Implantation de l’UPR : ça trébuche dans la vallée !



Implantation de l’UPR : ça trébuche dans la vallée !
Après la réunion d’Aleg tenue vendredi, le coordinateur régional de la campagne d’implantation de l’UPR, M. Aly Ould Alade, accompagné de ses principaux collaborateurs, a présidé successivement du 10 au 12 avril, à Mbagne, Bababé et Boghé, des réunions de sensibilisation avec les élus locaux, cadres et notables du parti au pouvoir.

Message du coordinateur

Il s’agit d’expliquer les conditions dans lesquelles devront se dérouler les adhésions au parti « conformément aux orientations du Président de la République ». A chaque étape, le message est quasi-similaire : « Le président Abdel Aziz incarne le changement qui ouvrirait les portes de la Mauritanie nouvelle ». Pour le coordinateur, le "guide" a élaboré un programme cohérent et ambitieux allant de la lutte contre la gabegie à la construction de routes en passant par la modernisation de l’agriculture. L’opposition est présentée comme « un regroupement d’anti-nationaux assoiffés de pouvoir, nostalgiques de la période sombre de la gabegie ». « Ils évoquent les Accords de Dakar qu’ils ont été les premiers à fouler au sol en refusant de reconnaître les résultats de l’élection présidentielle du 18 juillet qui consacre la victoire du Président Ould Abdel Aziz », lance Ould Alade devant des foules à majorité composées d’ex-PRDS recyclés en UPR après un bref passage dans la mouvance des « Indépendants » pendant la transition du CMJD et à Adil sous Sidi. Pour ces "caméléons" politiques, « il faut se rapprocher du pouvoir pour récolter des dividendes (talé) ».



Faible mobilisation

Selon de nombreux observateurs, les réunions départementales n’ont pas mobilisé à cause de plusieurs facteurs. La marginalisation des cadres de la région, ceux de la vallée notamment a crée un sentiment de frustration chez ces derniers qui s’étaient déployés corps et âmes pour faire triompher le « candidat du changement constructif ». A cela s’ajoute, l’ancrage des populations dans l’UDP, l’autre formation politique qui est certes dans la majorité mais qui n’entend pas se faire "gazrer" par l’UPR surtout dans les départements de Mbagne et de Bababé où elle est fortement représentée. Enfin, les populations en majorité déshéritées semblent être las des discours démagogiques de leurs acteurs politiques locaux. A titre d’exemple, on reproche aux opérateurs politiques du département de Boghé, leur manque de visibilité, leur absence sur la scène en dehors des consultations électorales et leur indifférence face aux problèmes communautaires locaux. « Les élections ne nourrissent pas le peuple ! », s’exclame un citoyen lambda visiblement très choqué par le comportement de « ces pêcheurs de voix qui ne soucient guère du bien-être des populations qu’ils sont censés représenter ».



Réveil des vieux démons

La tâche ne semble guère facile pour le président de la commission départementale de Boghé, M. Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine car les vieilles rivalités qui minaient le microcosme politique local risque de se rééditer. Déjà, l’ex-ministre Wagne Abdoulaye Idrissa est sur les lieux pour tenter de racoler les morceaux. Epaulé par le sénateur du département, M. Bâ El Haj ainsi que de MM. Niang Idrissa et Abdi Vall, l’ex-ministre a tenu dimanche soir une réunion à Thialgou, son village appelant les uns et les autres « à dépasser les clivages pour faire réussir la campagne d’adhésions. Ironie du sort, la veille, les cadres et notables de Boghé Dow s’étaient rassemblés au domicile du chef de village, M. Amadou Oumar Dia où ils devaient accorder leurs violons. Ils n’ont pas raté l’occasion pour faire un diagnostic sans complaisances du vide politique qui prévaut depuis l’élection du 18 juillet. Pour beaucoup, « la sensibilisation a fait défaut et la campagne d’adhésion est partie pour échouer à Boghé Dow ». Rompant avec la langue de bois habituelle et le style laudatif, certains ont estimé que « les engagements formulés durant la campagne électorale n’ont pas été tenus » donnant pour exemple le chômage des exploitants du CPB et des exploitants maraîchers. « Le gouvernement n’a pris aucune mesure concrète pour résoudre le problème de l’insécurité alimentaire qui frappe des centaines de familles qui vivent des produits de la terre », explique une actrice dynamique du mouvement associatif féminin. A cela s’ajoutent les conflits récurrents qui opposent agriculteurs et éleveurs, les abus des administrations locales et le sous-emploi.



