
Tabaal 3, dans la commune de Haar, à une quarantaine de kilomètres, au sud-est de Sélibaby. Un grand hameau d’une cinquantaine d’âmes à peine. Pour ses habitants sèchement frappés par le climat ces dernières années, et pour le village qui compte plusieurs cas d’enfants malnutris, cette année s’annonce tout de même plus clémente que les précédentes, malgré le fait qu'on se trouve dans la période de soudure la plus dure. «La boucherie communautaire que vous voyez là, et qu’on a pu monter grâce à un programme d’Action contre la faim, nous a donné une relative autonomie, et permis d’améliorer un peu le quotidien du village» explique Lematt Mint Nalla, une des bénéficiaires du projet «cash et vivres» de l’ONG internationale espagnole, et qui fait aussi partie du comité de gestion de la boucherie.
Cette bouffée d’oxygène que représente la boucherie ne masque cependant pas les bêtes maigres, les visages émaciés des enfants, l’apathie environnante. Dans la commune adjacente de Wompou, à Taboutala, un village peul, Khadiata Samba Diallo tient dans ses bras son enfant de trois ans, Hapsatou, malnutri modéré, il y a trois mois encore dans des conditions sanitaires graves. «Son rapport taille/poids était inférieur à 65% il y a trois mois. Après qu’elle ait bénéficié d’un suivi constant durant cette période, il est passé à 85%. Elle va beaucoup mieux» raconte Moussa Coulibaly, un des responsables du programme «Eau/hygiène assainissement» d’action contre la faim à Sélibaby.
Le cas de Hapsatou est loin d’être isolé dans la wilaya du Guidimakha. Et si les choses vont un peu mieux, grâce aux actions des ONG internationales, en synergie avec celles locales, les choses sont très loin d’être acceptables. «Certes, le taux de prévalence des enfants dépistés en malnutrition sévère a baissé, mais les cas continuent d’affluer et nous ne sommes toujours pas équipés convenablement pour les traiter. Il y a un manque cruel de matériels de première nécessité, comme l’oxygène par exemple» témoigne Safietou Bâ, responsable du centre régional de nutrition infantile (CRENI).
A Nabaam dans la commune d’Azgueiloum, au Gorgol, un simple petit espace reverdit fait office de miracle et cristallise tous les espoirs. C’est ce que représente le jardin maraicher de la coopérative agricole féminine de 0,25 hectares de superficie à peine. «Nous avons un peu de haricots et de maïs, mais le manque de pluie nous a coûté cher. L’aide des ONG internationales nous a permis d’être un peu plus autonome, et de subvenir à nos besoins, mais aussi un peu à ceux des petits hameaux autour. En ces temps durs, on se doit d’être solidaires» opine les traits tirés Aminetou Mint Abeid, habitante et membre de la coopérative agricole de Nabaam. L’aide en question ? Une digue de rétention d’eau qui permet ce genre de petites cultures.
Cette bouffée d’oxygène que représente la boucherie ne masque cependant pas les bêtes maigres, les visages émaciés des enfants, l’apathie environnante. Dans la commune adjacente de Wompou, à Taboutala, un village peul, Khadiata Samba Diallo tient dans ses bras son enfant de trois ans, Hapsatou, malnutri modéré, il y a trois mois encore dans des conditions sanitaires graves. «Son rapport taille/poids était inférieur à 65% il y a trois mois. Après qu’elle ait bénéficié d’un suivi constant durant cette période, il est passé à 85%. Elle va beaucoup mieux» raconte Moussa Coulibaly, un des responsables du programme «Eau/hygiène assainissement» d’action contre la faim à Sélibaby.
