Délit d’opinion, argent, religion et tribalisme : l’autre Mauritanie



Délit d’opinion, argent, religion et tribalisme : l’autre Mauritanie
Mercredi 6 janvier, au cours d’une plénière de l’Assemblée nationale sous l’égide de Messaoud Ould Boulkheir, le premier ministre Moulaye Ould Mohamed Lagdhaf prononce sa déclaration de politique générale pour l’année 2010, devant un parterre de députés attentifs.

Interpellé par plusieurs d’entre eux sur le maintien en détention de Hanevi Ould Dehah au delà de sa peine, Ould Mohamed Lagdhaf a soigneusement évité le sujet.

Avant de prononcer son discours, Ould Boulkheir avait été sollicité par plusieurs journalistes sur le cas Hanevi ; il leur demandera quelques précisions, avant de se décider.

Paradoxalement, dans son laïus, Ould Boulkheir emboite le pas au premier ministre et évite soigneusement d’évoquer le sujet. Plusieurs observateurs sont alors surpris de cet "oubli" qui intervient après l'absence très remarquée du président de l'Assemblée nationale, aux activités de la "Journée Hanevi" organisée quelques jours auparavant ; elle suscitait d’ailleurs une forte présence de parlementaires et hommes politiques de premier plan parmi lesquels, il est vrai, figurait Ladji Traoré, secrétaire général de l'Alliance populaire progressiste (APP), le parti présidé par Ould Boulkheir.

Les mêmes observateurs s'étonnent que le président de l’Assemblée nationale évite de soulever le cas de Hanevi, un journaliste qui a toujours exprimé des opinions identiques et défendu les mêmes causes. Or, le Président de la chambre basse se montre très préoccupé par la situation des hommes d'affaires Chrif Ould Abdellahi, Mohamed Ould Noueigued et Abdou Maham, poursuivis dans le cadre de l’enquête sur les détournements présumés des fonds de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM).

En effet, Ould Boulkheir a longuement récriminé contre le pouvoir, au motif de l’emprisonnement des susdits, alors même qu’ils avaient été libérés, suite à une médiation réussie du jurisconsulte Mohamed El Hacen Ould Dedew. Ce dernier s'est curieusement montré très compréhensif envers l'usage du taux d'intérêt, l’usure, le fameux "riba" formellement interdit par la loi islamique.

Plusieurs observateurs estiment que la médiation de Ould Dedew est motivée par son amitié avec l'homme d'affaires Abdou Maham. Ironie du sort, lorsque le dictateur déchu Maaouiya Ould Taya faisait incarcérer Ould Dedew, son "ami" Abdou Maham, par ailleurs cousin du Chef de l’Etat, applaudira à cette détention ; il affirmera, en public, que la place d'un théoricien du terrorisme comme Ould Dedew, c'est la prison.

Ainsi va la Mauritanie, vue de l’intérieur du groupe dominant et selon sa rationalité spécifique où l’homme de religion et l’opposant de longue date volent, au secours des nantis pris la main dans le sac.

Dans leur république islamique, Hanevi peut crever.




Source: Taqadoumy

Dimanche 10 Janvier 2010
Boolumbal Boolumbal
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