Comment sauver le secteur de la santé de la déliquescence ?



Comment sauver le secteur de la santé de la déliquescence ?
La nomination, par l’actuel pouvoir dirigé par le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz du Dr Cheikh El Moktar Ould Horma Ould Babana aux commandes du ministère de la santé, a été largement saluée, car correspondant au profil rare de spécialité qui faisait généralement défaut dans les cooptations aux fonctions de grande responsabilité.

C’est, peut-on se permettre de dire, mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, car un Dr donnerait le maximum de lui-même s’il est promu dans le secteur de sa formation et de sa vocation professionnelle.

Mais, d’autres obstacles, non des moindres sont là, qui doivent être surmontés pour que le train de réforme et de redressement voulu par les actuels pouvoirs publics puisse se concrétiser.

En effet, le Dr ministre de la santé est confronté à l’impérieuse nécessité de mettre le personnel soignant, du Dr à l’agent simple de santé, dans d’excellentes conditions pour assurer l’apport attendu des ressources humaines.

Face à ce premier pari, il y a également urgence pour le Dr Cheikh El Moktar Ould Horma Ould Babana d’interdire aux médecins affiliés à la fonction publique de travailler dans les cliniques privées.

Ceci est d’autant plus vrai, que ces Dr ont souvent tendance à donner priorité au travail de leur cabinet privé qu’aux charges pour lesquelles ils ont été recrutés par l’Etat.

Un portrait visible à longueur des journées dans les hôpitaux, les dispensaires ou centres de santé, où les longues files d’attente de patients, se voient dire pour les plus pressés d’entre eux, de solliciter les services des médecins, des laborantins ou des radiologues auprès de leurs cliniques privées.

Les praticiens les plus assidus n’ont quant à eux pas la tête présente. Au cours des consultations et autres prestations cliniques, ils ont toujours l’esprit ailleurs, occupé par le manque à gagner que peut susciter leur absence de leur clinique où des patients, après avoir payé les frais de consultation attendent le « Dr cupide et affairiste ».

Ce portrait déplorable de notre secteur sanitaire n’est pourtant pas le résultat de déficit en ressources humaines ou d’équipements. En effet, le pays pullule de médecins de toutes les spécialités.

Depuis le mouvement de rectification du 6 août 2008, plusieurs scanners de dernier cri et des équipements cliniques de pointe ont été acquis par les structures sanitaires.

A cela, s’ajoute les incitations financières données par le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz en personne, lors de la campagne électorale, qui avaient permis à des hôpitaux de bénéficier d’aides de plusieurs millions d’Um, comme à Nema, Nouadhibou et Zouerate.

Mais face à cette offre médicale largement suffisante, on se trouve devant une situation paradoxale qui fait qu’à chaque départ d’un vol d’avion vers l’étranger, les évacuations cliniques se chiffrent par dizaines, alourdissant considérablement les charges de l’Etat.

Tout cela s’explique par le fait que chaque médecin ou pharmacien embauché par la fonction publique détient sa propre clinique ou pharmacie, alors que leurs bureaux dans les hôpitaux sont fermés désertés sinon confiés à des non spécialistes.

Pour parer à ces impardonnables déperditions professionnelles dans le secteur de la santé, l’Etat doit commencer au plus vite à mettre le personnel soignant dans de très bonnes conditions, pour que les employés publics se concentrent uniquement à l’accomplissement de leur travail.

D’ailleurs, le Président de la République a donné toutes les instructions dans ce sens et ne manquera pas de faire régulièrement des visites inopinées pour s’assurer de l’exécution de ses recommandations relatives à l’amélioration des conditions des populations, notamment pour ce qui est des soins de santé.

Autant dire donc que le secteur de la santé a besoin d’un grand coup de balai pour que le personnel soignant se consacre au travail dans l’honnêteté et le dévouement, surtout qu’il s’agit de fonctionnaires publics qui ont prêté serment pour s’acquitter de cette noble mission.

Toujours dans ce cadre, aux dernières nouvelles le ministre de la Santé Dr Cheikh El Moktar Ould Horma Ould Babana aurait affirmé que son département travaillera d’arrache-pied pour mettre fin aux évacuations sanitaires à l’étranger dans les deux prochaines années.

Mais, pourquoi attendre deux ans et pas trois mois, alors que le pays regorge de compétences et de logistique de santé pour éviter au budget de l’Etat de supporter les énormes dépenses consécutives aux évacuations à l’étranger.

Si le pays devra attendre deux ans, il supportera pendant cette même période d’énormes sommes de devises, dont l’investissement immédiat peut donner à notre secteur de la santé son nom de citée qu’il a perdu depuis quelques décennies.

D’ailleurs, attendre deux ans sur un mandat présidentiel de 5 ans, c’est pas du tout logique pour un président aux motivations réformistes sincères.

Mohamed Salem O/ Haïba

Source: Le veridique

Dimanche 30 Août 2009
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