Le cas de Hapsatou est loin d’être isolé dans la wilaya du Guidimakha. Et si les choses vont un peu mieux, grâce aux actions des ONG internationales, en synergie avec celles locales, les choses sont très loin d’être acceptables. «Certes, le taux de prévalence des enfants dépistés en malnutrition sévère a baissé, mais les cas continuent d’affluer et nous ne sommes toujours pas équipés convenablement pour les traiter. Il y a un manque cruel de matériels de première nécessité, comme l’oxygène par exemple» témoigne Safietou Bâ, responsable du centre régional de nutrition infantile (CRENI).
A Nabaam dans la commune d’Azgueiloum, au Gorgol, un simple petit espace reverdit fait office de miracle et cristallise tous les espoirs. C’est ce que représente le jardin maraicher de la coopérative agricole féminine de 0,25 hectares de superficie à peine. «Nous avons un peu de haricots et de maïs, mais le manque de pluie nous a coûté cher. L’aide des ONG internationales nous a permis d’être un peu plus autonome, et de subvenir à nos besoins, mais aussi un peu à ceux des petits hameaux autour. En ces temps durs, on se doit d’être solidaires» opine les traits tirés Aminetou Mint Abeid, habitante et membre de la coopérative agricole de Nabaam. L’aide en question ? Une digue de rétention d’eau qui permet ce genre de petites cultures.

A Debaye, dans la commune de Monguel à 65 kilomètres de Kaédi au Gorgol. Dans cette localité d’une centaine d’habitants, où aux quatre points cardinaux s’agglutinent des cadavres de vaches, d’ânes et parfois de chèvres, morts de soif et faim, l’heure est à un relatif optimisme fataliste. «Ces deux dernières années ont été plus que difficiles, nous avons perdu des dizaines et des dizaines de têtes de ruminants, mais Alhamdoulilahi, les ONG dont OXFAM et ACF nous aident beaucoup cette année en nous distribuant des sacs de «rakal» ; ça diminue de façon notable les pertes de têtes de bétail» confie souriant Hussein Ould Imijen, un des notables du village.
Juste à côté de lui, revenant de la surveillance du bétail, Sidina Ould Amar peste contre la «malédiction du temps, du manque de pluie». Plus abrupt que son ainé, il insiste sur les problèmes d’eau et l’abandon de l’état dans ce domaine.
«Vous voyez cette clôture ? Et cet enclos de vaccination pour le bétail ? C’est ce qu’on a reçu du programme de l’état pour la lutte contre les séquelles de l’esclavage. Et quelques maigres semences… mais comme on leur avait dit, le plus urgent c’est l’eau. Sans eau, tout cela n’a aucun sens !» s’exclame-t-il.
Cette préoccupation revient dans tous les villages visités : l’eau. Et entre chaque village, entre chaque hameau du Gorgol, du Guidimakha, il est devenu courant, voire banal, de découvrir des charniers de bétails, morts de soif. Et de faim.
Juste à côté de lui, revenant de la surveillance du bétail, Sidina Ould Amar peste contre la «malédiction du temps, du manque de pluie». Plus abrupt que son ainé, il insiste sur les problèmes d’eau et l’abandon de l’état dans ce domaine.
«Vous voyez cette clôture ? Et cet enclos de vaccination pour le bétail ? C’est ce qu’on a reçu du programme de l’état pour la lutte contre les séquelles de l’esclavage. Et quelques maigres semences… mais comme on leur avait dit, le plus urgent c’est l’eau. Sans eau, tout cela n’a aucun sens !» s’exclame-t-il.
Cette préoccupation revient dans tous les villages visités : l’eau. Et entre chaque village, entre chaque hameau du Gorgol, du Guidimakha, il est devenu courant, voire banal, de découvrir des charniers de bétails, morts de soif. Et de faim.

A Taboit, dans la commune d’Azgueiloum, Isselmou Ould Mohamed se plaint de cette raréfaction de l’eau. «Malgré le contre-puits construit avec l’aide d’une ONG internationale, l’eau manque. Il n’y avait rien avant, donc ce contre-puits arrange un peu les choses, mai il arrive souvent qu’à deux heures de l’après-midi, il n’y ait plus d’eau, laissant une vingtaine de foyers sans eau, attendant que le puits se recharge» informe longuement Isselmou.
