
Chronique d’une dévastation feutrée
Depuis le début de l’été 2009, Nouakchott se retrouve encore une fois dans le noir et le courant ne passe plus assez le jour. Les pannes d’électricité se multiplient et iront empirant jusqu’en 2013, comme nous l’avions annoncé dans deux articles spécifiques aux errements de la politique énergétique, à cause de l’incompétence et de l’irresponsabilité des dirigeants de la Société Mauritanienne d’Electricité (SOMELEC) sur lesquels Taqadoumy dispose d’indices de corruption assez récurrents et crédibles.
Gâchis
La pénurie, en plus de l’inconfort domestique occasionne des pertes matérielles et économiques qu’il serait pertinent d’évaluer, au moins par l’Inspection Générale de l’Etat (IGE) si ce n’est une commission d’enquête parlementaire. Il s’agit d’une affaire grave dont les retombées s’annoncent décisives sur le moral des citoyens, la sécurité et la crédibilité du pays auprès des investisseurs.
Des restaurants, des commerçants, des pêcheurs doivent jeter continuellement des quantités de produits exposés à un dégel involontaire ou les réexposer à la consommation au risque de compromettre la santé publique ; dans les ménages équipés de réfrigérateurs, la perte est du même ordre, certes à une échelle plus dramatique.
Les dégâts vont plus loin encore ; sous le coup du délabrement des équipements et de l’incapacité avérée de la maintenance, les filent pendent dans la rue, parfois dans des lieux d’affluence y compris scolaires; deux enfants en ont péri, à Nouakchott, depuis le début de l’année. Nombre d’usagers s’alimentent clandestinement, par le concours d’employés de la SOMELEC et ne règlent pas de facture ; ces dernières semaines, des poteaux ont explosé sous le coup de la surcharge de raccordement ou de courts-circuits dus aux orages et excès de chaleur. Quand la situation se rétablit, il s’avère indécent de se réjouir; faute de matériel de stabilisation, la charge dépasse souvent la capacité de voltage des supports, lesquels se détraquent et échouent à la casse.
Sans électricité, les stations de vente de carburant n’en livrent plus ; ironie du sort, les détenteurs de groupes électrogènes doivent attendre le rétablissement du courant, pour s’approvisionner en gas-oil.
Dans les bureaux, notamment l’administration publique, les fonctionnaires en sueur se retournent les pouces, sirotent du thé, racontent des histoires de promotion, improvisent des salamalecs étirables à l’infini de l’attente et échangent de maigres échos de la presse électronique. Justement, la connexion est rompue, tout comme les lignes de téléphone fixe. Les banques, elles se dotent de systèmes de substitution au moment où la plupart des entités clientes et des interlocuteurs ne disposent pas de la précieuse lumière. Ainsi, quand le banquier se met en condition de travailler, le monde extérieur ne lui en donne plus l’occasion. Sur l’ensemble du pays, télécopieuses, ordinateurs, climatiseurs, unités de santé, laboratoires d’examens médicaux, polices des frontières, douanes, l’armature du projet d’Etat tombe en panne imprévisible et la vie tourne au ralenti du campement. La Mauritanie régresse alors au stade agro-pastoral, les valeurs et le savoir-faire exceptés puisque des générations ont désappris le sens même de la survie en milieu naturel.
Enjeu
Depuis un an, nous avions consacré deux articles d’alerte à la question ; au lieu d’honorer une décision de la Commission Nationale des Marchés en faveur d’une société turque qui proposait un contrat de location et de maintenance particulièrement modique et de livraison prompte, le régime du Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi a décidé l’achat de matériel chinois, fragile et gros consommateur de carburant fossile. La société turque qui refusait d’accorder des commissions aux intermédiaires et personnalités en charge du dossier s’est retirée après son éviction, laissant la Mauritanie aux prises avec ses démons. Le putsch du Général Ould Abdel Aziz aujourd’hui élu n’y changera rien ; depuis, l’on se garde bien de procéder à une enquête sur le trafic d’influence et la vénalité à la tête de la SOMELEC ; le limogeage du Directeur Général (DG) Ould Heyine, servit d’exutoire et de trompe-l’œil ; la chaine de décision suspecte restait intacte, parvenant, toujours, à induire en erreur les ministres et même le Chef de l’Etat. Las des absurdités et de l’opacité de cette gestion, le Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social (FADES) a fini par retirer le financement requis par la mise à niveau de ses infrastructures.
De cette série de sabotages et de détournements, des hommes, toujours vifs, parfois en fonction, ont tiré de substantiels profits, bâti des maisons, scolarisé des enfants, doté des filles, envoyé des proches en voyage première classe sous les latitudes tempérées, couvert leurs maitresses et épouses de cadeaux onéreux quoique d’un goût approximatif ; d’ailleurs, le mauvais goût se paie cher et ne mérite donc aucune indulgence.
