Extradition de Seydou Nourou Tall L'avocat de l’accusé évoque le racisme en Mauritanie



Extradition de Seydou Nourou Tall L'avocat de l’accusé évoque le racisme en Mauritanie
Tout est bon chez une certaine classe pour arriver à ses fins, qu'ils soient politiques ou d'ordre purement pécuniaire. Ainsi, pour sauver son client, Seydou Nourou Tall, réclamé par la justice mauritanienne pour son implication dans l'attentat qui avait visé l'ambassade de France à Nouakchott par mandat d'arrêt international, Me Ousmane Sèye n'a pas manqué d'utiliser l'argument "du racisme derrière la lutte contre le terrorisme mauritanien ", ce qui permet, selon lui, "à ce pays d'éliminer des personnes".
Piètre moyen de défense d'un avocat qui, par paresse ou par incompétence professionnelle, préfère se servir gratuitement d'un certain lexique de bas étage, plutôt que de trouver arguments plus convaincants.

Seydou Nourou Tall, fils d'un riche homme d'affaires mauritanien et dont la maison est sise à Tevragh Zeina, n'aurait trouvé de mieux que de se réfugier au Sénégal lorsqu'il sentit l'haleine chaude de la justice de son pays sur son dos. Ce serait là en tout cas l'avis des enquêteurs mauritaniens qui ont tôt fait de l'impliquer dans l'attentat terroriste qui avait visé en août dernier l'ambassade de France en Mauritanie. D'où, le mandat d'arrêt international délivré à son encontre lorsque son absence du pays fut dûment constatée. Les autorités sénégalaises procédèrent à son arrestation en vue de répondre favorablement à son extradition. Mais l'avis de la Chambre d'accusation de Dakar se heurtera à l'avocat-conseil du prévenu, Ousmane Sèye, qui considère que son client n'est pas celui que la justice mauritanienne réclame. Cette dernière rechercherait selon lui un nommé Seydou Kane, né en 1979 en Mauritanie, alors que son client s'appelle Seydou Nourou Tall, né en 1980 au Sénégal, détenteur d'une carte d'identité et d'un passeport sénégalais. Mais une enquête plus approfondie permettra facilement de dire si l'homme actuellement détenu par la justice sénégalaise est celui que les autorités mauritaniennes recherchent ou pas. Cette affaire aura en tout cas le mérite de poser la nécessité pour les pays africains, en premier lieu le Sénégal et la Mauritanie, de trouver une forme de coordination et de coopération sur le plan de l'Etat-civil. En effet, la facilité avec laquelle les citoyens mauritaniens comme les citoyens sénégalais parviennent à s'accorder la double nationalité, en se forgeant de part et d'autre du Fleuve des identités différentes, est inquiétante à plus d'un titre, ne serait-ce que sur le plan sécuritaire. C'est le lieu aussi d'interpeller les responsables mauritaniens sur une certaine méconnaissance ou négligence des procédures, car l'omission constatée dans le mandat d'arrêt international lancé contre Seydou N.Tall sur sa filiation, a été sciemment utilisée par l'avocat pour blinder sa défense.

Mais par delà l'argumentaire juridique de l'avocat, notamment la différence d'identité entre l'homme recherché et son client, l'impossibilité d'extrader les sujets sénégalais et le remplissage supposé mal fait du mandat d'arrêt, c'est surtout le racisme dont il affuble un pays frère et voisin qui choque l'entendement et fait ressurgir le spectre hideux des mauvais souvenirs. En effet, dans la défense de son client, l'avocat a soutenu "qu'il y a du racisme derrière la lutte contre le terrorisme mauritanien, ce qui permet à ce pays d'éliminer des personnes, surtout les noirs ", allant jusqu'à soutenir que "si son client est extradé, sa vie serait en danger ". Sur quel antécédent se base-t-il pour assener de telles contre-vérités ? Les mêmes arguments ont été développés on se rappelle en 2003, suite à la demande d'extradition du lieutenant Didi ( !?) impliqué dans le putsch manqué conduit par Salah Hanena. Ce fut d'ailleurs le premier antécédent dans l'histoire des échanges judiciaires entre les deux pays.

L'affaire Seydou N.Tall, purement de droit, est en passe de prendre une ampleur nationale, car l'avocat n'a pas hésité à saisir le président Abdoulaye Wade. Ce qui signifie quelque part que même chez les professionnels du droit, l'indépendance de la Justice n'est qu'un précepte creux.



Source: l'autentique



Vendredi 2 Octobre 2009
Boolumbal Boolumbal
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