Flambée des prix : Une menace sérieuse pour le pouvoir



Flambée des prix : Une menace sérieuse pour le pouvoir
Le danger qui menace le gouvernement de Moulay Ould Mohamed Laghdaf n’est pas cette opposition qui tire à boulets rouges sur le pouvoir, ni même la grève des travailleurs affiliés à certaines centrales syndicales qui promettent de mettre plus de pression sur leur employeur, mais bien cette flambée vertigineuse des prix contre laquelle les autorités donnent l’impression d’être désarmées.

L’augmentation des prix des denrées de première nécessité fait certes partie d’un tout, c’est-à-dire d’une situation économique en Mauritanie qui n’est vraiment pas rose, malgré le début de reprise de la coopération avec plusieurs institutions multilatérales, le retour dans les bonnes grâces de l’Union européenne et l’aide précieuse de la Chine, du Japon et de l’Iran.
Et bien que le ministère du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, reprenne toujours le même refrain, évoquant à chaque occasion « la distribution de vivres aux faibles et aux nécessiteux », coopérant de manière régulière avec l’association pour la protection des consommateurs, les populations ont l’impression d’être toujours aux pires moments de la crise économique qui a vu le prix du baril de pétrole grimper jusqu’à 147 dollars US ! Aujourd’hui que les prix mondiaux ont repris leur cours normal, seul un fait explique la situation effarante des produits alimentaires en Mauritanie : les commerçants qui ont soutenu les candidats à l’élection présidentielle de juillet 2009 veulent récupérer la mise. A n’importe quel prix.
C’est pourquoi chaque jour qui passe accentue le malaise social avec l’accumulation de problèmes de tous genres. Pas de dialogue politique en vue entre le pouvoir et l’opposition, pas grand-chose à attendre d’une lutte contre la gabegie qui commence à perdre, si ce n’est déjà fait, son élan des premiers jours, mais surtout, aucune solution en vue pour juguler une flambée des prix qui étouffe des populations qui sentent – ressentent – les effets d’une politique d’austérité dont les victimes se comptent essentiellement dans les rangs de couches défavorisées. Le riz, le blé, le sucre, voila le trio infernal qui empêche les pères de famille de dormir. Trois sacs de ces denrées essentielles constituant la ration alimentaire sur un mois, « mangent » facilement le tiers d’un salaire moyen (30.000 UM). Le reste doit s’improviser. Si les nantis n’ont pas de soucis à ce faire, pour le moment, les pauvres doivent revoir tout à la baisse. Peuvent-ils continuer à consommer les mêmes quantités de poisson et de viande ? Ont-ils la possibilité d’agrémenter (oui, il ne s’agit pas d’un complément nutritif) leur repas de ces fruits dont regorgent pourtant les marchés de Nouakchott ?
Et ici, l’on ne parle que de la situation dans les villes ! Dieu seul sait comment vivent les citoyens dans cette « Mauritanie profonde » où, si l’on en croit les missions de l’opposition, la famine est sur les portes.
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment feront ceux qui, à partir de juillet 2009, risquent de devenir des sans-abris ? Avec une indemnité de non logement de 20.000 UM, c’est à peine si vous pouvez louer un deux-pièces. Ceux qui auront moins doivent tout simplement se contenter de baraques ou de tentes, ce qui serait une incitation à la naissance de nouvelles « gazras » ! C’est comme qui dira à ceux qui étaient logés jusqu’à présent par l’Etat et qui, reconnaissons-le, sont minoritaires : aux soucis de la bouffe, ajoutez maintenant ceux du loyer et du transport. Un cocktail explosif qui peut tout emporter sur son passage si le pouvoir ne prend pas conscience du danger qui menace la stabilité sociale.

Source: Renovateur

Mardi 1 Juin 2010
Boolumbal Boolumbal
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