Le président de la République a accordé mercredi dernier une audience au Regroupement de la Presse Mauritanienne, qui rassemble en son sein, aux côtés de publications crédibles et respectées, des parutions dévouées jusqu’au bout à la cause du chef de l’Etat ainsi que d’autres, fortement investies dans les éloges du gouvernement, sinon de l’entourage de Mohamed Ould Abdel Aziz.
Malgré ses qualités disparates, dont certaines doivent susciter du respect de la part du président de la République pour des journaux ayant beaucoup milité pour défendre son programme et pour brosser des tableaux reluisants de son action ainsi que de celle de ses ministres, Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas trouvé de gêne à mettre en garde ses interlocuteurs contre toute apologie ou culte de personnalité à son profit : une véritable douche froide, pour ceux qui l’ont applaudi, par le passé, ceux qui continuent à l’applaudir et ceux qui comptent prochainement l’applaudir.
Le chef de l’Etat ne s’est pas seulement tenu à ce langage humiliant pour la presse, mais a cherché aussi, à l’instar des dirigeants arabes qui cherchent brusquement à montrer une disposition inédite d’ouverture et d’attention à l’intérêt national, dans l’espoir d’apaiser l’élan grandissant de contestation, à verser dans le discours contraire à l’amère réalité, érigé en système par son régime, en faisant des reproches aux parutions qui critiquent son bilan et en déplorant que d’autres exagèrent en saluant ses réalisations.
Ces propos qui dévoilent au grand jour le paradoxe de l’attitude du pouvoir (considéré par les medias les plus proches comme un « pouvoir ingrat ») et son enclin à la colère quand la dure réalité est fidèlement relatée ne trompent personne, surtout les publications qui ont payé lourdement le prix de leur respect de la déontologie et de l’éthique de la profession, en tenant coûte que coûte à rapporter fidèlement à l’opinion les informations en toute objectivité et en toute neutralité. Oui monsieur le président l’évidence est que :"les bons journalistes sont ceux qui vous dérangent, sont ceux qui vous empêchent de dormir, les bons journalistes sont ceux qui vous inquiètent avec des medias qui vous racontent les histoires que vous n’avez pas envie d’entendre. Les bons journalistes sont ceux que rien ne peut détourner de dire la vérité ou de révéler des scandales ; Ce sont ceux qui ne craignent pas les intimidations de tout genre ou reculent à la moindre menace. Et si on tient à disposer des médias dignes de ce nom, il faut accepter les peines causées par les bons medias. Il faut aussi montrer aux mauvais journalistes leurs erreurs de désinformer, de détourner l’opinion publique pour brosser des profils qui n’existent pas. Enfin, disons que si vous comptez vous trouver en présence de médias professionnels, compétents, ayant pour premier souci de respecter la déontologie de la profession, il faut surtout ne pas faire les frais des médias qui endorment, les médias conformistes, "respectables et sages".
Dans ce cas, il est évident que vous nous préparez à un monde factice et faussement tranquille. En effet, il est vrai que c’est à nous les médias de réagir et de continuer jusqu’à l’éclatement de toute vérité. Autant dire que c’est aux pouvoirs publics aussi d’assumer la responsabilité. On se rappelle de ce qu’avait dit Edwey Plened, ancien Directeur de la Rédaction du journal " le Monde ", invité lors d’une émission, avait expliqué comment " l’esprit franchouillard d’une République qui doute de ses valeurs a fini par tuer cette presse libre et avant-gardiste ".
En effet, tout le monde sait que la presse, les associations de journaux, les journalistes qui ne s’investissent pas totalement dans les apologies du Président et de son gouvernement sont exclus, ciblés, rayés de tous les déplacements du chef de l’Etat, du Premier ministre et des membres du gouvernement, pour avoir critiqué des bilans qui se passent de tout commentaire en raison de leur résultat négatif. C’est le cas des Groupement des Editeurs de la Presse Mauritanienne (GEPM) qui est cible non seulement du Ministère de la communication mais aussi de la présidence.
