pour puiser l´eau, des enfants à la peau claire qui se baignent dans les eaux tiédes du fleuve...Sur la rive mauritanienne du fleuve Sénégal, où voisinaient les pulaars, les Soninkés et les Wolofs, tous noirs, les habitants changent de couleur. Dans de nombreuses localités, les Maures blancs ont afflué. Venus de l´est et du centre du pays, ils s´installent avec leurs familles. Ils construisent des maisons, dressent leurs tentes à la périphérie des anciens villages. De nouveaux quartiers voient jour. On les appelle El Jedida, la"nouvelle", ElKhaïr, "le bonheur". De nouveaux villages sont créés le long de lavallée: Mabrouk à 300 km de Nouakchott, Bir El Khair, Zem-Zem, ElMengeh, Bagdad,etc. ..Ces hommes, femmes et enfants sont pratiquement tous maures blancs qui ont longtemps vécu de l´élevage aux marges du désert.
À Khabou, sous-préfecture située à la frontiére entre le Sénégal et le Mali à plus de 800 km de Nouakchott, cette présence des Maures intrigue D. Soumaré qui a séjourné longtemps en France: "Auparavant, la présence des Maures à Khabou se résumait à quelques petits commercants détaillants qui tenaientdes boutiques. Ils étaient tous célibataires et se faisaient remplacer souvent par un frère, un cousin, un neveu etc..". Aujourd´hui, ils prennent racineet monopolisent le petit commerce jusque dans les petits hameaux.
L´attirance des terres à riz
D´autres facteurs expliquent cet afflux des maures vers le sud. La réforme domaniale et foncière de 1983 a marqué un tournant décisif. Depuis cette date, des milliers d´hectares ont été attribués et continuent à l´être aux hommes d´affaires venus du Nord."Les terres qui appartiennent à nos ancêtres sont distribuées. Quand on proteste, les autorités administratives répondent que nous sommes dans l´illégalité, car nous ne disposons pas de titres fonciers. Ces terres sont héritées de nos ancêtres à l´époque où la Mauritanie n´existait pas!", déclare avec amertume Adama Sakho, un négro-africain.
A l´origine de cet engouement, la construction des barrages sur le fleuve Sénégal qui permet l´irrigation et la culture du riz de ces terres jusqu´alors en voie de désertification et que leurs habitants cherchaient à quitter.
Les événements sénégalo-mauritaniens de 1989 au cours desquels des milliersde Négro-mauritaniens ont été déportés vers le Sénégal ont renforcé ce mouvement. Des villages entiers ont été vidés de leurs habitants, comme Patoukone, Téthiane(Gorgol), à plus de 500 km de Nouakchott et Dara, à plus de 300km. Les habitants, tous peuls, ont été remplacés. Les noms des villages ontaussi changé. Ainsi, une localité comme Olologuo est devenue Ould Birom,"fils de Birom"en langue maure.
Selon Amadou Sall, administrateur en retraite,"les hautes autorités politiques et administratives de la Mauritanie mettent tout en oeuvre pourprouver que la vallée n´est pas uniquement une terre habitée par les Noirs".
Dans la vallée, les gouverneurs, les préfets, sous-préfets, commissaires depolice et une grande majorité d´agents de police, les commandants de tous les corps militaires, les directeurs de tous les services sont maures. Les rares cadres et agents noirs affectés pour servir dans la vallée n´ont aucun pouvoir de décision et ne peuvent influer sur la situation. Les postes électifs suivent la même tendance. Rosso à 200 km de Nouakchott, l´un des députés est maure. Au cours des dernières éléctions municipales, les ressortissants du Nord (maures blancs) ont tenté de prendre le conseil municipal au détriment des autochtones (Wolofs, Maures noirs et Pulars etc). Dans les autres grandes agglomérations de la vallée, Kaédi, Boghé, Sélibaby, on remarque une forte présence de maures dans les conseils municipaux. A Bababé, habitée à plus de 95% par les Pulaars, c´est un maure blanc venu d´une autre région qui a été élu sénateur.
Les habitants traditionnels de la vallée ont l´impression de vivre une nouvelle colonisation. D´autant que la vallée est devenue un vaste camp militaire. Plusieurs casernes ont été construites dans les bourgades en bordure du fleuve.