Réunion houleuse

La réunion de Boghé fut perturbée par un groupe de jeunes qui, bien qu’ayant opté pour le candidat Abdel Aziz lors du dernier scrutin présidentiel, ont tenu à exprimer leur mécontentement face aux multiples promesses non tenues aussi bien par ce dernier que par leurs "mentors" locaux. C’est ainsi que les organisateurs de la rencontre ont essuyé les tirs nourris de ces jeunes qui voulaient coûte que coûte faire entendre leurs voix et exprimer leur ras-le-bol. « Nous avons assez de vos promesses », « Nous ne nous laisserons plus faire ! » entonnaient-ils. En toute réponse, le sénateur El Hadj Abdoul Bâ accuse l’opposition « d’être derrière cette agitation ». A cette fronde viendra s’ajouter celle de certains intervenants qui n’ont pas caché leur déception huit mois après l’investiture du « président des pauvres ». Pour Dia Mamadou Amadou dit Paul, « la direction du parti devait nous envoyer des gens qui connaissent notre milieu ainsi que ses préoccupations et le gouvernement doit prêter une oreille attentive aux problèmes auxquels les populations sont confrontés au quotidien ». D’autres intervenants tels que Inalla O. Ifkerine ont mis l’accent sur le manque de sensibilisation qui a caractérisé la pré-campagne de réimplantation. Les applaudissements nourris des jeunes frondeurs pendant ces deux interventions ont donné des sueurs froides au coordinateur et à son staff. La réunion se poursuivra dans une atmosphère de désordre qui a mis au chaos tous les efforts déployés.



Ont répondu à l’appel

Malgré un mécontentement qui n’apparaît en filigrane, les barons de la vallée ont fait le déplacement et se sont affichés en premières loges pour montrer leur allégeance au Président Aziz incarné par l’UPR. Diop Mamadou Amadou, Bâ Bocar Soulé et Toullaye Sall (mouqata’a de Mbagne), Ndiaye Chouaïbou, Dieng Mamadou Abdoulaye, Brahim Khalil O. Hmeyyada, Fall Mika, Yongane Alassane (mouqata’a de Bababé), Wagne Abdoulaye Idrissa, Niang Idrissa, Sarr Alioune, Al Qassoum Macina, Ndiaye Daouda, Dia Hamady Hassimiou, Abdi Vall O. Abdel Kader, Brahim O. Brahimatt, Samba Ngaïdé, Ngaïdé Abderrahmane, Inalla O. Ifekrine, Sy Hamidou entre autres pour la mouqata’a de Boghé, ont tenu à faire le déplacement pour renouveler « leur adhésion sincère au programme électoral porteur d’espoirs en cours d’exécution sous la direction du Président Mohamed O. Abdel Aziz ».



Durant un mois, une rude bataille va opposer les barons locaux, comme au temps d’un certain PRDS aujourd’hui décédé, pour la formation des unités de base (40 adhérents au minimum, 80 au maximum), prélude à l’élection des sous-sections et des sections départementales. Cette fois, les responsables de l’opération ont promis de prendre en compte uniquement les adhérents âgés de 18 ans et plus qui se présenteront physiquement devant eux munis de leurs pièces d’identité. « Le Président a promis que le parti sera dirigé à partir de sa base ! C’est donc une occasion d’or pour choisir les hommes et les femmes capables de relever les défis », explique M. Ahmeddou Kane, responsable de l’implantation dans la commune d’El Vora dans la mouqata’a de Bababé. Wait and see !



Dia Abdoulaye

Cp. Brakna

Source: La Griffe au quotitien

Mercredi 14 Avril 2010
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