Responsabilités
Et, pourtant, s’il y avait à définir les responsabilités et édicter des sanctions exemplaires, ni l’auteur ni la preuve ne manquerait. Outre les ministres de tutelle, voici la liste que le juge devrait entendre et soumettre, d’urgence, à une investigation de patrimoine extensible à l’entourage familial, complice de recel et de blanchiment :
1/ Les DG
Colonel Aïnina Ould Eyih;
Colonel Sidi Ould Riha;
Mohamed Ould Bahiya;
Mohamed Saleck Ould Heyine
Taleb Ould Abdi Val, nouvel Administrateur Général de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM)
2/ Le noyau
Mamadou Lam, Directeur Général Adjoint (DGA) ;
Sidi Mohamed Ould Beddy Conseiller du DG;
Ali Ould Hoba, Chef département technique
3/ Les témoins
MM. Seydi Boubou Camara, juriste, nouveau ministre de l’équipement et des transports ;
Gheïthy Ould Khlaga, chef de la centrale de Arafat (Nouakchott)
Empêchement
En vertu de l’acception du pardon islamique dans une société qui fuit son image dans le miroir des forfaitures, tout nouveau pouvoir annonce invariablement le point de départ zéro, antérieurement à quoi les fautes tombent dans l’oubli. Chaque Président amnistie les crimes commis sous le précédent et la chaine de la connivence se reproduit selon la régularité d’une jurisprudence sans appel.
- Nous naissons musulmans, vous dira-t-ton pour vous ôter l’envie de dérouler les raisonnements rationnels et emprunts des rigueurs de l’intérêt général ; oui - entendrez-vous des bouches de menteurs et d’hypocrites si performants - nous sommes une famille dans la foi et les préceptes de notre sainte religion nous incitent à accorder l’excuse, tourner la page, éviter la vengeance ; écoutez, de surcroit nous habitons un pays fragile où Allah nous a créés clans et tribus pour nous connaitre mutuellement et fraterniser ».
Ces gens qui se souviennent de Dieu seulement pour venir au secours du fort, c’est vous et nous, c’est un condensé notre inclination collective à l’impunité.
Or, même si les pouvoirs publics décidaient de revenir à la formule de la location du service et payaient en espèces sonnantes, aucune entreprise au monde ne pourrait livrer et installer les machines avant 2013 ; d’ici-là, équipez-vous de groupe électrogène, offrez-en à vos partenaires, votre famille, vos amis et fournisseurs ; sinon, changez de pays!
A moins que le Président des Pauvres, le chevalier pourfendeur de la gabegie, ne sonne, enfin, l’hallali des prévaricateurs….
Source: Taqadoumy
Depuis le début de l’été 2009, Nouakchott se retrouve encore une fois dans le noir et le courant ne passe plus assez le jour. Les pannes d’électricité se multiplient et iront empirant jusqu’en 2013, comme nous l’avions annoncé dans deux articles spécifiques aux errements de la politique énergétique, à cause de l’incompétence et de l’irresponsabilité des dirigeants de la Société Mauritanienne d’Electricité (SOMELEC) sur lesquels Taqadoumy dispose d’indices de corruption assez récurrents et crédibles.
Gâchis
La pénurie, en plus de l’inconfort domestique occasionne des pertes matérielles et économiques qu’il serait pertinent d’évaluer, au moins par l’Inspection Générale de l’Etat (IGE) si ce n’est une commission d’enquête parlementaire. Il s’agit d’une affaire grave dont les retombées s’annoncent décisives sur le moral des citoyens, la sécurité et la crédibilité du pays auprès des investisseurs.
Des restaurants, des commerçants, des pêcheurs doivent jeter continuellement des quantités de produits exposés à un dégel involontaire ou les réexposer à la consommation au risque de compromettre la santé publique ; dans les ménages équipés de réfrigérateurs, la perte est du même ordre, certes à une échelle plus dramatique.
Les dégâts vont plus loin encore ; sous le coup du délabrement des équipements et de l’incapacité avérée de la maintenance, les filent pendent dans la rue, parfois dans des lieux d’affluence y compris scolaires; deux enfants en ont péri, à Nouakchott, depuis le début de l’année. Nombre d’usagers s’alimentent clandestinement, par le concours d’employés de la SOMELEC et ne règlent pas de facture ; ces dernières semaines, des poteaux ont explosé sous le coup de la surcharge de raccordement ou de courts-circuits dus aux orages et excès de chaleur. Quand la situation se rétablit, il s’avère indécent de se réjouir; faute de matériel de stabilisation, la charge dépasse souvent la capacité de voltage des supports, lesquels se détraquent et échouent à la casse.
Sans électricité, les stations de vente de carburant n’en livrent plus ; ironie du sort, les détenteurs de groupes électrogènes doivent attendre le rétablissement du courant, pour s’approvisionner en gas-oil.
