Dialogue politique et révolte populaire : Ould Abdel Aziz craque pour Messaoud?



Dialogue politique et révolte populaire : Ould Abdel Aziz craque pour Messaoud?
Jamais, depuis son arrivée au pouvoir en août 2008, le président de la république n’a manifesté un réel désir de concertation politique avec les autres protagonistes de la scène nationale, que pour apaiser une situation tendue et surchauffée.Des attitudes que Ould Abdel Aziz a régulièrement affichées aux responsables de l’opposition, avant de se retirer une fois l’objectif atteint ; à savoir affaiblir considérablement la cohésion de ses ennemis politiques.

Aujourd’hui, les autorités sont charmées par le discours du leader de l’App, qui se recoupe en de nombreux points au leur, prônant l’ouverture politique comme seule voie d’apaisement et de réconciliation nationale et minimisant la révolte des jeunes comme simple acte de mimétisme des changements dans le monde arabe.

C’est hier que le leader de l’App et président de l’assemblée nationale Messaoud Ould Boulkheir a été reçu, en audience par le chef de l’Etat Mohamed Ould Abdel Aziz, avec lequel il a eu tout récemment un entretien, perçu par les observateurs comme un signe fort du rapprochement spectaculaire entre les deux ennemis politiques farouches d’hier.

L’audience du dimanche dernier est qualifiée aussi par les observateurs les plus avertis comme un indicateur de plus de la tenue des futures élections législatives et municipales dont les délais ont été confirmés d’abord par le président de la république avant d’être réitérés par la suite par le ministre de l’intérieur et de la décentralisation Mohamed Ould Boilil.

La rencontre d’hier entre le dirigeant de l’App et le président de la république est vue aussi comme étant un coup dur porté au chef de file de l’opposition démocratique et président du Rfd Ahmed Ould Daddah, qui a annoncé la veille, le refus de son parti d’aller à un scrutin joué d’avance ; argumentant sa position par la tournure surprenante qu’avait prise l’élection présidentielle de juillet 2009, largement remportée par l’actuel homme fort de Nouakchott.

Ces tête-à-tête répétés, en un temps record, sont aussi un signal fort de l’App dont le leader vient de mobiliser ses militants à l’intérieur du pays, sans doute pour mieux se préparer à la bataille électorale du 1er octobre, qui serait très difficile pour ce parti, en raison de son puissant adversaire à savoir le pouvoir, mais où il peut aussi se réserver d’heureuses surprises si les autres amis de la COD comptent s’aligner sur la position du Rfd concernant ce scrutin.

A propos de la rencontre d’hier proprement dite, entre le président de la République et Messaoud Ould Boulkheir, rien n’a encore filtré sur le contenu véritable des discussions entre les deux hommes, mais tout porte à dire que le leader de l’App méritait bien d’être reçu, après avoir montré au régime qu’il jouit de tous les critères indispensables à l’interlocuteur politique parfait recherché par le pouvoir.

Ceci est d’autant plus vrai si l’on sait que malgré son opposition au régime, le parti de Messaoud est contre les révoltes, qu’il qualifie d’inappropriées pour le cas mauritanien et de sources de grands malheurs pour les nations arabes qui croupissent encore sous leurs insurrections.

Ensuite, parce que l’App est favorable au dialogue politique qu’elle compte amorcer avec le pouvoir ; convaincue de la sincérité du régime dans l’ouverture politique. Par ailleurs, le parti de Messaoud ne se préoccupe pas tellement pour les conditions électorales du prochain scrutin, à la différence du leader du Rfd , lequel estime être non concerné par une élection souffrant de l’absence d’une large concertation entre les principaux acteurs politiques.

Autant de qualités pour Messaoud devant lesquelles le président de la république, assailli par de nombreux problèmes politiques et socioéconomiques, ne pouvait pas rester indifférent et insensible, surtout que le principal reproche dont il est régulièrement indexé par ses opposants est son unilatéralité dans la gestion des affaires de la nation.

En le recevant hier au palais présidentiel, Mohamed Ould Abdel Aziz montre sans le dire qu’il a bien apprécié les dernières positions du parti de Ould Boulkheir. Le chef de l’Etat ne peut pas demander mieux à son interlocuteur qui a rejeté publiquement toute tentative de déstabilisation du pays, toute éviction du régime, accusant certains de ses compagnons de l’opposition politique d’instrumentaliser l’aspiration du peuple pour inciter à la manif et renverser le pouvoir dans l’espoir de réaliser des desseins purement politiques.

En plus de ce qui précède, Messaoud a récemment précisé qu’il a tranché sa position relative à la participation à la future élection présidentielle, nonobstant celles de ses collègues au sein de la COD

Amadou Diaara


Source: Renovateur

Lundi 13 Juin 2011
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