Crise politique:Enfin, un accord

Entamées à dix jours de la date fixée pour la tenue du scrutin présidentiel du 6 juin 2009, boycotté par les forces opposées au putsch, les négociations de Dakar, lancées depuis mercredi denier entre les protagonistes de la crise en présence de représentants de la communauté internationale et du ministre sénégalais des Affaires étrangères envoyé représentant le président Wade, sont en passe d’offrir une dernière bouée de sauvetage pour le système et les institutions de notre démocratie naissante.



Crise politique:Enfin, un accord
Après trois jours de rudes négociations, un accord sur le partage du pouvoir et la supervision commune d’une transition, qui dure un peu moins de deux mois, a été arraché à la dernière minute. S’il est confirmé par tous les acteurs de la crise, un scrutin présidentiel auquel participe tout le monde sera organisé le 21 juillet prochain.

Juste après la fin en queue de poisson de la première rencontre des protagonistes de la crise politique et institutionnelle née du coup d’état du 6 août 2008 en Mauritanie, sous l’égide de la médiation sénégalaise, le ministre d’état, ministre des affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, émissaire du président Abdoulaye Wade, annonçait l’existence d’une ultime initiative.
Le président du Sénégal, dans son rôle de médiateur infatigable, invitait ainsi les trois pôles de la crise à une rencontre à Dakar, avec à la clef un nouveau plan de sortie de crise soutenu par le Groupe de Contact International sur la Mauritanie (GCIM) qui ne s’était pas réuni depuis le 20 février à cause des interférences et volte-face du guide libyen devenu entre temps président de l’Union africaine et, de fait, médiateur attitré dans la crise mauritanienne. L’action du guide n’apportera pas de solution malgré un déplacement en grandes pompes à Nouakchott lors de la fête du Mouloud (naissance du prophète) et la traditionnelle prière du guide qu’il avait pris l’habitude d’organiser en Afrique depuis quelques années. Un spectacle plus qu’une médiation qui finit par une déclaration fracassante de Kadhafi, au palais des congrès de Nouakchott en faveur du calendrier fixé par la junte pour la tenue de l’élection présidentielle.
La suite, une période de flottement, d’incertitude et de relâchement de la communauté internationale.
Dans ce contexte arriva la médiation sénégalaise. Le ministre des affaires est chargé par son président à Nouakchott tâter le pool des différents acteurs de la crise. Après plusieurs aller et retour, le ‘’djambar’’ réussit à convaincre ceux qui étaient réticents finirent par se convaincre de l’opportunité qu’offre l’initiative sénégalaise pour une résolution d’une crise politique qui commence vraiment à intéresser l’opinion nationale et internationale.


Tous à Dakar

Après l’échec de la tentative de lancer le dialogue entre les belligérants à Nouakchott, les sénégalais ne lâchent pas prise et décident de convoquer les acteurs pour un nouveau round de négociations à Dakar en présence du groupe international de consultation sur la Mauritanie. Mercredi soir, cap sur la capitale sénégalaise.
Un départ des représentants de la mouvance soutenant le général Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien chef de la junte et ex chef de l’Etat, candidat à l’élection présidentielle du 6 juin 2009, sous la houlette du directeur de sa campagne Sid’Ahmed Ould Raiss. Ils voyagent à bord d’un avion spécial.
Les envoyés du Front National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) sont conduits par le président de l’Union des Forces de Progrès (UFP), Mohamed Ould Maouloud, chargé des relations extérieures au sein de la mouvance.
Quant à la délégation du Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), elle est coachée par l’ancien ministre des affaires étrangères et ancien ambassadeur, Abderahmane Ould Moine.
Logés au Méridien président, les protagonistes de la crise mauritanienne sont reçus en audience au palais de la République par le président sénégalais dans la soirée du mercredi.
Au même moment, le Groupe de Contact International sur la Mauritanie (GCIM) tient sa première réunion à Dakar.
Après les préliminaires du mercredi soir, les grands travaux sont entamés le jeudi 28 mai. Une séance marquée par un discours aux accents pathétiques du président Abdoulaye Wade qui invite les mauritaniens au consensus, dans l’intérêt de leur pays et de toute la sous région.