Dans les bureaux, notamment l’administration publique, les fonctionnaires en sueur se retournent les pouces, sirotent du thé, racontent des histoires de promotion, improvisent des salamalecs étirables à l’infini de l’attente et échangent de maigres échos de la presse électronique. Justement, la connexion est rompue, tout comme les lignes de téléphone fixe. Les banques, elles se dotent de systèmes de substitution au moment où la plupart des entités clientes et des interlocuteurs ne disposent pas de la précieuse lumière. Ainsi, quand le banquier se met en condition de travailler, le monde extérieur ne lui en donne plus l’occasion. Sur l’ensemble du pays, télécopieuses, ordinateurs, climatiseurs, unités de santé, laboratoires d’examens médicaux, polices des frontières, douanes, l’armature du projet d’Etat tombe en panne imprévisible et la vie tourne au ralenti du campement. La Mauritanie régresse alors au stade agro-pastoral, les valeurs et le savoir-faire exceptés puisque des générations ont désappris le sens même de la survie en milieu naturel.
Enjeu
Depuis un an, nous avions consacré deux articles d’alerte à la question ; au lieu d’honorer une décision de la Commission Nationale des Marchés en faveur d’une société turque qui proposait un contrat de location et de maintenance particulièrement modique et de livraison prompte, le régime du Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi a décidé l’achat de matériel chinois, fragile et gros consommateur de carburant fossile. La société turque qui refusait d’accorder des commissions aux intermédiaires et personnalités en charge du dossier s’est retirée après son éviction, laissant la Mauritanie aux prises avec ses démons. Le putsch du Général Ould Abdel Aziz aujourd’hui élu n’y changera rien ; depuis, l’on se garde bien de procéder à une enquête sur le trafic d’influence et la vénalité à la tête de la SOMELEC ; le limogeage du Directeur Général (DG) Ould Heyine, servit d’exutoire et de trompe-l’œil ; la chaine de décision suspecte restait intacte, parvenant, toujours, à induire en erreur les ministres et même le Chef de l’Etat. Las des absurdités et de l’opacité de cette gestion, le Fonds Arabe pour le Développement Economique et Social (FADES) a fini par retirer le financement requis par la mise à niveau de ses infrastructures.
De cette série de sabotages et de détournements, des hommes, toujours vifs, parfois en fonction, ont tiré de substantiels profits, bâti des maisons, scolarisé des enfants, doté des filles, envoyé des proches en voyage première classe sous les latitudes tempérées, couvert leurs maitresses et épouses de cadeaux onéreux quoique d’un goût approximatif ; d’ailleurs, le mauvais goût se paie cher et ne mérite donc aucune indulgence.
Responsabilités
Et, pourtant, s’il y avait à définir les responsabilités et édicter des sanctions exemplaires, ni l’auteur ni la preuve ne manquerait. Outre les ministres de tutelle, voici la liste que le juge devrait entendre et soumettre, d’urgence, à une investigation de patrimoine extensible à l’entourage familial, complice de recel et de blanchiment :
1/ Les DG
Colonel Aïnina Ould Eyih;
Colonel Sidi Ould Riha;
Mohamed Ould Bahiya;
Mohamed Saleck Ould Heyine
Taleb Ould Abdi Val, nouvel Administrateur Général de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM)
2/ Le noyau
Mamadou Lam, Directeur Général Adjoint (DGA) ;
Sidi Mohamed Ould Beddy Conseiller du DG;
Ali Ould Hoba, Chef département technique
3/ Les témoins
MM. Seydi Boubou Camara, juriste, nouveau ministre de l’équipement et des transports ;
Gheïthy Ould Khlaga, chef de la centrale de Arafat (Nouakchott)
Empêchement
En vertu de l’acception du pardon islamique dans une société qui fuit son image dans le miroir des forfaitures, tout nouveau pouvoir annonce invariablement le point de départ zéro, antérieurement à quoi les fautes tombent dans l’oubli. Chaque Président amnistie les crimes commis sous le précédent et la chaine de la connivence se reproduit selon la régularité d’une jurisprudence sans appel.
- Nous naissons musulmans, vous dira-t-ton pour vous ôter l’envie de dérouler les raisonnements rationnels et emprunts des rigueurs de l’intérêt général ; oui - entendrez-vous des bouches de menteurs et d’hypocrites si performants - nous sommes une famille dans la foi et les préceptes de notre sainte religion nous incitent à accorder l’excuse, tourner la page, éviter la vengeance ; écoutez, de surcroit nous habitons un pays fragile où Allah nous a créés clans et tribus pour nous connaitre mutuellement et fraterniser ».
Ces gens qui se souviennent de Dieu seulement pour venir au secours du fort, c’est vous et nous, c’est un condensé notre inclination collective à l’impunité.
Or, même si les pouvoirs publics décidaient de revenir à la formule de la location du service et payaient en espèces sonnantes, aucune entreprise au monde ne pourrait livrer et installer les machines avant 2013 ; d’ici-là, équipez-vous de groupe électrogène, offrez-en à vos partenaires, votre famille, vos amis et fournisseurs ; sinon, changez de pays!
A moins que le Président des Pauvres, le chevalier pourfendeur de la gabegie, ne sonne, enfin, l’hallali des prévaricateurs….
Source: Taqadoumy