Enfin : un discours politique !



Enfin : un discours politique !
La plate-forme de l’IRA, récemment soumise à l’opinion publique, a l’avantage de la clarté. Elle a surtout le bienfait d’avoir clairement décliné les objectifs "avoués" de cette organisation que les "puissants" de la société et les irréductibles du système diabolisent à satiété.

En effet, même si l’on n’est pas d’accord avec certaines méthodes de l’organisation et ne partageons pas beaucoup de ses positions et nombre de ses approches et techniques, il est difficile aujourd’hui de dire que son combat n’est pas patriotique, comme veulent le faire croire ses détracteurs.

Avec tous les citoyens les épris de stabilité, de justice et d’égalité dans ce pays, l’IRA partage l’objectif de la destruction du système, cette hideuse machine à paralyser la Mauritanie. Avec les opprimés et les laissés-pour-compte de la Mauritanie, l’IRA partage la hargne et une certaine haine qui se transforme en rejet, souvent violent de l’ordre inéquitable qu’impose ce système à des pans entiers de la société mauritanienne.

Le contexte de la publication de cette plate-forme est particulier à double titre. D’abord cette publication intervient à un moment où le pays traverse une crise qui s’apparente, chaque jour, de plus en plus, à une impasse. Elle intervient aussi au moment où les acteurs politiques s’activent pour entamer un dialogue politique, -dont ils ignorent pour l’heure les contours- et qui, malheureusement, risque d’être venu trop tard.

Il faut aussi craindre que ledit dialogue ne soit pas totalement inclusif, car tendant à laisser en rade des aspirations étouffées, opprimées, tues ou marginalisées. D’où la parfaite inspiration de l’IRA qui s’est introduit dans le débat et qui a parlé de dialogue entre les tenants d’un système qui s’imposent par le monopole de la force.

Nous l’avions dit ici, avec moins de verve que l’IRA, tout dialogue qui ne repose pas sur toutes les aspirations de toutes les composantes nationales de notre peuple voire de l’ensemble des partis et des courants politiques, restera limité. Il sera seulement une prouesse de "retardement", mais ne changera rien au mal structurel de la Mauritanie : le déni de droit, l’injustice structurée, le déficit démocratique et la dérive de la mauvaise gouvernance.

En d’autres termes, un dialogue qui ne va pas jusqu’à la remise en cause frontale et brute avec les fondements du système né du coup d’Etat de 1978, ne sera qu’une jérémiade de "noyés" qui cherchent à sortir la tête de l’eau en se tendant, mutuellement, des perches.

Comment oser parler de rapports politiques pacifiés, si l’on n’évoque pas l’exclusion, la marginalisation, le tribalisme, l’esclavage, la domination de particuliers sur l’économie, l’administration, l’armée et dans d’autres domaines encore ? Comment parler de stabilité et de développement si les victimes des injustices de l’Etat demeurent un tabou et l’impunité assurée pour ceux qui ont voulu saper les fondements de la patrie ?

Comment évoquer des élections transparentes, libres et démocratiques avec de milliers de citoyens privés de leur état civil et autant d’autres en voie d’être déchus de leur statut de citoyens ? Comment parler d’égalité et de légalité, si la loi et le droit ne servent qu’à asservir les autres, les pauvres, les discriminés et les plus faibles ? Comment parler d’un Etat de droit si une institution comme l’armée continue à être dans un Etat démocratique, l’acteur politique le plus puissant et le plus influent dans le pays ?

Comment parler d’alternance démocratique avec une élite corrompue, une classe politique muselée, prostituée, stigmatisée et déboussolée ? Comment espérer voir le pays enfin sortir la tête de l’eau avec la volonté des puissants, ceux qui font le système, l’inspirent et le dominent, continuent d’occulter la vérité, de la masquer, de la maquiller en abrutissant les masses grâce aux médias de masse qu’ils contrôlent sans partage ?

Comment parler entre nous quand certaines voix n’ont pas droit de cité ? Comment espérer sortir d’impasse quand on sait d’emblée la finalité de ce dialogue qui consacrera encore plus la force des puissants et l’écrasement de faibles ?

L’IRA a été sans nul doute bien inspirée et assez adroite. Pour une fois, cette organisation montre la dimension d’une structure politique nationale qui porte un projet de société fondé sur la rupture et sur le développement. L’avenir devrait édifier encore plus les ambitions de cette organisation.

Amar Ould Béjà


Source : L'Authentique (Mauritanie

Lundi 12 Septembre 2011
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