
Depuis le début de l’hivernage, un litige foncier et domanial oppose les rapatriés du site de Weendu Idy à leurs voisins de Sabou Allah (département de Bababé) qui voient d’un mauvais œil l’occupation de « leurs terres » par de « nouveaux venus ».
Tout a commencé en effet au mois de juillet, lorsqu’un nommé El Hassane Ould Bilal issu du village de Sabou Allah, accompagné de sept jeunes gens, est venu arracher les pieux délimitant les 18 lots attribués sur instruction du Hakem de Bababé aux 57 familles rapatriés de Weendu Idy (318 personnes au total) par le convoi N°61 du dimanche 12 juillet 2009.
Les habitants de Sabou Allah revendiquent leurs droits de propriété sur ces terres arables bien qu’ils ne disposent pas d’un permis d’occuper mais d’une simple proposition d’attribution datant des années 89.
Face à ce conflit latent qui pourrait, s’il n’est pas jugulé à temps, entraîner des conséquences incalculables, le coordinateur départemental de l’AMDH, M. Djigo Moussa a saisi le hakem de Bababé, M. Cheikh Tidjani Ould Balla Cherif mais sa saisine est restée sans suite.
L’Association de défense des droits de l’Homme avait alors demandé « le respect des accords tripartites » et suggéré « aux autorités concernées de régler rapidement ce problème récurrent qui entrave l’action du HCR, de l’Intersos, de la GTZ, de l’ANAIR et des autres partenaires qui interviennent dans l’appui aux rapatriés ».
Quant aux concernés eux-mêmes, ils ont adressé deux demandes d’attribution de parcelles d’habitation datées du 26 septembre 2009, l’une au Hakem de Bababé, l’autre au Wali du Brakna auxquels ils ont tenu à rappeler que leur occupation du site de Weendu Idy est antérieure aux évènements de 1989.
A ce conflit de propriété domaniale qui est resté sans solutions, s’est ajouté un autre plus grave : au moment où commence le retrait des eaux pour les cultures de décrue, les habitants de Sabou Allah à majorité haratine affichent leur détermination farouche à exploiter “leurs” terres arables. C’est ainsi que le mardi 13 octobre, une vive altercation a opposé un rapatrié nommé Mamoudou Ndongo à Alioune Ould Berrouk, originaire du village voisin de Sabou Allah.
Selon des témoins, ce dernier aurait proféré des propos racistes à l’endroit des rapatriés les qualifiant de « sénégalais qui ne disposent d’aucun droit sur les domaines agricoles en question ». 27 rapatriés de Weendu Idy ont déposé des plaintes d’expropriation contre le projet de Abdel Wedoud. A Ndiawaldi (département de Mbagne), les nouveaux venus se plaignent aussi du projet non exploité de Ould jilly.
C’est dans ce cadre que le coordinateur départemental de l’AMDH a, dans un rapport adressé à ses supérieurs mais aussi au HCR et au CNDH, rappelé qu’il est « urgent que les autorités prennent des mesures définitives afin de régler tous les litiges fonciers en application des textes en vigueur et surtout de la lettre circulaire N°3 du 4 mai 2009 signée par le ministère de l’intérieur ». Plus loin, il propose « la mise en place d’une commission d’enquête afin d’identifier les véritables propriétaires terriens ».
Ces conflits récurrents dans la vallée du fleuve Sénégal depuis près de 20 ans sont la conséquence logique de la mauvaise application de l’ordonnance 83 / 127 du 5 juin 1983 instituant une réforme foncière et domaniale en Mauritanie dans la perspective de l’après-barrages.
Sous l’ère Taya, des Walis et des Hakems zélés ont procédé à des attributions foncières et domaniales anarchiques et arbitraires faisant fi des textes et règlements en vigueur. C’est ainsi que nous assistons périodiquement à des affrontements sanglants opposant les anciens propriétaires autochtones qui font prévaloir des droits coutumiers aux nouveaux occupants qui brandissent des pièces dûment signées par des administrateurs locaux. Les exemples sont nombreux :
Sylla en 1992, Dar El Barka en 1996 et plus récemment à Aéré Mbar, Bour, Thialgou ou Bababé. Cette politique qui consiste à « déshabiller saint-pierre pour habiller Saint-paul » a porté un grave préjudice à la cohésion nationale.
Concernant le cas spécifique des rapports entre les rapatriés du Sénégal et leurs voisins, les autorités doivent appliquer les termes de l’accord tripartite signé en novembre 2007 entre notre pays, la République sœur du Sénégal et le HCR pour garantir un retour digne et organisé de milliers de mauritaniens exilés à la suite des douloureux évènements de 1986.
Il s’agira donc de rétrocéder à ceux-ci leurs terres spoliés tout en s’attachant à ne pas léser les intérêts de leurs voisins (re)trouvés sur place car l’Etat est censé protéger tous les citoyens sans distinction de race, de sexe, d’ethnie et de tribu.
