Ecoutez et cicatrisez les plaintes des citoyens !!!

Des dictateurs dont le vrai tort n’est pas seulement d’avoir pillé leur pays et bradé son économie, mais essentiellement d’avoir refusé de tendre l’oreille, d’écouter et d’identifier les réelles aspirations de ces insurgés, au lieu d’accorder une confiance démesurée aux faux rapports des services de renseignements et de l’administration, qui dénaturent la réalité des choses et qui dressent des bilans élogieux de la situation politique et socioéconomique du pays, qu’ils fabriquent de toutes pièces pour éviter la colère du Rais.



Ecoutez et cicatrisez les plaintes des citoyens !!!
La répression violente dont avaient fait l’objet les jeunes du 25 février mardi dernier risque d’embraser le pays, dans la mesure où elle a été réprimée, se soldant par des blessés et donnant ainsi à un simple élan de contestation de droits légitimes, mené pacifiquement, le « combustible » qui avait permis aux révolutions tunisienne et égyptienne de poursuivre leur progression jusqu’à la destitution des potentats.

Des dictateurs dont le vrai tort n’est pas seulement d’avoir pillé leur pays et bradé son économie, mais essentiellement d’avoir refusé de tendre l’oreille, d’écouter et d’identifier les réelles aspirations de ces insurgés, au lieu d’accorder une confiance démesurée aux faux rapports des services de renseignements et de l’administration, qui dénaturent la réalité des choses et qui dressent des bilans élogieux de la situation politique et socioéconomique du pays, qu’ils fabriquent de toutes pièces pour éviter la colère du Rais.

En effet, les jeunes manifestants sont issus de toutes les sensibilités politiques et syndicales, mais ne réclament pas le départ d’un président, le limogeage d’un premier ministre ou la démission d’un gouvernement, contrairement à ce que nous observons à travers les médias et le net dans des États arabes.



Il s’agit d’un groupe de jeunes qui ne demandent qu’à être écouté, qui tape à toutes les portes publiques pour demander du travail, se faire soigner ou bénéficier d’une prestation d’un service sans qu’il trouve quelqu’un d’attentionné à sa doléance.

Des jeunes qui s’étonnent du silence de l’administration et des hautes autorités du pays brandissant des banderoles où sont écrites « saket lach », « pour quoi mi dedja », « loutakh me napil, «« nin leghenté ghé manya ». Ce qui signifie pour ces spoliés représentant toutes les communautés nationales, pourquoi le pouvoir ne bronche pas pour les écouter et pour qu’elles raisons ils doivent rester motus et bouche cousue alors qu’ils doivent réclamer par toutes les voix autorisées par la loi leurs droits les plus élémentaires à la liberté, au travail et au bien être.

Ma grande surprise est la présence d’un fonctionnaire de l’Etat qui n’a pas grand-chose à partager avec ces manifestants en détresse, mais qu’il n’a pas le choix. Il gagne près de 35000 ouguiyas, il a cinq enfants et il n’y arrive plus. Face à l’immeuble BMCI, il a comme les ados qui l’entourent une bouffée de colère. « C’est mon pays, celui de l’hospitalité légendaire et je ne quitterai jamais ici, mais c’est devenu intolérable. Moi, je suis un chef de division, d’autres trafiquent les stupéfiants, volent, s’immolent ou se font exploser en kamikaze et, nos collégiennes se prostituent »

Impatient de trouver une réponse aux nombreuses interrogations que je me posais sur cette escalade, notamment mon souhait de voir les pouvoirs publics convoquer les délégués des manifestants pour écouter leurs doléances et traiter le malaise socioéconomique de manière responsable et morale, j’ai appris à travers les antennes de Rfi que les autorités avaient plutôt préféré user par la force, versant malheureusement, après plusieurs jours d’observation d’une attitude louable à l’endroit de la manif, dans l’affrontement, jetant ainsi l’huile sur le feu et suscitant à leur grand étonnement la colère de l’opposition dont certaines parties déconseillent déjà le recours à des solutions sécuritaires pour briser la grogne.

Une grogne qui au rythme actuel de répression jette un pavé dans la marre, car la provocation, d’abord sans succès organisée par des supposés sympathisants du régime, ensuite par l’usage de la force, ouvre l’espace de contestation aux partis politiques et aux centrales syndicales, sans parler aussi des autres foyers de contestation qui pullulent dans le pays dont les retraités qui ont rejoint les mécontents.

Mon autre grande surprise a été le commentaire fait par un auditeur sur la manif du mardi dernier à Rfi, dans lequel il a qualifié les insurgés de simples adolescents. Cette manière de minimiser l’élan de contestation est très dangereuse pour ceux qui ne prendront pas à temps les mesures nécessaires, car les jeunes sont l’eau du moulin de la révolution et comme le lion, une fois blessé, il devient plus dangereux.

Parallèlement à notre déplorable état des lieux politique qui interpelle le président de la république Mohamed Ould Abdel Aziz à la plus grande vigilance pour mieux gérer les intérêts conflictuels et parfois diamétralement opposés les uns aux autres du pays, à mon avis, le cas mauritanien partage des similitudes frappantes avec celui de la France où Nicolas Sarkozy perd du terrain devant l’extrême droite, avec ces sondages qui donnent pour la deuxième fois consécutive, la très charmante, Marie le Pen future favorite de l’élection présidentielle française de 2012.

Une perspective politique jusqu’à une date récente incroyable. Pourtant, elle trouve son explication dans le fait que Sarkozy est resté pendant toutes ces années passées de son mandat coupé des aspirations de son peuple, obéissant à sa seule insensibilité, alors que ses adversaires, mal côtés dans les sondages font des percées considérables, parce qu’outre leur charme, ils sont restés à l’écoute des citoyens, de leurs revendications, qu’ils tâtent le pouls de la population française pour bénéficier de sa confiance.

Si les Français auraient pour la première fois la chance de conjuguer l’Elysée au féminin, le palais ocre patrilinéaire mauritanien peut quant à lui jouer sur plusieurs fronts pour gagner le défi de la révolution et pour la gérer efficacement à son profit et à celui de son peuple en écoutant son opinion et en refusant de recourir à la provocation ou de prendre comme réelles ces informations sans commune mesure avec la réalité.

Ahmed Ould Bettar

cridem

Jeudi 10 Mars 2011
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