Feu TandiaYoussoufi : LE PATRIOTISME AU SERVICE DE L’IDÉAL DE JUSTICE:



En dépit des opportunités alléchantes, qui s’offrirent très tôt à toi, pour suivre l’itinéraire d’une belle carrière prometteuse (entamée un peu avant les indépendances ) avec la fonction de chef de service dans le système judiciaire sénégalais,

à côté de tes éminents doyens et pas moins camarades, nommément Maître Boubacar Gueye, le juge Keba Mbaye, le juge Louis Pereira Carvalho, pour ne citer que ceux-là, auprès desquels, tu jouissais d’une estime bien appréciable(n’ayant jamais dérogé), tu te décidas contre toute attente et contre vents et marrées(termes que tu aimais citer ), de rentrer en 1961 au pays (la Mauritanie terre de tes ancêtres),

imbu de la seule et unique vocation de participer à l’œuvre de la construction nationale, afin d’apporter ta pierre à l’édifice, d’une entité en phase embryonnaire, qui en avait tant besoin.

Par là, ton judicieux choix de regagner ton pays d’origine (bien qu’étant natif de Tombouctou, ta scolarité et ton secondaire passés à Gao, ta formation de greffier en chef effectué à Dakar, n’était motivé que par ton sens échelonné d’un patriotisme bétonné, solidement posé sur des piédestaux incassables et orfévré, par une éducation qui puisait sa sève nourricière, dans le fin fond des valeurs transmises par ton illustre père (interprète de notoriété dans l’AOF, jouissant d’une très large Aura dans le nord de l’actuel Mali et non moins bien apprécié par l’administration d’alors malgré sa solidarité affichée pour Cheikh Hamahoullah poursuivi par celle-ci), dont l’attachement indéfectible à sa terre natale, n’avait jamais failli (en attestent ses nombreux séjours à Kaédi parmi les siens à l’occasion de ses congés annuels), bien qu’il eusse séjourné environ une cinquantaine d’années dans l’aire géographique sahélienne (Niger, Soudan Français, Sénégal).

HONORABLE JUGE ASSIS:

Honorable juge majestueusement assis au sommet
Couvert souverainement de sa toge assermentée
Dans ce somptueux vaste palais de la justice distinguée
En pleine séance à craquer pour le triomphe de la vérité.

Juge de premier grade, de premier échelon, de haut rang
Investi distinctement de ses lourdes responsabilités
Pour présider au summum de la compétence, de l’autorité
Ces bouillantes longues audiences programmées

Oreille attentive aux démentis de ces accusés interpellés
Confrontés aux contradictions de ces victimes alignées
Analyste équitable du réquisitoire de ce procureur du parquet
Face l’éloquente plaidoirie persuasive de cet avocat engagé

Phare scintillant posé sur ces moyens de preuves apportées
Jalon des peines appropriées applicables aux actes qualifiés
Cerveau pointilleux de ces convaincants arrêts rendus
Argumentateur chevronné de ces jugements entendus.

Polymathe habile du droit dans sa pluridimensionnalité
Incontestable Maître expérimenté de ces textes conformés
Dévoué au respect strict de la loi dans toute son intégrité
En y mettant le prix de ton courage, de ton désintérêt.

Adepte déclaré de l’indépendance d’une magistrature hissée
Distinguée, point pliée au dictat d’un exécutif trop interférant
Digne, inflexible aux tentatives des liasses corrompant
Imperturbable aux multiformes pressions d’intervenants.

Incorruptible juge animé du culte invulnérable de la probité
Chevalier d’une vraie justice au service de tous les citoyens
Rendue par l’inviolable principe irréfragable de l’impartialité
Tel brandi par le libellé psalmodié de ton serment sacré.

Procédurier hors pair de ces chambres réunifiées
Projecteur talentueux de la jurisprudence adaptée
Éduqué dans le sens élevé des valeurs de la moralité
Avec l’exigence d’une éthique professionnelle sacralisée.

