Dialogue Pouvoir-Opposition : A quelles conditions?



Dialogue Pouvoir-Opposition : A quelles conditions?
Sommes-nous encore entrain de perdre du temps inutilement dans les invectives politiques? A quelles conditions le dialogue entre les protagonistes tient-il et pourquoi? Quel rôle chaque partie doit-elle assumer pour aller de l’avant? Ce n’est certainement pas en continuant à se regarder en chiens de faïence, en s’injuriant dans une confusion des rôles que la classe politique aidera le pays à sortir de l’ornière.


Pour l’écrasante majorité des mauritaniens, depuis le 18 juillet 2009, un président de la République est élu. Cette étape est censée avoir mis fin à la crise politique qui a secoué le pays au lendemain du coup d’Etat du 6 août 2008. C’en est le cas aussi pour la Communauté internationale qui a reconnu et la transparence et les résultats d’une telle élection. On s’est totalement éloigné de l’esprit de Dakar où les protagonistes, avant l’élection présidentielle, ne tarissaient pas d’éloges sur les prédispositions de l’autre partie au consensus. Une page est assurément tournée.

Etre ou ne pas être
Pour autant, l’Opposition est restée dans sa posture de contestation d’une ère révolue. Elle n’arrive pas à tourner la page. Pire encore, elle a entraîné avec elle, sur ce terrain glissant, la Majorité politique dans un débat de sourds où les invectives, à la limite des injures, ont pris le pas sur un dialogue responsable et mature. Il faut reconnaître, cependant, que le peu de courage dont fait preuve l’Etat dans la gestion de questions cruciales comme la lutte contre l’esclavage et ses choix parfois hasardeux dans les nominations aux emplois publics de symboles attitrés de la gabegie, créent encore plus de doutes injectant plus d’eau dans le moulin de l’Opposition. Cette dernière, même si elle a adopté beaucoup de Roumouz, ne se prive pas de récupérer des thématiques porteuses au regard des populations qui observent, analysent, décortiquent chaque geste du président des Pauvres, en relation avec ses promesses électorales d’assainissement et de lutte contre les prévaricateurs.

Pour qu’il y est dialogue, il faut satisfaire certaines conditions.
Chacun des protagonistes appelle au dialogue. Mais chacun veut en imposer les contours. Depuis donc l’élection présidentielle, on vogue vers un débat qui n’en est pas. Et comme la nature a horreur du vide, certains opposants ont infesté l’espace pour tenter de mettre en doute les engagements du président élu. Il s’en est suivi des répliques à la mesure des attaques de l’Opposition qui veut juger le gouvernement et à travers lui son président en l’espace de quelques mois. Le bilan économique n’est en fait qu’un prétexte pour enfoncer le clou et peut-être contraindre le Pouvoir à accepter ses conditions. Là non plus l’Opposition n’a pas réussi. Après donc s’être arc-bouté dans son refus de reconnaître les résultats de l’élection, tout en demandant paradoxalement le dialogue, un grand pan de l’Opposition s’est vite trouvé confronté à la réalité de l’échec de sa stratégie. Dans cet élan, l’Opposition a failli à son statut refusant la première offre de dialogue de l’UPR arguant qu’elle devait être consultée de bout en bout pour tout le processus. Ce ne sont certainement pas les sorties intempestives du président de l’Alliance populaire progressiste, Messoud Ould Boulkheir, lors de son dernier meeting à El Mina contre le président de la République qui invitent à l’apaisement politique. La véhémence des propos du président de l’Assemblée nationale risque encore d’être mal reçue par ceux qui sont censés être ses partenaires pour le dialogue réclamé. La réponse du berger à la bergère ne s’est pas faite attendre. L’UPR accuse l’Opposition de perte de vitesse et de propager en «désespoir de cause » les germes de la division, précisant que «le Peuple Mauritanien est prêt à en découdre avec une opposition « sclérosée » dont le discours est assis sur des appels «racistes et ethnocentristes».
Comme on le voit donc, la guerre des déclarations est lancée ajournant, une fois de plus, les véritables préoccupations des populations. Ces dernières sont d’ailleurs souvent sacrifiées à l’autel de querelles purement politiciennes. On est assurément loin de la confiance et de l’acceptation d’autrui qui devraient caractériser un réflexe démocratique.
JD


Source: Quotidien Nouakchott

Dimanche 11 Avril 2010
Boolumbal Boolumbal
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