Ibrahima Sarr survira-t-il dans le fleuve de la majorité ?



Ibrahima Sarr survira-t-il dans le fleuve de la majorité ?
L’arrivée de l’AJD/MR dans le giron de la majorité présidentielle interpelle à plus d’un titre. Si l’on se borne à l’analyse externe de l’événement, force est de dire, sans ambages, que Ibrahima Sarr a rejoint le pôle le plus fort, seul capable à ses yeux de résoudre le problème du passif humanitaire et, partant, de trouver des réponses à la question de la cohabitation nationale. Du point de vue interne au parti et selon les échos qui nous parviennent, la décision fut longue à expliquer au bureau politique. Au final, tous se sont ralliés à leur leader non sans réserves. Il va de soi que l’AJD/MR qui est un parti progressiste de gauche a choisi une majorité présidentielle dominée par l’UPR (plutôt de droite) pour une alliance nationale.

Cette décision conforte le poids du camp présidentiel dans les quartiers populaires de Nouakchott (5e et 6e arrondissement) où le candidat Ibrahima Sarr avait réalisé des scores élevés en 2007 et dans la vallée où, à l’heure où s’écrivent ces lignes, des problèmes fonciers opposent les paysans à une certaine oligarchie qui se cache derrière le sceau de l’Etat.

Du reste, l’histoire donne raison à l’ADJ/MR qui, au plus fort de la crise d’avant les accords de Dakar, s’était gardée de rejoindre une Coordination de l’opposition morte aujourd’hui de sa belle mort. Celle-ci est en profonde divergence suite à l’évolution de la position du RFD, qui se place désormais dans une sorte de no man land séparant l’opposition et le pouvoir. L’UFP qui reste dans une position inédite d’opposition pure, pourra-t-elle jouer le vrai rôle de contre-pouvoir à côté de l’alliance APP qui souffre d’une extinction de la voix ?

Ceux qui connaissent l’histoire de ce parti diront que l’UFP n’a pas pour vocation d’être un parti d’opposition. Ce parti des cadres a participé à tous les pouvoirs depuis sa formation dans les années 60. C’est un parti de gauche qui a composé sans états d’âmes avec le régime de Ould Taya. Depuis deux ans, l’UFP tente de survivre dans une configuration qui lui est étrangère. L’entrée de Ibrahima Sarr dans la majorité doit avoir comme conséquence l’affaiblissement de l’UFP dans la vallée. Les prochaines municipales et législatives marqueront sans doute une redistribution des cartes douloureuses. Ibrahima Sarr y négociera sa survie politique qui dépendra, à bien des égards, au score engrangé sur le terrain. Dans un camp de la majorité hypertrophié avec un nombre sans précédents de partis et d’anciens barons en quête de repositionnement, la bataille de la légitimité se jouera sur le terrain et non dans les salons. L’AJD/MR devra retourner dans les grands bastions électoraux de Nouadhibou, Zouératt, Nouakchott, Kaédi, Guidimakha, Boghé, etc, pour tenter de faire le maximum d’électeurs. Reste à savoir comment se fera le partage des rôles avec l’UPR.

M.S


Mardi 28 Décembre 2010
Boolumbal Boolumbal
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