Editorial: Août : Après les coups d’Etat, le coup des urnes?



Editorial: Août : Après les coups d’Etat, le coup des urnes?
La rencontre de Dakar, entre les représentants de l’UPR, du FNDD et du RFD, après six jours d’intenses tractations, a, finalement, abouti à un accord. Des négociations-marathons, éprouvantes pour les nerfs, ont permis d’aplanir les divergences. Et Dieu sait qu’il y en avait. Entre l’opposition et un putschiste, qui ne s’étaient fait aucun cadeau, depuis le 6 août, le fossé était, plus que jamais, béant. Certes, le tableau final laisse à désirer et les risques de clash, d’ici le 18 juillet –date quasi-certaine, à présent, du premier tour d’une élection présidentielle plus équitable, semble-t-il, que la farce initialement prévue le 06/06– ne sont pas, totalement, exclus. Mais, globalement, le climat dans lequel se sont déroulées les négociations a permis de démontrer qu’un dialogue franc était possible, entre les différentes parties. Il fallait juste y croire.

Et éviter de donner au monde l’image, à l’instar de la Somalie ou du Soudan, d’un pays divisé, avec une classe politique incapable de s’asseoir autour d’une table pour débattre des problèmes, et, donc, en nécessité de tutorat. En Mauritanie, il est vrai, aucune partie n’avait les moyens de faire entendre raison à l’autre et personne n’était prêt à faire des concessions. Le général, lancé dans sa logorrhée verbale contre ses adversaires, restait, plus que jamais, persuadé qu’après lui, ce serait le déluge. Le FNDD et le RFD, qui ne voulaient plus rien lâcher, étaient, pour leur part, installés dans une logique de confrontation avec le(s) pouvoir(s). Et les prochains jours promettaient d’être chauds. Après les manifs du jeudi 28 mai, au cours desquels plusieurs manifestants et des policiers avaient été grièvement blessés, la tension risquait d’aller crescendo.
De fait, si des nouvelles, apaisantes, sur l’imminence d’un accord entre les protagonistes, n’étaient pas venues de Dakar, samedi, on allait, probablement, vivre d’autres chaudes empoignades. Du coup, la peur cédait la place à l’espoir. On commençait, même, à entrevoir le bout du tunnel, après dix mois de déchirements. Cependant, passés les premiers moments d’euphorie, et suite à l’intervention, pour le moins maladroite (encore une!) de Kadhafi, sur la date du 06/06, la crainte de soubresauts prenait, à nouveau, le dessus. Surtout que le leader de l’UPR rejetait, formellement, à Atar, l’idée de tout report de «son» élection, à peine quelques heures après que ses représentants, dans la capitale sénégalaise, aient accepté, du moins verbalement mais publiquement, devant la communauté internationale, les grandes lignes d’un accord mettant fin à la crise. Incluant ledit report… Douche froide pour tous ceux qui commençaient à espérer une heureuse issue. Preuve, s’il était besoin, que «les faucons» du camp putschiste, aussi bien à Dakar qu’au pays, gardaient la dragée haute.
Et pour cause. L’idée d’un report, susceptible de générer une vraie compétition, les effraie, au plus haut point. Aussi s’agit-il de minimiser le risque. Nouveau blocage, donc, à Dakar, avec de nouvelles exigences de l’UPR : le poste de Premier ministre et la moitié du gouvernement, pour le parti et ses alliés; limitation des tâches à la gestion des affaires courantes, sans modification de l’organisation de l’administration territoriale; premier tour de l’élection le 18 juillet (en place du 21). La communauté internationale, France et Sénégal en tête, plus encline à accuser l’opposition de blocage et à la pousser dans ses derniers retranchements, ferment les yeux. L’accord, arraché au forceps, prend l’eau sous leurs yeux, et ils ne trouvent pas mieux que de pousser le RFD et le FNDD à accepter les nouvelles propositions.
Légalisation de putsch, mode d’emploi? En tout cas, le zrig est tiré, il faut le boire. Sans présumer de son goût final. Car, en quarante-cinq jours, les portes ouvertes, fussent-elles étroites, peuvent laisser passer bien des messages… En particulier, des leçons à tirer de tout ce qui s’est passé, depuis, disons, un an, sinon depuis août 2005… Intronisé leader de parti, bientôt candidat à une potentiellement vraie élection, mais plus chef du BASEP, l’homme d’août 2008 va-t-il devoir affronter de réellement vrais adversaires politiques? Août 2009, le coup des urnes, enfin?

Ahmed Ould Cheikh

source: La calame

Dimanche 7 Juin 2009
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