Entretien avec Sarr Mamadou, président du Forum des Organisations Nationale des Doits de l’Homme (FONADH)



Entretien avec Sarr Mamadou, président du Forum des Organisations Nationale des Doits de l’Homme (FONADH)
« Le FONADH a toujours souhaité être impliqué dans la recherche de solution consensuelle de cette question du passif humanitaire, mais a toujours été exclu pour des raisons que nous ignorons du reste »


Points Chauds : Le président de la république a décidé de répertorier les tombes des disparus dans des circonstances douteuses pour permettre aux familles des victimes de faire leur deuil. Que pensez-vous d'une telle mesure?

Sarr Mamadou :
Je pense que toute mesure tendant à faire la lumière sur les tragiques événements que notre pays a connus ces deux dernières décennies est à encourager. Mais il y a des exigences au préalable: Tout d'abord l'abrogation de la loi de juin 1993 qui amnistie les bourreaux, afin de permettre à toutes victimes de porter plainte s'elles le désirent. Il faudra aussi éviter l'amalgame, parce que le Ministre des Affaires Religieuses parle de localiser et de marquer les tombes de tous les mauritaniens disparus dans des circonstances ambiguës, depuis l'indépendance jusqu'à nos jours.

En tant que militant des droits humains, je suis milite pour que toute victime soit rétablie dans ses droits, mais les situations diffèrent si je me réfère aux événements 1989- 1991. Je suis surtout préoccupé par l'approche qui sera retenue pour effectuer ce genre d'opération qui est très délicat.
Quelle sera la structure chargée de conduire cette opération?

b[Points Chauds :
On sait que le FONADH qui regroupe un nombre important d'ONG réclame depuis toujours un devoir de vérité et de justice d'abord avant toute chose. ne croyez-vous pas qu'une telle mesure soit déjà un pas dans cette direction?

Sarr Mamadou :]b Dès les premières heures, au moment où beaucoup de personnes niaient les massacres, les organisations membres du FONADH se sont mobilisées pour dénoncer aussi bien sur le plan national ainsi que sur le international les exécutions extrajudiciaires qui ont été perpétrées par les forces armées et de sécurité sur les populations négro africaines. Le FONADH a toujours souhaité être impliqué dans la recherche de solution consensuelle de cette question du passif humanitaire, mais a toujours été exclu pour des raisons que nous ignorons du reste. Nous prenons acte de cette démarche des autorités. Mais nous restons vigilants, nous continuons à exiger le devoir de mémoire, de vérité et de justice, pour que plus jamais de telles horreurs ne se répètent en Mauritanie.

Points Chauds : Avez-vous une idée sur l'ampleur de ces sépultures?

Sarr Mamadou :
Il est extrêmement difficile de connaître l'ampleur de ce désastre que rien ne justifie. Tout ce que je peux affirmer que ces massacres concernent des centaines ou même des milliers de personnes, c'est dire que la tâche n'est pas facile, d'autant plus que les auteurs de ces crimes sont encore présents dans tous les rouges de l'Etat et occupent des postes stratégiques.

Points Chaud : Vous demandez une commission indépendante pour gérer ce dossier. Croyez-vous que cela suffira pour apaiser les cœurs et les esprits?

Sarr Mamadou :
C'est pourquoi, nous continuons à demander la mise en place d'une commission indépendante composée des personnes connues pour leur honnêteté, disposant de toutes les prérogatives nécessaires afin de faire la lumière sur ce douloureux passé. Vous savez les victimes n'ont pas un esprit de revanche, dans la mesure où elles rencontrent quotidiennement leurs bourreaux, mais ce qu'elles exigent c'est la justice. La Commission indépendante ne peut pas apaiser les esprits, mais au moins elle permettra d'aider à connaître la vérité.
Dans tous les pays poste conflits , les commissions vérités et réconciliations peuvent aider à régler les problèmes posés, car nous ne pouvons pas avoir confiance aux seules autorités qui sont responsables de ce qui s'est passé.

Points Chauds : Selon toujours les propos du Ministre, l'objectif visé est "consolider les liens d'union, d'entente et de solidarité entre toutes les franges du peuple mauritanien et permettre aux parents des défunts de visiter les tombes des siens qui seront désormais connues et clairement marquées’’. Et après?

Sarr Mamadou :
Je pense que seul un dialogue inclusif entre tous les acteurs aidera à trouver une approche correcte autour de cette question.
Entretien réalisé par Cheikh Moussa pour Points chauds

Source: Copyright © Points Chauds

Mercredi 8 Juin 2011
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