Après tant d’irrespect de la part de la tutelle, en l’occurrence, le ministère de la communication, la presse vient d’être humiliée par le Président qui dit vouloir une opposition et une presse qui critiquent objectivement l’action publique et qui dans les coulisses veut que les choses soient comme il l’entend ou gare à ceux qui vont à l’encontre de ses attentes. « Aucun homme politique ou journaliste n’est détenu » dit-il. Il en était même pendant la période de Ould Taya, dont nous sommes certains que la comparaison évoquée ici nous attirera la foudre du chef de l’Etat dont l’ère ‘soi-disant « démocratique » n’a pas été exempte d’emprisonnement, d’achat de conscience et de trafic d’influence sur le quatrième pouvoir. Si le président de la République se proclame garant de la liberté et de l’égalité des chances, pourquoi ne se pose-t-il pas des interrogations sur ces journalistes qui l’accompagnent régulièrement dans ses déplacements, sans que l’occasion soit donnée à leurs autres confères, pour être ainsi traités sur le même pied d’équité ?
Il est vrai que ces déplacements génèrent entre deux à trois milliers d’euros pour le journaliste en voyage à l’extérieur. Une misère en temps normal, mais devenu, un jackpot, par les temps qui courent où la presse confrontée à ses propres difficultés, n’a plus de ressources propres : donc ces déplacements, les abonnements et la publicité sont désormais une arme pour le pouvoir pour « punir » toute publication « rebelle ».
Ainsi le journaliste, " griot " à " estomac " devient une nécessité, un engagement citoyen au détriment d’un journaliste avant-gardiste. En réalité, la carotte que daigne tendre le pouvoir à la presse dans le cadre du fond d’aide à la presse cache mal la menace de son affamement. En tout cas, à Points Chauds, on refuse la méthode.
Pourquoi le chef de l’Etat et « ses services de la communication », notamment la tutelle privilégient tel regroupement de presse, tel syndicat de journalistes, plus que d’autres ?
Aucun pouvoir dans les Etats du Tiers-monde ne peut se permettre de telles discriminations, moins encore dans le monde arabe où la presse est très convoitée par les régimes chancelants, qui cherchent à s’appuyer sur elles pour éviter leur chute.
Autant dire que cette discrimination très contestée par le quatrième pouvoir ne peut être aussi grossière et monnaie courante sans l’existence d’une connivence dans les hautes sphères de l’Etat, dont les objectifs non dits ne sont autres que museler la presse crédible et résistante ou la soumettre à la solde des autorités.
Enfin, quand le Président souligne qu’il n y a pas de censure, ne verse-t-il pas dans sa propre apologie et dans l’évidence, parce que cela devrait être ainsi et ne devrait point faire l’objet de remerciements de la part de presse, étant un devoir imposé bon gré mal gré à tout régime désireux de sauver la face.
Moulay Najim Ould Moulay Zeine
Source : Points Chauds
Malgré ses qualités disparates, dont certaines doivent susciter du respect de la part du président de la République pour des journaux ayant beaucoup milité pour défendre son programme et pour brosser des tableaux reluisants de son action ainsi que de celle de ses ministres, Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas trouvé de gêne à mettre en garde ses interlocuteurs contre toute apologie ou culte de personnalité à son profit : une véritable douche froide, pour ceux qui l’ont applaudi, par le passé, ceux qui continuent à l’applaudir et ceux qui comptent prochainement l’applaudir.
Le chef de l’Etat ne s’est pas seulement tenu à ce langage humiliant pour la presse, mais a cherché aussi, à l’instar des dirigeants arabes qui cherchent brusquement à montrer une disposition inédite d’ouverture et d’attention à l’intérêt national, dans l’espoir d’apaiser l’élan grandissant de contestation, à verser dans le discours contraire à l’amère réalité, érigé en système par son régime, en faisant des reproches aux parutions qui critiquent son bilan et en déplorant que d’autres exagèrent en saluant ses réalisations.
Ces propos qui dévoilent au grand jour le paradoxe de l’attitude du pouvoir (considéré par les medias les plus proches comme un « pouvoir ingrat ») et son enclin à la colère quand la dure réalité est fidèlement relatée ne trompent personne, surtout les publications qui ont payé lourdement le prix de leur respect de la déontologie et de l’éthique de la profession, en tenant coûte que coûte à rapporter fidèlement à l’opinion les informations en toute objectivité et en toute neutralité. Oui monsieur le président l’évidence est que :"les bons journalistes sont ceux qui vous dérangent, sont ceux qui vous empêchent de dormir, les bons journalistes sont ceux qui vous inquiètent avec des medias qui vous racontent les histoires que vous n’avez pas envie d’entendre. Les bons journalistes sont ceux que rien ne peut détourner de dire la vérité ou de révéler des scandales ; Ce sont ceux qui ne craignent pas les intimidations de tout genre ou reculent à la moindre menace. Et si on tient à disposer des médias dignes de ce nom, il faut accepter les peines causées par les bons medias. Il faut aussi montrer aux mauvais journalistes leurs erreurs de désinformer, de détourner l’opinion publique pour brosser des profils qui n’existent pas. Enfin, disons que si vous comptez vous trouver en présence de médias professionnels, compétents, ayant pour premier souci de respecter la déontologie de la profession, il faut surtout ne pas faire les frais des médias qui endorment, les médias conformistes, "respectables et sages".
