Incertitude sur le dialogue politique : quelle main tend le pouvoir?



Incertitude sur le dialogue politique : quelle main tend le pouvoir?
Assagi par de nombreux problèmes politiques et socioéconomiques, dont les manifs répétées des jeunes du 25 février, les grognes professionnelles et les sit-in de tout bord, le pouvoir joue son va-tout pour apaiser la situation.Du président aux membres du gouvernement en passant par le Premier ministre chacun y met du sien pour calmer le « brasier » aux multiples visages, notamment en affichant des nouvelles et présumées sincères dispositions à la concertation.

Une main tendue qui n’est pas nouvelle et qui à la lumière de l’expérience politique, ayant illustré son manque de franchise, suscite partout de grandes réserves. La grande divergence à laquelle on assiste actuellement entre la majorité et l’opposition sur le report des consultations électorales pour le renouvellement du Sénat n’est-elle pas un coup dur porté à cette même tentative d’ouverture ?

Le dialogue politique n’est pas une nouveauté chez nous, car, exprimé chaque fois par le pouvoir, il se révèle par la suite comme une simple tactique des dirigeants pour gérer les crises conjoncturelles. Avec les révoltes qui secouent le monde arabe et dont le déferlement s’avère parfois imprévisible, le régime mauritanien a sans doute réalisé la gravité de la situation, cherchant depuis lors à tout mettre en œuvre pour rassurer une opinion lassée des promesses autant en emporte le vent. Après avoir autorisé l’organisation des manifs à Nouakchott, les autorités se sont partagées les missions pour réussir le pari de l’apaisement. Le président de la république et le premier ministre ont été les premiers a tâté le terrain populaire en tenant des discours socioéconomiques prometteurs devant les habitants des quartiers précaires. Des missions gouvernementales ont été dépêchées également plus tard à l’intérieur du pays pour vulgariser le nouveau message politique et rassurer les habitants. Plus récemment, Ould Abdel Aziz a reçu en audience plusieurs responsables des médias auxquels il a promis des lendemains meilleurs. Le chef de l’Etat, qui compte s’envoler pour la vallée du fleuve- foyer de grandes tensions en raison des persécutions administratives et autres- a reçu aussi en audience le leader de l’Ajd/Mr Ibrahima Moctar Sarr, auquel il aurait promis un nouveau regain dans le règlement du passif humanitaire et consorts. De son côté, le chef du gouvernement aurait rencontré sur sa demande, le président de Tawassoul Mohamed Jemil Mansour, qu’il cherche sans doute à associer à un dialogue politique, voulu avant tout par le parti islamiste comme global et non exclusif des autres acteurs politiques. Pour sa part, le ministre de l’intérieur aurait lui aussi cherché à rencontrer les jeunes du 25 février, pour dit-on prendre acte de leurs doléances et réussir à travers cette démarche de séduction à briser l’élan de contestation. Mais, les jeunes ont refusé de prendre à l’hameçon. D’autres mesures qui s’inscrivent dans la même optique ont été aussi prises par les pouvoirs publics pour se protéger de l’effet boomerang bien réussi dans les Etats arabes, lesquels ont été transformés soient en bain de sang, soient soumis aux bombardements de la communauté internationale, dont les dirigeants les assuraient jusqu’à hier de leur solidarité et de leur soutien. Des scénarii terribles, devant lesquels aucun régime intelligent et tenace à sa survie, du moins à sa dignité, surtout quand il se proclame souci des pauvres et des inégalités, ne peut rester indifférent et les mains croisées alors qu’il a à sa portée toutes les clefs pour en sortir la tête haute.

Amadou Diaara

Source: Renovateur

Mardi 22 Mars 2011
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