Selon des militants, les choix politiques en Mauritanie sont encore parfois déterminés par des inclinaisons tribales, freinant les jeunes dans certains plans de carrière.
C'est une longue tradition de la scène politique et sociale en Mauritanie, mais les jeunes générations dénoncent aujourd'hui une culture tribale fortement enracinée dans le pays. Pour de nombreux jeunes, il est impossible d'atteindre certaines responsabilités politiques ou d'obtenir un emploi sans un soutien tribal.
"Nous, les jeunes, souhaitons un changement radical dans le pays", a déclaré Rabi Ould Idoumou, du mouvement de la Jeunesse du 25 février. "Nous combattons les schémas traditionnels qui portent atteinte à l'unité nationale, parce qu'ils sont fondés sur un système de dépendance et de noblesse, et sur la catégorisation des tribus - entre honorables et méprisables."
Bien que la Mauritanie se soit lancée sur la voie des réformes démocratiques dans les années 1990, le système tribal domine encore la vie publique et privée dans le pays. Ces derniers mois, le mouvement du 25 février a organisé des rassemblements pour demander la fin de ce système.
Ould Idoumou regrette que les régimes "s'appuient encore sur les chefs des tribus pour adopter des politiques qui font moins pour répondre aux besoins du peuple que pour nourrir les intérêts d'un petit groupe".
"De même, nous luttons contre l'emploi et les élections sur la base d'affiliations tribales", a-t-il ajouté. "Nous voulons enseigner aux jeunes à comprendre que l'affiliation tribale n'est pas une mauvaise chose si elle repose sur des motifs spirituels et émotionnels, mais qu'elle constitue un véritable désastre si elle a une incidence sur la perception de l'Etat, dès lors qu'une personne est avec ou contre une autre parce qu'elle appartient à une certaine tribu."
Selon Ould Idoumou, l'impact de la mentalité tribale va bien au-delà de la société civile. Elle affecte également "l'armée, la constitution et le pouvoir judiciaire".
"Un juge sera favorable aux membres de sa tribu", explique-t-il. "Un officier supérieur choisira les soldats qui n'appartiennent pas à sa tribu pour leur confier des missions dangereuses et les envoyer aux postes frontières et dans les régions à risque." "Les normes sont perturbées par le système tribal", ajoute-t-il.
Les membres du mouvement ont remis des centaines d'exemplaires du drapeau national aux manifestants. "La première étape dans l'abrogation du système tribal consiste à favoriser une culture du drapeau et à promouvoir son respect", ajoute-t-il.
Le sociologue Ahmed Ould Mohamed Lemine explique que le concept de l'Etat, transmis par la puissance coloniale à certaines tribus, reste mystérieux dans l'esprit des citoyens mauritaniens. Les tribus ont quant à elles toujours été très présentes dans la vie des gens.
"Le système de caste tribale a toujours été et restera toujours une soupape de sécurité pour le peuple en Mauritanie, où nombre de problèmes importants se règlent au niveau social, sans en référer à l'Etat", indique le responsable politique Khalifa Ould Moustaf.
"De nombreux patients sont soignés gratuitement, et les coûts sont couverts par la tribu, sans que cela n'ajoute une quelconque charge au budget de l'Etat", ajoute-t-il. "Dans l'ensemble, nous pouvons dire que dans ce pays, les tribus sont au service des individus, et non une charge qui pèse sur l'Etat."
Les tribus organisent des réunions régulières pour collecter des dons sur des fonds spéciaux destinés à aider les personnes dans le besoin et les chômeurs. Mais pour les jeunes, leur profonde influence sur la vie politique devient une source de frustration.
Un gouvernement mis en place dans le pays doit prendre en compte la carte tribale, pour préserver l'équilibre entre l'Est, le Nord et le Sud du pays. Les candidats aux élections doivent rencontrer les leaders des tribus pour assurer leurs chances de succès.
"La démocratie est une belle plante qui ne peut pousser sur un terrain irrigué par les eaux tribales ou sectaires", ajoute Lemine. "Il est temps de reconsidérer les systèmes et les méthodes qui ont régi le pays depuis son indépendance", conclut l'universitaire Mohamed Ould Dah.