Dans ce cas, il est évident que vous nous préparez à un monde factice et faussement tranquille. En effet, il est vrai que c’est à nous les médias de réagir et de continuer jusqu’à l’éclatement de toute vérité. Autant dire que c’est aux pouvoirs publics aussi d’assumer la responsabilité. On se rappelle de ce qu’avait dit Edwey Plened, ancien Directeur de la Rédaction du journal " le Monde ", invité lors d’une émission, avait expliqué comment " l’esprit franchouillard d’une République qui doute de ses valeurs a fini par tuer cette presse libre et avant-gardiste ".
En effet, tout le monde sait que la presse, les associations de journaux, les journalistes qui ne s’investissent pas totalement dans les apologies du Président et de son gouvernement sont exclus, ciblés, rayés de tous les déplacements du chef de l’Etat, du Premier ministre et des membres du gouvernement, pour avoir critiqué des bilans qui se passent de tout commentaire en raison de leur résultat négatif. C’est le cas des Groupement des Editeurs de la Presse Mauritanienne (GEPM) qui est cible non seulement du Ministère de la communication mais aussi de la présidence.
Après tant d’irrespect de la part de la tutelle, en l’occurrence, le ministère de la communication, la presse vient d’être humiliée par le Président qui dit vouloir une opposition et une presse qui critiquent objectivement l’action publique et qui dans les coulisses veut que les choses soient comme il l’entend ou gare à ceux qui vont à l’encontre de ses attentes. « Aucun homme politique ou journaliste n’est détenu » dit-il. Il en était même pendant la période de Ould Taya, dont nous sommes certains que la comparaison évoquée ici nous attirera la foudre du chef de l’Etat dont l’ère ‘soi-disant « démocratique » n’a pas été exempte d’emprisonnement, d’achat de conscience et de trafic d’influence sur le quatrième pouvoir. Si le président de la République se proclame garant de la liberté et de l’égalité des chances, pourquoi ne se pose-t-il pas des interrogations sur ces journalistes qui l’accompagnent régulièrement dans ses déplacements, sans que l’occasion soit donnée à leurs autres confères, pour être ainsi traités sur le même pied d’équité ?
Il est vrai que ces déplacements génèrent entre deux à trois milliers d’euros pour le journaliste en voyage à l’extérieur. Une misère en temps normal, mais devenu, un jackpot, par les temps qui courent où la presse confrontée à ses propres difficultés, n’a plus de ressources propres : donc ces déplacements, les abonnements et la publicité sont désormais une arme pour le pouvoir pour « punir » toute publication « rebelle ».
Ainsi le journaliste, " griot " à " estomac " devient une nécessité, un engagement citoyen au détriment d’un journaliste avant-gardiste. En réalité, la carotte que daigne tendre le pouvoir à la presse dans le cadre du fond d’aide à la presse cache mal la menace de son affamement. En tout cas, à Points Chauds, on refuse la méthode.
Pourquoi le chef de l’Etat et « ses services de la communication », notamment la tutelle privilégient tel regroupement de presse, tel syndicat de journalistes, plus que d’autres ?
Aucun pouvoir dans les Etats du Tiers-monde ne peut se permettre de telles discriminations, moins encore dans le monde arabe où la presse est très convoitée par les régimes chancelants, qui cherchent à s’appuyer sur elles pour éviter leur chute.
Autant dire que cette discrimination très contestée par le quatrième pouvoir ne peut être aussi grossière et monnaie courante sans l’existence d’une connivence dans les hautes sphères de l’Etat, dont les objectifs non dits ne sont autres que museler la presse crédible et résistante ou la soumettre à la solde des autorités.
Enfin, quand le Président souligne qu’il n y a pas de censure, ne verse-t-il pas dans sa propre apologie et dans l’évidence, parce que cela devrait être ainsi et ne devrait point faire l’objet de remerciements de la part de presse, étant un devoir imposé bon gré mal gré à tout régime désireux de sauver la face.
Moulay Najim Ould Moulay Zeine
Source : Points Chauds
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