Burkina Faso : Compaore n’a pas encore compris son peuple

La quiétude est revenue au « pays des hommes intègres » mais combien de temps va-t-elle durer ? Une question que tout esprit sensé doit se poser, au regard du remaniement gouvernemental effectué ce 21 avril et qui est loin de répondre aux aspirations profondes des Burkinabé



Burkina Faso : Compaore n’a pas encore compris son peuple
.On ne bouleverse pas l’organisation d’un pouvoir qui gagne depuis 1987. C’est le message que le discret Blaise Compaore a voulu envoyer à son peuple, en communiquant ce jeudi 21 avril la composition de son nouveau gouvernement. Sur 29 ministres d’un cabinet qui se veut restreint, 15 sont de nouvelles têtes. Mais sur le fond, les “serviteurs” du chef de l’exécutif au Faso proviennent toujours du même sérail : soit le Cdp (au pouvoir), soit des partis que l’on qualifierait de satellites dans le marigot politique burkinabé.

Dans le cadre du bras de fer psychologique que les contestataires de son régime ont engagé contre lui depuis le début de l’année 2011, le militaire Compaore a donc voulu leur dire ce 21 avril : « J’ai été ébranlé dans mes certitudes mais je tiens plus que jamais la route » ! A l’image des patrons des meilleurs pouvoirs autistes en Afrique noire, le régime du Cdp ne juge pas encore opportun d’opérer de profondes réformes à même d’apaiser la colère de son peuple. C’est d’ailleurs pour mieux gérer d’éventuelles et nouvelles colères de la population que B. Compaore s’est octroyé le maroquin de la Défense.

Adieu l’ouverture, en avant le « compaoreisme »

Que l’on ne s’y trompe pas ! Le célèbre médiateur Blaise n’a aucunement envie d’abandonner le navire Burkina dans les semaines ou mois qui vont venir. L’éruption du mécontentement général sur son sol natal exigeait que l’on y apporte des réponses plus innovantes que celles de ce 21 avril. Celles de ce « jeudi saint » sont à des années-lumière des attitudes de concession qu’a affichées ces dernières semaines le pouvoir de Ouagadougou. Les Burkinabé n’ont nullement besoin en ce moment d’un chef de l’exécutif fort, mais plutôt d’un président qui soit à l’écoute de leurs cris du cœur.

L’ouverture progressive du régime burkinabé à la contestation voudrait que le gouvernement formé ce jeudi soit une étape cruciale vers une recherche consensuelle de solutions aux maux du pays. Une démarche qui commandait donc que de vrais opposants fassent leur entrée dans la nouvelle équipe gouvernementale. Ou encore que d’importantes décisions soient annoncées par la présidence pour amoindrir les disparités sociales frappantes au « pays des hommes intègres ». Au nom de l’impérieuse préservation de la paix en Afrique occidentale, croisons les doigts pour que la Pâques 2011 inspire les nouveaux ministres de Blaise Compaore. Une chose est évidente désormais dans ce pays : les habitants n’ont plus peur des armes des militaires.

AFRISC

Dimanche 24 Avril 2011
Boolumbal Boolumbal
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