Côte d’Ivoire : Les armes vont-elles faire échec à la solution diplomatique ?

L’escalade de la violence plonge la Côte d’Ivoire dans des tueries massives estimées maintenant à près de cinq cent personnes tuées à l’arme lourde ou l’arme blanche au moment où la communauté africaine à travers l’Union africaine tente de dénouer la crise ivoirienne.



Côte d’Ivoire : Les armes vont-elles faire échec à la solution diplomatique ?
De violents affrontements ont déclenché alors que cette mission de chefs d’Etat l’Ua était présente à Abidjan, de lundi 22 à mercredi 23 janvier, faisant une vingtaine de morts dans plusieurs villes du pays.

Ces faits dramatiques alourdissant forcément le bilan provisoire des dégâts matériels et des pertes en vies humaines depuis le déclenchement, début décembre, de la crise post-électorale dénotent à l’évidence de l’impatience des parties au conflit de vouloir prendre le dessus de la guerre de légitimité qui oppose les "présidents’’ Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.

Tout deux revendiquent le fauteuil présidentiel depuis l’issue controversée du scrutin du 28 novembre 2010 au terme duquel la Commission électorale Indépendante (CEI) a déclaré « vainqueur » Alassane Ouattara et le Conseil constitutionnel faisant droit à des réclamations pour « fraudes » a proclamé Laurent Gbagbo président élu.

Mais la reconduction de M. Gbagbo, pour cinq ans, après dix années passées au pouvoir rencontre de réelles difficultés au nombre desquelles on note les implacables sanctions économiques, financières et diplomatiques allant de la suspension de visas, à la relève des ambassadeurs en passant par le gel des avoirs.

La solution politique ou diplomatique à savoir la médiation de la "dernière chance’’ de l’Union africaine est menacée par l’intransigeance manifeste des clans rivaux qui se livre à une démonstration de force qui n’est que l’expression de leur pessimisme à l’efficacité des médiations.

Avant même l’ouverture de la médiation des chefs d’Etat de l’Ua les frères ennemis ivoiriens ont confessé ce pessimisme, déclarant ouvertement qu’une alternative négociée ne peut sortir le pays de l’impasse.

Au lendemain du 16è sommet des chefs d’Etat de l’Ua à Addis-Abeba, Guillaume Soro premier ministre d’Alassane Ouattara confiait sa déception quant au recours fait par la communauté africaine à un comité de haut niveau pour le règlement de la crise.

L’Ua ne peut pas faire partir Laurent Gbagbo, s’est désolé M. Soro, déçu, et affichant sa faveur pour l’intervention militaire décidée par la Cédéao en décembre mais mise en stand by. Guillaume Soro également ministre de la Défense et Secrétaire général de l’ex-rébellion des forces nouvelles est formel : seule la force peut déloger M. Gbagbo.

Pascal Affi N’Guessan président du Front Populaire Ivoirien (FPI), parti fondé en 1983 par Laurent Gbagbo alors dans l’opposition clandestine, et ex-porte-parole du candidat Gbagbo de la majorité présidentielle pendant la campagne électorale partage aussi l’avis que l’Ua ne peut pas régler la crise ivoirienne.

L’armée des forces de défense et de sécurité loyale à M. Gbagbo estime, elle, que si la guerre doit déclencher, il faut qu’elle soit âpre. C’est d’ailleurs la raison de la résistance qu’elle oppose aux « rebelles » dans la commune pro-Ouattara d’Abobo (au nord d’Abidjan).

Les deux armées s’affrontent donc depuis le 16 décembre où le camp Ouattara a lancé une marche d’installation de son gouvernement et que le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) a déclaré la « désobéissance civile » à travers marches de protestation et absentassions à toutes activités professionnelles.

Il est indéniable que les germes d’une guerre fratricide sont réunis ainsi que le redoute les observateurs étrangers au nombre desquels l’ONU, qui déplore la résurgence de la violence et du niveau inquiétant qu’elle atteint en si peu de temps.

L’ONU mettant en garde contre l’imminence d’une guerre civile si l’intervention de tous les espoirs de l’union africaine échouait prévient aussi de l’imminence de la chute dans le gouffre de la Côte d’Ivoire, 40% du PIB de l’Uemoa, pays far de l’Afrique de l’Ouest.

Les solutions « contraignantes » pour MM. Gbagbo et Ouattara pourront-elles vraiment préserver ce poumon économique de l’embrasement ? Entre doute et espoir on attend, le cœur serré.

Afriscoop

Vendredi 25 Février 2011
Boolumbal Boolumbal
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