«La mauvaise pluviométrie de ces dernières années n’a pas permis de restaurer les nappes phréatiques» concède à côté Zeinabou Mint Mamadou Ould Neji, habitante du village. Elle explique que chaque famille a droit à six bidons de 20 litres par jour. La source se tarissant il paie souvent de l’eau de leur poche pour se faire transporter de l’eau. «Et ces transporteurs nous ramènent l’eau des oueds !» se plaint la sexagénaire.
«L’eau est au centre de tout dans ces zones. Rien de ce que vous pourriez les aider à réaliser n’aurait de sens sans l’assurance de la pérennisation de l’accès à l’eau» assure Souleymane Sarr, humanitaire à OXFAM, qui agit activement au Gorgol.
Ce que réclament aussi les populations de Kiffa, à l’est du pays, qui depuis des semaines manifestent sans relâche sur la route de l’Espoir, arrêtés et maltraités par les autorités. Ils réclament juste de l’eau potable.
L’état aux abonnés absents
La plupart des puits aménagés ou réhabilités, comme ici à Katawal dans la commune de Haar au Gorgol, l'ont été grâce aux actions d'organismes humanitaires. Crédit : Noorinfo/Mamoudou L. Kane
L’état est aux abonnés quasi-absents. Littéralement. C’est ce que l’on constate de visu sur le terrain. Les ONG locales, appuyées par les organismes internationaux, font tout. Que ce soit pour les mesures d’urgence liées à la faim, l’accès à l’eau dont ces populations ont cruellement besoin, ou les soins médicaux, l’état ne fait presque rien ou si peu dans certains domaines. A tel point que dans ces zones, le ministère du développement rural, par exemple, sensé s’occuper de faciliter l’agriculture et l’élevage des populations vulnérables, est appelé «ministère du dé-développement rural».
Au final, les populations fragilisées par ce contexte, préfèrent largement être en rapport avec les ONG. «Regardez le programme EMEL dont le gouvernement se gargarise. C’est un fiasco total» estime un des humanitaires sur le terrain, qui pointe du doigt la cupidité des commerçants pseudo-garants du succès de cette opération, et du manques de suivi de l’état, qui n’aurait aucune idée de ce qui se passe sur le terrain.
«Le programme EMEL, ou même le projet de lutte contre les séquelles liées à l’esclavage actifs au Guidimakha et au Gorgol sont un échec» affirme cinglant, un notable de Wompou. Pour lui, comme pour beaucoup de travailleurs humanitaires sur le terrain, les commerçants par qui passent les intrants, court-circuitent l’accès des populations les plus vulnérables aux intrants alimentaires ou agricoles, et revendent une grande partie de ce qui devrait être dû aux plus lésés par la crise alimentaire.
Les mêmes critiques reviennent quand on évoque l’aide que le ministère du développement rural est sensé apporter aux éleveurs. «Aucune des familles que vous voyez dans ce village, n’a reçu un seul sac de «rakal» qu’elles étaient sensées recevoir du gouvernement. Sans Oxfam, ACF, ou quelques ONG locales, on aurait beaucoup plus de bêtes mortes» enrage Isselmou Ould Mohamed, en montrant la boutique d’intrants alimentaires pour l’élevage, à Taboit, ouverte par ACF.
« Ce sont des actes criminels, ce que font les représentants des autorités dans ces zones, contre lesquels Aziz devrait vraiment lutter si il veut être crédible, au lieu de brasser du vent sur Birame Ould Abeid par exemple. On s’en fout ! Ici ce sont nos enfants qui ont faim, et nos bétails qui meurent ! C’est infiniment plus «haram» de laisser une telle situation perdurer sans proposer l’esquisse sérieuse d’une solution, que de brûler un livre ! Quand même ! » conclut énervé, un des notables de la commune de Monguel.
