GOUVERNEMENT Partira, partira pas



GOUVERNEMENT Partira, partira pas
La boutade " On ne change pas une équipe qui perd " est en train de donner son sens au maintien d'un gouvernement qui présente mille et un défauts dont le moindre n'est sans doute pas celui d'être inodore et incolore.

L'actuelle équipe du Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf rappelle étrangement cette sentence de Chateaubriand dans les Mémoires d'outre-tombe : " tout événement, si misérable ou odieux qu'il soit en lui-même, lorsque les circonstances en sont sérieuses et qu'il fait époque, ne doit pas être traité avec légèreté : ce qu'il fallait voir dans la prise de la Bastille (et ce que l'on ne vit pas alors), c'était non l'acte violent de l'émancipation d'un peuple, mais l'émancipation même. La colère brutale faisait des ruines, et sous cette colère était cachée l'intelligence qui jetait parmi ces ruines les fondements du nouvel édifice ". Bâtir l'édifice la "Mauritanie Nouvelle", dont le fondement doit être cette première année d'exercice plein du pouvoir démocratique, ne peut se faire qu'avec du sang neuf. Le président de la République qui procède jusqu'à présent par petites retouches, notamment au niveau de l'administration, à coups de limogeages, ne peut tolérer longtemps la fainéantise aujourd'hui reconnue d'un gouvernement dont le seul fait d'armes est d'avoir survécu plus longtemps qu'on ne le pensait ! Ni accélération des réformes, ni plan de rigueur ne sont à mettre au compte d'un gouvernement dont la présence n'est sentie - ressentie - qu'à travers celle du Président lors des injonctions processuelles du Conseil des ministres. L'intervention du Chef de l'Etat dans divers secteurs de l'activité du Gouvernement, son exposition aux critiques de l'opposition et même aux appréhensions naissantes à l'extérieur sur la capacité de la Mauritanie à faire face à la menace terroriste démontrent, largement, le déficit de crédibilité et d'efficacité d'une équipe gouvernementale ayant très tôt perdue le souffle nécessaire à la Longue Marche qui s'annonce.

Le président Mohamed Ould Abdel Aziz qui a choisi, au lendemain de la victoire de juillet 2009, de renouveler sa confiance au Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf et à certains ministres de la période de Rectification devrait, pense-t-on dans des milieux très proches du pouvoir, procéder à un remaniement ministériel. Le chef de l'État, qui avait à gérer le délicat problème de l'affaire dite de la BCM, a sans doute fixé la feuille de route du gouvernement lors du premier Conseil des ministres de l'année 2010. D'aucuns considèrent que la DPG du Gouvernement n'est pas faite pour l'actuelle équipe conduite par Moulay Ould Mohamed Laghdaf, dont certains membres n'ont pas les épaules trop larges pour supporter le poids d'un tel engagement. Il faut certes balayer les réserves de personnalités de l'opposition sur la politique conduite par Ould Mohamed Laghdaf depuis août 2008. À commencer par celles de la Coalition des Partis de l'Opposition Démocratique (CPOD) et du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), fustigeant le manque d'efficacité de la stratégie de lutte contre le terrorisme, la " dérive " autoritaire du nouveau pouvoir et les problèmes économiques récurrents, mais cela ne signifie nullement que l'option de chamboulement du gouvernement n'est pas sérieusement envisagée par le président de la République.

Ainsi, sans en avoir l'air, les jours du gouvernement de Moulay Ould Mohamed Laghdaf seraient comptés ! Une affaire de jours pas de semaines, pensent certains observateurs qui jugent que l'actuel PM a déjà bénéficié d'une première grâce quand il a été reconduit à la tête de l'équipe gouvernementale post-électorale. Quelques rares ministres pourraient alors sauver leurs fauteuils parce que certaines circonstances ont joué en leur faveur. L'on pense notamment au ministre des Finances, qui aura à gérer une réforme financière nécessitant la présence à ce poste d'un fin connaisseur, et à son collègue de l'Intérieur, ancien wali à poigne qui connaît tous les rouages de l'administration territoriale. D'autres maintiens pourraient relever d'accommodements politiques nécessaires à la cohésion de la Majorité mais aussi à sa diversité. C'est le cas de la ministre des Affaires étrangères qui pourrait se voir rejointe par de nouveaux ministres issus du PRDR, de Hatem et de Tawassoul, des partis qui ne peuvent souffrir plus longtemps d'attendre dans l'antichambre du pouvoir.

Le soutien de ces partis à la politique du pouvoir a été essentiel pour le passage au parlement de tous les textes de loi présentés le gouvernement. Même si élus de la majorité et de l'opposition ont, dans l'ensemble, voulu signifier au gouvernement une attente supplémentaire de réformes. La plus mauvaise réponse à cette attente serait de ralentir le changement du gouvernement ou de le différer.

L'opposition échaudée par la décision de Ould Abdel Aziz de maintenir le gouvernement en place pourrait ainsi bénéficier d'un élan de solidarité populaire, les citoyens trouvant bizarre, voire stupéfiante, la confiance accordée à des ministres sans rendements. Du côté des partis de la majorité non représentés actuellement au sein du gouvernement, on parle de plus en plus d'une "UPRisation " renforcée, faisant notamment allusion à la cooptation presque exclusive des élus de ce parti dans le bureau du Sénat. Ce sera une raison de plus de penser à l'influence du modèle sarkozien, considéré par le PCF comme archétypique d'une " ultra-droite ".

On peut donc penser que, si dans les prochains jours, le président ne se décide pas à faire changer de cap à sa politique par le changement partiel ou total de son gouvernement, rien n'empêchera les Mauritaniens à se demander à quoi s'occupe le Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf ! A plancher toujours et toujours sur la DPG (Déclaration de Politique Générale) qu'il a soumis récemment au Parlement ? À recevoir les visiteurs officiels qui débarquent chaque jour dans notre pays ? Ou à ruminer les raisons - objectives - qui l'ont empêché jusque-là d'être le second terme d'un deuxième Exécutif qui fonctionne, à plein temps, sans que tout soit ramené à la Présidence de la République !


Source: L'au'thentique

Mardi 12 Janvier 2010
Boolumbal Boolumbal
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