Épisode 1 : Abdou Maham, un philanthrope au service de l'humanité



Épisode 1 : Abdou Maham, un philanthrope au service de l'humanité
Abdou Maham est un citoyen mauritanien, né en 1942 à Atar. Un beau jour de la première année du troisième millénaire après Jésus-Christ, le gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) de l'époque le choisit, parmi tous les mauritaniens, pour virer sur son compte personnel la rondelette somme de 1.080.083.052 ouguiyas. Mieux que la chance, voici l'histoire d'un type qui a gagné à la loterie sans y avoir joué.

Selon Abdou Maham, le montant lui avait été octroyé par le gouverneur de la BCM Sid'El Moktar Ould Naji parce que ce dernier avait estimé la valeur de ses activité politiques, sociales et culturelles ; celle-ci méritaient donc subvention par le contribuable mauritanien.

Sans se poser de question sur la provenance de tel fonds, l’inestimable Abdou Maham confie, aux enquêteurs, que "les objectif ont été atteints" sans préciser lesquels ni qui les lui avait fixés.

Grand seigneur, Abdou Maham concède sa disposition à rembourser le montant principal, c'est à dire sans les intérêts, soit 470 millions d’ouguiyas et ce malgré ses "maigres moyens" (sic).

Il reconnait n'avoir ni détenir aucune pièce justifiant la dépense de la somme pour ses activités d’utilité publique" ; comme pour se justifier, il ne se croit pas le seul à avoir bénéficié des largesses de l'Etat ; la suite de notre feuilleton le prouvera, sur ce point au moins, il n'a pas tort.

Selon Abdou Maham, "d'autres" en ont bénéficié plus que lui, au travers, notamment, des rétributions en véhicules, maisons, permis et/ou bateaux de pèche, banques, marchés... etc.

Rusé comme un fennec, Ould Siyid lui demande d’oser un exemple mais Abdou Maham esquive la perche à délation que lui tend le commissaire : il ne veut pas citer de nom.

Mais l'instant d'après, il se contredit en enfonçant Ould Naji. Selon ses proches, Abdou Maham a préféré sacrifier Ould Naji pour sauver Ould Taya : "Mes relations étaient directement avec le gouverneur de la BCM Sid'El Moktar Ould Naji et non avec le Président de la République Maaouiya Ould Taya. Maintenant, que le gouverneur en parlait au Président, je ne sais pas".

Autre contradiction : si Abdou Maham prétend ignorer, il se montre plus affirmatif lors d'un autre interrogatoire ; cette fois-ci, dans son esprit, le doute n'est plus permis quand il atteste : "tout a été fait au niveau du gouverneur de la BCM. L'ancien président [Ould Taya, ndlr] n'était pas au courant".

Mais l'ironie ira à son paroxysme lorsque les enquêteurs lui demandent si, à son avis, le gouverneur a effectué les virements de sa propre initiative ou alors obéissait-il à des instructions venaient "d'en haut".

Abdou Maham feinte l’interrogation ; il suggère de l’adresser plutôt à Ould Naji ; c'est au niveau de ce dernier que les choses ont été initiées. "J'ignore ses raisons, peut être qu'il s'est rendu compte de l'utilité d'une telle subvention" conclut-il.

Durant l'interrogatoire, les enquêteurs auront tout essayé pour pousser Abdou Maham a accuser Ould Taya mais l'homme d'affaires tenait à innocenter son cousin, tout en chargeant, au maximum, Ould Naji, décrit, pourtant, comme son généreux et unique bienfaiteur.

Ould Naji acceptera-t-il de fournir, aux enquêteurs, de quoi accuser Ould Taya de prise illégale d'intérêts ? Nous verrons cela lorsque nous traiterons le cas de l'ancien gouverneur de la BCM mais ce ne sera pas lors du prochain épisode, consacré à l'audition du banquier Ahmed Salem Ould Bouna Moktar, ancien ponte des renseignements généraux et actuel président de la banque El Amana. Ce qui veut dire "loyauté", un nom prédestiné, commenterait-ton avec malice.



Source: Taqadoumy

Mardi 12 Janvier 2010
Boolumbal Boolumbal
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