«La mauvaise pluviométrie de ces dernières années n’a pas permis de restaurer les nappes phréatiques» concède à côté Zeinabou Mint Mamadou Ould Neji, habitante du village. Elle explique que chaque famille a droit à six bidons de 20 litres par jour. La source se tarissant il paie souvent de l’eau de leur poche pour se faire transporter de l’eau. «Et ces transporteurs nous ramènent l’eau des oueds !» se plaint la sexagénaire.
«L’eau est au centre de tout dans ces zones. Rien de ce que vous pourriez les aider à réaliser n’aurait de sens sans l’assurance de la pérennisation de l’accès à l’eau» assure Souleymane Sarr, humanitaire à OXFAM, qui agit activement au Gorgol.
Ce que réclament aussi les populations de Kiffa, à l’est du pays, qui depuis des semaines manifestent sans relâche sur la route de l’Espoir, arrêtés et maltraités par les autorités. Ils réclament juste de l’eau potable.
L’état aux abonnés absents
La plupart des puits aménagés ou réhabilités, comme ici à Katawal dans la commune de Haar au Gorgol, l'ont été grâce aux actions d'organismes humanitaires. Crédit : Noorinfo/Mamoudou L. Kane
L’état est aux abonnés quasi-absents. Littéralement. C’est ce que l’on constate de visu sur le terrain. Les ONG locales, appuyées par les organismes internationaux, font tout. Que ce soit pour les mesures d’urgence liées à la faim, l’accès à l’eau dont ces populations ont cruellement besoin, ou les soins médicaux, l’état ne fait presque rien ou si peu dans certains domaines. A tel point que dans ces zones, le ministère du développement rural, par exemple, sensé s’occuper de faciliter l’agriculture et l’élevage des populations vulnérables, est appelé «ministère du dé-développement rural».
Au final, les populations fragilisées par ce contexte, préfèrent largement être en rapport avec les ONG. «Regardez le programme EMEL dont le gouvernement se gargarise. C’est un fiasco total» estime un des humanitaires sur le terrain, qui pointe du doigt la cupidité des commerçants pseudo-garants du succès de cette opération, et du manques de suivi de l’état, qui n’aurait aucune idée de ce qui se passe sur le terrain.
«Le programme EMEL, ou même le projet de lutte contre les séquelles liées à l’esclavage actifs au Guidimakha et au Gorgol sont un échec» affirme cinglant, un notable de Wompou. Pour lui, comme pour beaucoup de travailleurs humanitaires sur le terrain, les commerçants par qui passent les intrants, court-circuitent l’accès des populations les plus vulnérables aux intrants alimentaires ou agricoles, et revendent une grande partie de ce qui devrait être dû aux plus lésés par la crise alimentaire.
Les mêmes critiques reviennent quand on évoque l’aide que le ministère du développement rural est sensé apporter aux éleveurs. «Aucune des familles que vous voyez dans ce village, n’a reçu un seul sac de «rakal» qu’elles étaient sensées recevoir du gouvernement. Sans Oxfam, ACF, ou quelques ONG locales, on aurait beaucoup plus de bêtes mortes» enrage Isselmou Ould Mohamed, en montrant la boutique d’intrants alimentaires pour l’élevage, à Taboit, ouverte par ACF.
« Ce sont des actes criminels, ce que font les représentants des autorités dans ces zones, contre lesquels Aziz devrait vraiment lutter si il veut être crédible, au lieu de brasser du vent sur Birame Ould Abeid par exemple. On s’en fout ! Ici ce sont nos enfants qui ont faim, et nos bétails qui meurent ! C’est infiniment plus «haram» de laisser une telle situation perdurer sans proposer l’esquisse sérieuse d’une solution, que de brûler un livre ! Quand même ! » conclut énervé, un des notables de la commune de Monguel.