Conciliateur typé pour rapprocher ces différends nés
Logée en ta main soulevée cette chandelle éclairée de la paix
En toi éclose cette rassurante tige Arc-en-ciel de la fraternité
D’où s’érigent tes solides liens dans toutes les communautés.

Ô praticien émérite des cours, des tribunaux de la cité!
A l’instant fusent de mon cœur profondément épris
Ces aveux estampés de mon éternelle reconnaissance
déclinée.

Khalillou Youssoufi Tandia

Imprégné de ce patriotisme inlassablement fortifié , jamais écorné, point ébranlé, nullement mis en berne et au final fixe et inflexiblement debout (malgré des défaveurs professionnelles injustifiées du fait d’une reforme abusive et inopportune de l’appareil judiciaire, sanctionnée par la suppression du rapport entre le grade et la fonction, mesure justificative qui permit de vider la magistrature du siège de ses plus brillants éléments, dont tu incarnais le symbole patenté ,pour ta compétence avérée, panachée à ta poigne ), tu t’es investi corps, âme, prestance et sueur en faveur du système judiciaire mauritanien, lequel t’est largement redevable où tu es passé (Tribunaux, Cour suprême, Ministère de la justice, Conseil constitutionnel), eu égard à ton apport inestimable, pour son essor et son pétillement.

Abondant d’ailleurs dans ce sillage, ton doyen, collègue et ami, le juge Keba s’adressant à toi ,dans l’une de vos correspondances, datant d’Avril 1985,tenait les propos qui suivent :”Je sais le rôle que vous jouez dans pays pour le triomphe du droit et des droits de l’Homme et l’écho qui lui est fait par le Gouvernement ,je tiens donc à vous féliciter et à vous prodiguer tous mes encouragements”.

En attendant un jour, que cette reconnaissance soit officialisée dans les annales de la justice, et solennellement matérialisée en acte, je te rends à travers ces mots ineffables, cet Hommage largement mérité, de ma modeste plume sincère.

Et soudainement, telle une réminiscence, voilà déambuler dans ma mémoire, sans que je ne m’y prêtasse, ni ne m’en contraignisse, ces souvenirs lointains de mon enfance, ces souvenirs de mon adolescence, ou simplement ces souvenirs de ma vie tout court, me rappelant ces autres chevaliers réputés du droit, qui chacun(en ce qui concerne son domaine), se distingua prodigieusement et avec brio au sein du barreau, ou au sein de la magistrature; je m’en vais citer à titre illustratif: feu Maître Mahamadou Seta Diagana (ton dévoué jeune cousin germain avec qui l’affection était forte et mutuellement partagée, en témoigne son fils qui porte ton prénom );feu Maître Ogo Kane Diallo (ton frère, ami, alter ego, avec qui tu aimais rire ) : feu Maître Raphael Heyneni (ton frère, ami, alter ego, en témoigne son fils qui porte ton prénom );le juge feu Mohamed Ould Gowad (ton promotionnaire, frère, ami ).

Et tant d’autres aussi prodigues, dont je ne saurais (avec regret) énumérer tous, les noms.

Ensemble, en pionniers éclairés et serviteurs intarissables de la bonne cause, vous-vous êtes engagés sans pause (jusqu’à la limite des moyens qui vous sont dévolus) pour le triomphe d’une vraie justice républicaine, articulée autour du respect scrupuleux des principes fondamentaux des droits des justiciables. Au finish, vous avez (sans risque de me tromper), gravé en lettres d’or, l’une (c’est un euphémisme) de plus belles pages de l’appareil judiciaire mauritanien.

Fier de vous, mes papas!

Auteur : Khalillou Youssoufi Tandia

Hommage mérité d’un fils à un grand magistrat : feu Tandia Youssoufi, Rappelé à son seigneur, le 28 janvier 1994. Paix à son âme en compagnie de tous nos défunts.


Source: https://initiativesnews.com

Mercredi 20 Février 2019
Boolumbal Boolumbal
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