Mon Président vient de rentrer dans la salle dédiée au conseil hebdomadaire du gouvernement. Tous les ministres étaient là, de plus en plus hirsutes. Leurs ongles, de plus en plus longs, laissent transparaître des tas d’immondices où rivalisent les résidus du couscous préparé à la sauce aux abatis, assortis d’une pincée de morve sèche produite pendant la semaine écoulée, avec les croutes ramassées, ça et là, des différentes parties des corps ministériels. Des ministres dégueulasses, en somme, qui rassurent la passion présidentielle. Mon Président jette un regard torve sur les ministres, jubile intérieurement de l’état de désolation ministérielle, et prend place sur son siège. Il dépose son porte-calculatrice devant lui, sur la table. Les yeux de mon Président fixent la calculette. Il ne regarde jamais les personnes en face, mon Président. Il n’aime pas regarder, ni l’être. Il essaie toujours que son regard se porte sur autre chose qu’une âme humaine. Mon Président préfère regarder une calculatrice. Il est fasciné par les calculettes. A chaque fois que mon Président manipule une calculette, il reste hébété sous la sensation que lui confère ce défilé de chiffres impressionnant qui parait sur la petite bande écran de ce bidule à chiffres.
Mon Président, pour annoncer l’ouverture de la séance, dit : ‘’Bon !’’ Son téléphone sonne, soudainement. Il est très rare que le téléphone de mon Président sonne en plein conseil des ministres. Il faut vraiment que l’affaire soit trop grave pour le déranger. Cela est arrivé une ou deux fois, mais c’était effectivement très sérieuse, l’affaire. Une fois, c’était l’une de concubine roulante du président qui a un éclatement au niveau du pneu. Un Toyota Hilux, on s’en souvient. C’est un peu une entorse de la cheville chez les humains. Cette fois-ci le sérieux de l’appel était évident. Le visage de mon Président dit toute la teneur du chagrin qu’il vient d’apprendre. Il transpire, en déferlante, sa mine devient comme anémiée, son corps faiblit.
Le Premier ministre, le grand connaisseur de l’univers présidentiel se penche sur lui et l’interroge:
- Laquelle ?
Mon président lui répond, en sanglots :
- C’est la V8...
Le Premier ministre, en larmes, ordonne aux ministres qu’ils peuvent disposer et le laisser seul avec mon Président. Les ministres feignant la tristesse qui s’abat sur le haut lieu de la République et quittent la salle…
A suivre…
Mouna Mint Ennass
Mon Président, pour annoncer l’ouverture de la séance, dit : ‘’Bon !’’ Son téléphone sonne, soudainement. Il est très rare que le téléphone de mon Président sonne en plein conseil des ministres. Il faut vraiment que l’affaire soit trop grave pour le déranger. Cela est arrivé une ou deux fois, mais c’était effectivement très sérieuse, l’affaire. Une fois, c’était l’une de concubine roulante du président qui a un éclatement au niveau du pneu. Un Toyota Hilux, on s’en souvient. C’est un peu une entorse de la cheville chez les humains. Cette fois-ci le sérieux de l’appel était évident. Le visage de mon Président dit toute la teneur du chagrin qu’il vient d’apprendre. Il transpire, en déferlante, sa mine devient comme anémiée, son corps faiblit.
Le Premier ministre, le grand connaisseur de l’univers présidentiel se penche sur lui et l’interroge:
- Laquelle ?
Mon président lui répond, en sanglots :
- C’est la V8...
Le Premier ministre, en larmes, ordonne aux ministres qu’ils peuvent disposer et le laisser seul avec mon Président. Les ministres feignant la tristesse qui s’abat sur le haut lieu de la République et quittent la salle…
A suivre…
Mouna Mint Ennass
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