Par Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud
C'est une longue tradition de la scène politique et sociale en Mauritanie, mais les jeunes générations dénoncent aujourd'hui une culture tribale fortement enracinée dans le pays. Pour de nombreux jeunes, il est impossible d'atteindre certaines responsabilités politiques ou d'obtenir un emploi sans un soutien tribal.
"Nous, les jeunes, souhaitons un changement radical dans le pays", a déclaré Rabi Ould Idoumou, du mouvement de la Jeunesse du 25 février. "Nous combattons les schémas traditionnels qui portent atteinte à l'unité nationale, parce qu'ils sont fondés sur un système de dépendance et de noblesse, et sur la catégorisation des tribus - entre honorables et méprisables."
Bien que la Mauritanie se soit lancée sur la voie des réformes démocratiques dans les années 1990, le système tribal domine encore la vie publique et privée dans le pays. Ces derniers mois, le mouvement du 25 février a organisé des rassemblements pour demander la fin de ce système.
Ould Idoumou regrette que les régimes "s'appuient encore sur les chefs des tribus pour adopter des politiques qui font moins pour répondre aux besoins du peuple que pour nourrir les intérêts d'un petit groupe".
"De même, nous luttons contre l'emploi et les élections sur la base d'affiliations tribales", a-t-il ajouté. "Nous voulons enseigner aux jeunes à comprendre que l'affiliation tribale n'est pas une mauvaise chose si elle repose sur des motifs spirituels et émotionnels, mais qu'elle constitue un véritable désastre si elle a une incidence sur la perception de l'Etat, dès lors qu'une personne est avec ou contre une autre parce qu'elle appartient à une certaine tribu."
Selon Ould Idoumou, l'impact de la mentalité tribale va bien au-delà de la société civile. Elle affecte également "l'armée, la constitution et le pouvoir judiciaire".
"Un juge sera favorable aux membres de sa tribu", explique-t-il. "Un officier supérieur choisira les soldats qui n'appartiennent pas à sa tribu pour leur confier des missions dangereuses et les envoyer aux postes frontières et dans les régions à risque." "Les normes sont perturbées par le système tribal", ajoute-t-il.
Les membres du mouvement ont remis des centaines d'exemplaires du drapeau national aux manifestants. "La première étape dans l'abrogation du système tribal consiste à favoriser une culture du drapeau et à promouvoir son respect", ajoute-t-il.
Le sociologue Ahmed Ould Mohamed Lemine explique que le concept de l'Etat, transmis par la puissance coloniale à certaines tribus, reste mystérieux dans l'esprit des citoyens mauritaniens. Les tribus ont quant à elles toujours été très présentes dans la vie des gens.
"Le système de caste tribale a toujours été et restera toujours une soupape de sécurité pour le peuple en Mauritanie, où nombre de problèmes importants se règlent au niveau social, sans en référer à l'Etat", indique le responsable politique Khalifa Ould Moustaf.
"De nombreux patients sont soignés gratuitement, et les coûts sont couverts par la tribu, sans que cela n'ajoute une quelconque charge au budget de l'Etat", ajoute-t-il. "Dans l'ensemble, nous pouvons dire que dans ce pays, les tribus sont au service des individus, et non une charge qui pèse sur l'Etat."
Les tribus organisent des réunions régulières pour collecter des dons sur des fonds spéciaux destinés à aider les personnes dans le besoin et les chômeurs. Mais pour les jeunes, leur profonde influence sur la vie politique devient une source de frustration.
Un gouvernement mis en place dans le pays doit prendre en compte la carte tribale, pour préserver l'équilibre entre l'Est, le Nord et le Sud du pays. Les candidats aux élections doivent rencontrer les leaders des tribus pour assurer leurs chances de succès.
"La démocratie est une belle plante qui ne peut pousser sur un terrain irrigué par les eaux tribales ou sectaires", ajoute Lemine. "Il est temps de reconsidérer les systèmes et les méthodes qui ont régi le pays depuis son indépendance", conclut l'universitaire Mohamed Ould Dah.
Par Mohamed Yahya Ould Abdel Wedoud
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