Source: Kaaw Toure
Des hommes en boubous blancs, ou bleus, avec des turbans noirs, des femmesdrapés dans de légers voiles multicolores qui vont et viennent avec desrécipients pour puiser l´eau, des enfants à la peau claire qui se baignent dans les eaux tiédes du fleuve...Sur la rive mauritanienne du fleuve Sénégal, où voisinaient les pulaars, les Soninkés et les Wolofs, tous noirs, les habitants changent de couleur. Dans de nombreuses localités, les Maures blancs ont afflué. Venus de l´est et du centre du pays, ils s´installent avec leurs familles. Ils construisent des maisons, dressent leurs tentes à la périphérie des anciens villages. De nouveaux quartiers voient jour. On les appelle El Jedida, la"nouvelle", ElKhaïr, "le bonheur". De nouveaux villages sont créés le long de lavallée: Mabrouk à 300 km de Nouakchott, Bir El Khair, Zem-Zem, ElMengeh, Bagdad,etc. ..Ces hommes, femmes et enfants sont pratiquement tous maures blancs qui ont longtemps vécu de l´élevage aux marges du désert.
À Khabou, sous-préfecture située à la frontiére entre le Sénégal et le Mali à plus de 800 km de Nouakchott, cette présence des Maures intrigue D. Soumaré qui a séjourné longtemps en France: "Auparavant, la présence des Maures à Khabou se résumait à quelques petits commercants détaillants qui tenaientdes boutiques. Ils étaient tous célibataires et se faisaient remplacer souvent par un frère, un cousin, un neveu etc..". Aujourd´hui, ils prennent racineet monopolisent le petit commerce jusque dans les petits hameaux.
L´attirance des terres à riz
D´autres facteurs expliquent cet afflux des maures vers le sud. La réforme domaniale et foncière de 1983 a marqué un tournant décisif. Depuis cette date, des milliers d´hectares ont été attribués et continuent à l´être aux hommes d´affaires venus du Nord."Les terres qui appartiennent à nos ancêtres sont distribuées. Quand on proteste, les autorités administratives répondent que nous sommes dans l´illégalité, car nous ne disposons pas de titres fonciers. Ces terres sont héritées de nos ancêtres à l´époque où la Mauritanie n´existait pas!", déclare avec amertume Adama Sakho, un négro-africain.
A l´origine de cet engouement, la construction des barrages sur le fleuve Sénégal qui permet l´irrigation et la culture du riz de ces terres jusqu´alors en voie de désertification et que leurs habitants cherchaient à quitter.
Les événements sénégalo-mauritaniens de 1989 au cours desquels des milliersde Négro-mauritaniens ont été déportés vers le Sénégal ont renforcé ce mouvement. Des villages entiers ont été vidés de leurs habitants, comme Patoukone, Téthiane(Gorgol), à plus de 500 km de Nouakchott et Dara, à plus de 300km. Les habitants, tous peuls, ont été remplacés. Les noms des villages ontaussi changé. Ainsi, une localité comme Olologuo est devenue Ould Birom,"fils de Birom"en langue maure.
Selon Amadou Sall, administrateur en retraite,"les hautes autorités politiques et administratives de la Mauritanie mettent tout en oeuvre pourprouver que la vallée n´est pas uniquement une terre habitée par les Noirs".
Dans la vallée, les gouverneurs, les préfets, sous-préfets, commissaires depolice et une grande majorité d´agents de police, les commandants de tous les corps militaires, les directeurs de tous les services sont maures. Les rares cadres et agents noirs affectés pour servir dans la vallée n´ont aucun pouvoir de décision et ne peuvent influer sur la situation. Les postes électifs suivent la même tendance. Rosso à 200 km de Nouakchott, l´un des députés est maure. Au cours des dernières éléctions municipales, les ressortissants du Nord (maures blancs) ont tenté de prendre le conseil municipal au détriment des autochtones (Wolofs, Maures noirs et Pulars etc). Dans les autres grandes agglomérations de la vallée, Kaédi, Boghé, Sélibaby, on remarque une forte présence de maures dans les conseils municipaux. A Bababé, habitée à plus de 95% par les Pulaars, c´est un maure blanc venu d´une autre région qui a été élu sénateur.
Les habitants traditionnels de la vallée ont l´impression de vivre une nouvelle colonisation. D´autant que la vallée est devenue un vaste camp militaire. Plusieurs casernes ont été construites dans les bourgades en bordure du fleuve.
Source: Kaaw Toure
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