Enrôlement et Unité nationale : Regards croisés des principaux acteurs de la crise identitaire



Enrôlement et Unité nationale : Regards croisés des principaux acteurs de la crise identitaire
L’enrôlement des populations et son impact sur l’unité nationale" constituait le thème central d’un débat initié par le Centre mauritanien pour la communication et les études. Présidée par l’ancien ministre et ambassadeur, Mohamed Vall Ould Bellal, la rencontre qui a eu lieu vendredi soir 7 octobre 2011 à l’hôtel Khater de Nouakchott, a connu la présence de plusieurs acteurs de la société civile, mais surtout celle du Coordinateur du mouvement "Touche pas à ma nationalité", sensé représenté la couche hostile aux opérations, d’un représentant de l’Office national de l’état-civil, chargé de l’enrôlement, et d’un public diversifié.

Le débat a été ainsi lancé par Rassoul Ould Khal, président du Centre susnommé. Il a d’emblée tenu à délimiter les contours des échanges qui selon lui devraient contribuer à apaiser la situation née de l’enrôlement des populations pour préserver l’unité nationale. Il a ainsi prêté au Centre qu’il dirige le mérite d’organiser ce débat pour permettre aux différents acteurs nationaux de poser les véritables questions soulevées par l’enrôlement afin que des solutions nationales soient dégagées.

Des éclaircissements seront d’ailleurs amplement fournis par Yacoub Ould Lemrabott, cadre à l’Office national de l’état-civil, sur le déroulement de l’enrôlement. Selon lui, il n’existe aucune visée particulariste derrière l’opération en cours, qu’il qualifiera de facile dans ses procédures. D’après lui, il n’est demandé aux candidats que la présentation de leurs actes d’état-civil et qu’il n’y a aucune question subsidiaire à poser de la part des commissions de recensement. L’opération d’enrôlement vise, citera-t-il en substance, à organiser et à moderniser l’état-civil national, à mettre fin à la pagaille qui régnait dans le secteur, à rapprocher les services de l’administration des citoyens et à identifier les étrangers vivant sur le sol mauritanien pour qu’ils puissent obtenir des actes de résidence. L’enrôlement a été perçu par les autorités, dira-t-il, comme une nécessité incontournable face à la fraude massive enregistrée au niveau de l’état-civil mauritanien.

Pour le Coordinateur du mouvement "Touche pas à ma nationalité", Wane Birame, l’enrôlement constitue un réel danger pour l’unité nationale, de par ses procédures et de par la composition des commissions chargées de l’opération, entre autres. Selon lui, la composition de ces commissions n’est pas représentative de la diversité nationale et se trouve réduite à la simple frange maure. Et de réclamer ainsi la dissolution de ces commissions et leur recomposition sur des bases plus saines, afin que l’ensemble des communautés nationales y soient équitablement représentées.

D’autre part, et contrairement aux explications du représentant de l’Etat-civil, Wane Birane affirme que des questions sont belles et bien posées aux candidats, des questions à relent racistes, précisa-t-il, comme "récites-tu le Coran ? Parles-tu Hassaniya ? Possèdes-tu une maison au Sénégal ?... " Et Wane Birane d’ajouter que le fait de parler ou non le Hassaniya n’est nullement un critère de Mauritanité. Il trouve par ailleurs que la féroce répression policière qui s’est abattue sur les marches pacifiques menées par son organisation ne fera qu’envenimer la situation au lieu de l’apaiser.

Prenant la parole, l’ancien ministre et ambassadeur Mohamed Vall Ould Bellal a ramené toutes les difficultés qui menacent l’unité nationale à des causes liées à la constitution de la nation mauritanienne et son évolution historique, faisant porter au fait colonial toute la responsabilité de cet état de fait. Selon lui, le colon a tout planifié dès le départ en bâtissant la Mauritanie sur des bases fausses, en délimitant ses frontières sans concertation selon ses bons vouloirs. Pour Ould Bellal, malgré tout, les Mauritaniens dans leur grande diversité avaient toujours vécu en symbiose, dans une communauté de destin qui avait fini par les fondre au sein d’une même et grande famille.

Pour Bâ Abdoullah Mahmoud, conseiller culturel à l’ambassade d’Allemagne en Mauritanie, ancien porte-parole et conseiller en communication de l’ancien président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, quelles que soient les conditions dans lesquelles la Mauritanie a été créée, la population mauritanienne a toujours partagé ensemble le même amour de l’espace et la même quête des bons pâturages. Rien n’a pu selon lui attenter à l’unité nationale, même les petites anicroches que les Mauritaniens ont su toujours dépasser. Par rapport à l’enrôlement, il dira que tout projet de cette envergure doit être précédé de débats et d’échanges nationales afin que les bases consensuelles qui s’en sortent soient bien comprises et acceptées par tous. "Certes, il y avait un Maffia qui jonglait avec l’état-civil, qui doit être reconnue responsable de cette pagaille dans ce secteur, sans que cela ne puisse conduire vers le retrait de quelque nationalité que ce soit de qui que ce soit, autrement que par les voies judiciaires " soulignera-t-il.

En conclusion, les participants à ce débat organisé par le Centre national pour la communication et les études ont convenu que sans le dialogue, la concertation et le dialogue, il ne peut y avoir ni paix civile ni unité nationale.

Cheikh Aïdara.



Mardi 11 Octobre 2011
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