Guinée-Conakry : L’Union africaine lance un ultimatum à Dadis Camara.



Guinée-Conakry : L’Union africaine lance un ultimatum à Dadis Camara.
Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a décidé d’imposer des sanctions ciblées contre le chef de la junte militaire guinéenne et ses proches collaborateurs. Il somme le Capitaine Moussa Dadis Camara à s’engager par écrit, d’ici un mois, à ne pas se présenter à l’élection présidentielle du 31 janvier prochain.

L’homme fort de Conakry pourrait, en cas de refus, se faire imposer des sanctions dont l’interdiction de voyager et le gel des avoirs à l’étranger. L’étau se resserre autour du Capitaine Moussa Dadis Camara et des autres membres de la junte militaire guinéenne.

Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (Cps) a décidé d’imposer des sanctions contre l’homme fort de Conakry. La décision a été prise à l’issue d’une réunion de cette institution continentale, tenue vendredi dernier à Addis-Abeba en Ethiopie.



Cette mesure, qui n’est pas en soit une surprise, fait suite à l’annonce par le président autoproclamé de la Guinée de son intention de briguer la magistrature suprême de son pays. Le Cps somme Dadis Camara d’y renoncer, par écrit, dans un délai d’un mois, sous peine de sanctions, selon l’Afp citant un communiqué de l’Ua.

‘Le Conseil de paix et de sécurité condamne fermement toute remise en cause, par le Capitaine Moussa Dadis Camara, président du Conseil national pour la démocratie et le développement (Cndd), de l’engagement qu’il a pris à ne pas se présenter à l’élection présidentielle de l’an prochain’, prévient le Cps. Cette mesure est également valable pour le Premier ministre et les autres membres du Cndd qui doivent tous renoncer à leurs ambitions politiques dans l’intérêt de leur pays.

Les sanctions devraient en principe entrer en vigueur dans un délai d’un mois, à partir de l’adoption de cette décision, précise la même source. Le Cps prévoit entre autres des sanctions ciblées contre les membres de la junte militaire dont le gel des avoirs placés à l’étranger et l’interdiction de voyager. Le président de la Commission de l’Ua, Jean Ping, avait donné le ton dès jeudi dernier. Il avait promis d’accentuer la pression sur la junte pour inciter le président du Cndd à renoncer à se présenter à la prochaine présidentielle.

La France, les Etats-unis et les membres du Groupe de contact international sur la Guinée (Gci-G), ont une position à peu près identique à celle du Conseil de paix et de sécurité de l’Ua. Ils prônent tous la même fermeté à l’égard de la junte militaire guinéenne à l’exception du Sénégal. Cette position unanime de la communauté internationale prend ainsi le contre-pied de l’attitude conciliatrice adoptée par le président Wade à l’égard du Cndd.

Le chef de l’Etat sénégalais apparaît ainsi comme l’unique soutien sur lequel Dadis Camara peut encore compter en Afrique. Me Wade, qui l’appelle son ‘fils spirituel’, a promis récemment de plaider sa cause auprès des chefs d’Etat de la Cedeao et de l’Ua. Cette déclaration est aujourd’hui perçue par bon nombre d’observateurs comme un soutien diplomatique du Sénégal au chef de la junte militaire guinéenne. Le président Wade qui justifie sa position par le souci, dit-on, d’’aider la Guinée à préserver la paix’, parviendra-t-il à convaincre ses homologues de la Cedeao et de l’Ua de la pertinence de cette démarche.

Rien n’est moins sûr. De plus, la Guinée qui, malgré ses énormes potentialités minières, est considérée comme l’un des pays les plus pauvres de la planète. Ainsi, elle ne peut se passer de l’aide de la communauté internationale. La Guinée a besoin d’une aide financière massive et des investissements conséquents pour assurer son décollage économique.

C’est dire que l’entêtement du président guinéen à défier la communauté internationale pourrait, à long terme, se retourner contre la Guinée, déjà au bord du gouffre. Les sanctions du Cps, si jamais elles sont adoptées, pourraient, par ailleurs, être perçues comme un véritable camouflet diplomatique pour le président Wade. Car la Guinée n’est pas forcément la Mauritanie.

Pour faire fléchir la position du chef de la junte millitaire: L’opposition lance une campagne de sensibilisation le 28 septembre.

Les forces vives, qui regroupent les syndicats et les partis politiques d’opposition, se sont réjouies de cette décision du Conseil de paix et de sécurité (Cps) de l’Union africaine. Elles estiment que les sanctions sont le seul moyen de faire fléchir la position du chef de la junte militaire. ‘Nous allons entreprendre à partir du 28 septembre prochain une campagne de sensibilisation des populations du bien fondé de notre lutte pour empêcher à Dadis Camara de se présenter à l’élection présidentielle de 2010’, a déclaré un responsable de l’opposition.

Il convient, toutefois, de reconnaître que les sanctions prévues par le Cps contre la junte militaire, risquent de n’avoir qu’une portée limitée sur le président du Cndd et ses compagnons d’armes. La Guinée est un pays quasi fermé qui se ‘moque’ de l’opinion internationale. Les différents régimes, qui s’y sont succédé depuis l’indépendance en 1958, ont vécu, pour la plupart du temps, repliés sur eux-mêmes. Et les Guinéens ont longtemps souffert de cette situation qui les obligeait de vivre presque complètement, coupés du reste du monde. De tout temps, les dirigeants guinéens ont fait peu cas de l’opinion nationale et internationale. Ils ont d’ailleurs une allergie maladive à recevoir des leçons de l’étranger.

L’entêtement du Capitaine Moussa Dadis Camara à rester coûte que coûte au pouvoir en dépit de l’opposition de la communauté internationale risque ainsi d’accentuer la crise économique et sociale que traverse ce pays depuis plus d’un demi-siècle. Il est, cependant, peu probable que les militaires soient véritablement conscients de tout le tort qu’ils pourraient causer à leur peuple et à leur pays en persistant dans cette logique de confrontation.

L’on note que la Guinée est suspendue, depuis le putsch militaire du 23 décembre dernier, de toutes les organisations régionales, continentales et internationales. C’est le cas notamment de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, de l’Union africaine et de l’Organisation internationale de la francophonie (Oif). Elle est aussi placée sous surveillance, pour une durée de deux ans, par l’Union européenne, son principal partenaire au développement.


source : cridem

Mercredi 23 Septembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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