Enrôlement des populations : Des militants de droits en l’homme demandent l’arrêt du recensement



Enrôlement des populations : Des militants de droits en l’homme demandent l’arrêt du recensement
Des militants de droits de l’homme, membres du Fonadh ont battu le pavé du ministère de l’intérieur pour exprimer leurs inquiétudes concernant l’opération d’enrôlement des populations. Ils ont investi les locaux du ministère de l’intérieur pour demander, entre autres « la suspension pure et simple de l’opération d’enrôlement des populations en attendant la clarification du processus »


Les locaux du ministère de l’intérieur ont reçu la visite surprise de militants des droits de l’homme dans cette matinée du jeudi 23 juin 2011. Ils sont tous membres du Fonadh. Ils se nomment Sarr Mamadou, Aminetou Mint Moctar, Boubacar Messaoud, Lalla Aicha, Ba Mamadou Alassane... ils étaient porteurs d’une lettre de protestation adressée au ministre de l’intérieur Ould Boilil visant « à attirer son attention sur les conditions déplorables dans lesquelles se déroulent les opérations d’enrôlement des populations ».
Dans leur lettre, ils expliquent leurs grognes pour plusieurs raisons. Ils citent : « les conditions opaques dans lesquelles s’effectue le recensement (composition des membres des centres d’accueil des citoyens, absence de textes clairs et précis) ; l’attitude peu responsable des personnes chargées de cet enrôlement ; le caractère provocateur des questions posées aux populations (êtes-vous Haal Pulaar ? Citez les quartiers de telle ville ? Citez les noms des maires, sénateurs de telle localité). » Dans la lettre, le Fonadh dénonce aussi « le refus de recenser les personnes, surtout les femmes mariées à des mauritaniens, depuis plus de vingt ans et qui ont acquis la nationalité selon les textes qui étaient en vigueur. » Il s’offusque aussi contre « le fait de lier l’enrôlement des personnes adultes (45 ans) à l’enrôlement de leurs parents ou la délivrance, d’un certificat de décès. »
Pour toute ces raisons diront-ils et compte tenu « du caractère discriminatoire de cette opération à l’égard de certaines composantes ethniques, faisant de cette opération qui devait être citoyenne, un enjeu de division avec des relents sectaires », le Fonadh demande « la vulgarisation des textes qui régissent l’enrôlement pour permettre à tous les citoyens de connaître leurs droits, la suspension pure et simple de l’opération d’enrôlement des populations en attendant la clarification du processus, l’ouverture d’un dialogue franc entre les principaux acteurs et le respect de la diversité dans le choix des responsables de cette opération. »

Rencontre avec le ministre de l’intérieur

Accompagnés d’une cinquantaine de militants, les leaders syndicaux ont demandé à rencontrer le ministre de l’intérieur. Reçu vers les coups de 11 heures par le maitre des lieux, le président du Fonadh s’est exprimé sur cette rencontre. « Quand nous sommes rentrés, le garde nous a annoncé auprès du particulier du ministre. Ce dernier a dit non, je les ai déjà vu et leur lettre n’est venu qu’aujourd’hui. Je ne peux pas annoncer la délégation. Comme nous sommes rentrés, nous avons décidé de nous asseoir, jusqu'à ce qu’on ait une réponse du ministre. Effectivement le ministre a reçu quelqu’un d’entre nous, il a déclaré qu’il a un problème très urgent, mais il a demandé à son secrétaire particulier de décharger la lettre. Il nous a donné rendez-vous mardi prochain à midi. »

Dialtabé

Réactions
Sarr Mamadou, président du Fonadh
« Il faut tirer la sonnette d’alarme très tôt sinon ca peut dégénérer »


Depuis le démarrage de l’enrôlement nous avons constaté beaucoup de provocations au niveau des agents chargés du recensement. Alors qu’on demande l’acte de naissance, la carte d’identité, ainsi que leurs copies. Mais pour un négro africain, c’est la croix et la bannière. Nous estimons que ce n’est pas juste et qu’il est temps que les autorités publiques trouvent une solution, sinon ca peut dégénérer. Nous avons constaté une sorte d’exclusion et de discrimination à l’encontre des négro-africains.
Nous essayons d’informer le ministre, s’il ne l’est pas déjà. Nous avons toujours essayé de travailler dans un esprit consensuel. C’est pourquoi nous avons tenu à rencontrer le ministre de l’intérieur pour lui remettre cette lettre et lui expliquer nos inquiétudes par rapport à ce qui se passe. Il faut tirer la sonnette d’alarme très tôt sinon ca peut dégénérer. C’est une première étape, d’autres actions sont envisagées afin qu’on fasse réellement la lumière par rapport à cet enrôlement. Il est bon même d’arrêter l’opération et de réfléchir sur les voies et moyens d’organiser les choses de manière consensuelle. Nous avons senti une volonté d’exclure la composante négro-mauritaniennes, à travers toutes les pratiques constatées ici ou ailleurs. Nous avons décidé de tirer sur la sonnette d’alarme afin qu’on trouve une solution, pour que tous les mauritaniens puissent se recenser dans la dignité et dans une concorde nationale, c’est ca notre objectif.

Aminetou Mint Moctar, présidente AFCF
« C’est de la discrimination »


L’opération d’enrôlement est catastrophique parce que tout d’abord, on est entrain d’exiger des personnes âgées de plus de 45ans d’amener les papiers de leurs parents. C’est de la discrimination, nous estimons qu’aussi que la commission chargé de l’état civil doit être mixte et doit représenter le visage du pays pour qu’il ait un recensement transparent et équitable. Nous voulons de la transparence dans les opérations et qu’il ait une équité entre tous les citoyens et ne pas créer des obstacles qui empêchent la majorité de cette population et surtout les négro-africains de ne pas se recenser.

Lalla Aicha, président du Comité de Solidarité
« Il ya beaucoup d’exclusion et de discrimination. »


J’estime que l’opération d’enrôlement de la population se fait dans des conditions très obscures. Il ya beaucoup d’exclusion et de discrimination. Nous avons fait des enquêtes au niveau de 6 bureaux. Ils en résultent que beaucoup de négro-africains ont été discriminés. Ils font une enquête policière pour déterminer la nationalité de la personne. C’est pourquoi nous nous sommes réunis aujourd’hui pour voir le ministre de l’intérieur, afin de savoir de quoi il s’agit »

Ba mamadou Alassane, président du Plej
« Énormément d’obstacles »


J’ai compris qu’il ya énormément d’obstacles qui empêchent les négro-mauritaniens d’avoir des pièces d’état civil. Nous voulons qu’on tienne compte de la déclaration du fonadh..


Propos recueillis par Dialtabé


source: Quotidien Nouakchott

Dimanche 26 Juin 2011
Boolumbal Boolumbal
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