Les prémices d’un accouchement douloureux

Temps fort de la première journée dakaroise des protagonistes de la crise en Mauritanie : une réunion marathon à huis clos entre les membres des délégations des trois pôles, le GCIM, avec en qualité de modérateur le chef de la diplomatie sénégalaise, Cheikh Tidiane Gadio et le président du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine (CPS/UA), Ramadan Lamamra. Passage en revue de plusieurs questions préliminaires.
Cette première séance est suspendue aux environs de 14 heures 30 minutes.
Reprise des travaux vers 17 heures, avec cette fois le plat de résistance axée sur les questions de fond : élection présidentielle, détenus, gouvernement d’Union Nationale…..
Les négociations avancent difficilement. Le GCIM et le président Wade mettent les pieds dans le plat en invitant les forces anti-putsch à plus de souplesse. D’où l’accusation sous jacente de bloquer des négociations par des exigences peu compatibles avec l’environnement d’une Afrique habituée aux changements anti-constitutionnels.
Les délégations du RFD et du FNDD sollicitent une nouvelle suspension de séance en vue d’une concertation interne aux forces politiques opposées au coup d’état. Une rencontre au cours de laquelle les délégués des deux pôles décident de donner plus de chances au dialogue, pour ne pas porter le chapeau d’un éventuel échec, synonyme d’une condamnation de la part de la communauté internationale.

Base d’un accord général

La journée du samedi permet un accord de principe, arraché au cours d’une réunion à huis clos des délégations réduites à deux personnes par groupe, sur plusieurs points liés aux questions de fond : report de l’élection présidentielle (juillet ou août), amnistie générale, libération des détenus, formation d’un gouvernement d’union nationale avec un premier Ministre de consensus. Les pôles fournissant chacun un tiers des membres de l’équipe. Une CENI de consensus. Maintien du Haut Conseil d’Etat (HCE) comme structure sécuritaire de lutte contre le terrorisme relevant de l’autorité du ministre de l’intérieur.
Les mauritaniens se réveillent, samedi, sur une heureuse nouvelle annonçant un accord qui met fin à la crise et qui désigne le 1er août comme date du premier tour de l’élection présidentielle. Les sites d’information en ligne, qui avaient déplacés des correspondants sur les lieux pour suivre minute par minute ces réunions qui tiennent tout un peuple en haleine, évoquent avec délectation l’accord arraché dans la matinée du Samedi.
Sa signature, dit-on, interviendra à la réunion prévue en mi-journée. Coup de théâtre, les représentants de Aziz reviennent sur le problème de l’agenda. Un nouvel accord est annoncé par les milieux de l’opposition en fin d’après midi. La date du scrutin est ramenée au 21 juillet. Les médiateurs et les acteurs de la crise sont reçus par le président Wade afin, rapporte-t-on, de les féliciter. Mais un problème subsiste toujours: les amis du général continuent de nier l’existence d’un accord. La direction de communication de sa campagne monte au créneau pour nier la signature du fameux accord.
Dans un meeting de campagne qu’il tenait dans la capitale de l’Adrar, Aziz attaque les symboles de la gabegie qui avaient mis le pays à genoux. Il parle de la date du 6 juin comme étant un rendez vous désigné par les Etats généraux de la démocratie et approuvé par une majorité d’élus. Evitant soigneusement de parler de report ou de maintien de la date du scrutin, il annonce les pourparlers à Dakar et dit que s’il fera des concessions, elles seront adressées à la communauté internationale et non pas aux responsables de la gabegie. Problème de communication, astuce de négociation ou tout simplement une volonté d’aller seul, et une manière de narguer tout le monde comme ça a été le cas depuis le coup d’état du 6 août.
Pourtant ses amis entrent en début de soirée dans une nouvelle réunion à Dakar avec les autres belligérants, le groupe de contact et l’infatigable Gadio.
A Nouakchott, on continue de téléphoner aux connaissances et autres personnes présentes à Dakar, on suit les journaux télévisés de toutes les chaines espérant de décrocher une bonne nouvelle…

Koucheka

Source: Biladi



Dimanche 31 Mai 2009
Boolumbal Boolumbal
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