C’est le seul gage de la préservation de la paix civile et de la consolidation de notre unité nationale.
Dia Abdoulaye
ablayedia8@gmail.com
Source: www. Cridem.org
Tout a commencé en effet au mois de juillet, lorsqu’un nommé El Hassane Ould Bilal issu du village de Sabou Allah, accompagné de sept jeunes gens, est venu arracher les pieux délimitant les 18 lots attribués sur instruction du Hakem de Bababé aux 57 familles rapatriés de Weendu Idy (318 personnes au total) par le convoi N°61 du dimanche 12 juillet 2009.
Les habitants de Sabou Allah revendiquent leurs droits de propriété sur ces terres arables bien qu’ils ne disposent pas d’un permis d’occuper mais d’une simple proposition d’attribution datant des années 89.
Face à ce conflit latent qui pourrait, s’il n’est pas jugulé à temps, entraîner des conséquences incalculables, le coordinateur départemental de l’AMDH, M. Djigo Moussa a saisi le hakem de Bababé, M. Cheikh Tidjani Ould Balla Cherif mais sa saisine est restée sans suite.
L’Association de défense des droits de l’Homme avait alors demandé « le respect des accords tripartites » et suggéré « aux autorités concernées de régler rapidement ce problème récurrent qui entrave l’action du HCR, de l’Intersos, de la GTZ, de l’ANAIR et des autres partenaires qui interviennent dans l’appui aux rapatriés ».
Quant aux concernés eux-mêmes, ils ont adressé deux demandes d’attribution de parcelles d’habitation datées du 26 septembre 2009, l’une au Hakem de Bababé, l’autre au Wali du Brakna auxquels ils ont tenu à rappeler que leur occupation du site de Weendu Idy est antérieure aux évènements de 1989.
A ce conflit de propriété domaniale qui est resté sans solutions, s’est ajouté un autre plus grave : au moment où commence le retrait des eaux pour les cultures de décrue, les habitants de Sabou Allah à majorité haratine affichent leur détermination farouche à exploiter “leurs” terres arables. C’est ainsi que le mardi 13 octobre, une vive altercation a opposé un rapatrié nommé Mamoudou Ndongo à Alioune Ould Berrouk, originaire du village voisin de Sabou Allah.
Selon des témoins, ce dernier aurait proféré des propos racistes à l’endroit des rapatriés les qualifiant de « sénégalais qui ne disposent d’aucun droit sur les domaines agricoles en question ». 27 rapatriés de Weendu Idy ont déposé des plaintes d’expropriation contre le projet de Abdel Wedoud. A Ndiawaldi (département de Mbagne), les nouveaux venus se plaignent aussi du projet non exploité de Ould jilly.
C’est dans ce cadre que le coordinateur départemental de l’AMDH a, dans un rapport adressé à ses supérieurs mais aussi au HCR et au CNDH, rappelé qu’il est « urgent que les autorités prennent des mesures définitives afin de régler tous les litiges fonciers en application des textes en vigueur et surtout de la lettre circulaire N°3 du 4 mai 2009 signée par le ministère de l’intérieur ». Plus loin, il propose « la mise en place d’une commission d’enquête afin d’identifier les véritables propriétaires terriens ».
Ces conflits récurrents dans la vallée du fleuve Sénégal depuis près de 20 ans sont la conséquence logique de la mauvaise application de l’ordonnance 83 / 127 du 5 juin 1983 instituant une réforme foncière et domaniale en Mauritanie dans la perspective de l’après-barrages.
Sous l’ère Taya, des Walis et des Hakems zélés ont procédé à des attributions foncières et domaniales anarchiques et arbitraires faisant fi des textes et règlements en vigueur. C’est ainsi que nous assistons périodiquement à des affrontements sanglants opposant les anciens propriétaires autochtones qui font prévaloir des droits coutumiers aux nouveaux occupants qui brandissent des pièces dûment signées par des administrateurs locaux. Les exemples sont nombreux :
Sylla en 1992, Dar El Barka en 1996 et plus récemment à Aéré Mbar, Bour, Thialgou ou Bababé. Cette politique qui consiste à « déshabiller saint-pierre pour habiller Saint-paul » a porté un grave préjudice à la cohésion nationale.
Concernant le cas spécifique des rapports entre les rapatriés du Sénégal et leurs voisins, les autorités doivent appliquer les termes de l’accord tripartite signé en novembre 2007 entre notre pays, la République sœur du Sénégal et le HCR pour garantir un retour digne et organisé de milliers de mauritaniens exilés à la suite des douloureux évènements de 1986.
Il s’agira donc de rétrocéder à ceux-ci leurs terres spoliés tout en s’attachant à ne pas léser les intérêts de leurs voisins (re)trouvés sur place car l’Etat est censé protéger tous les citoyens sans distinction de race, de sexe, d’ethnie et de tribu.
C’est le seul gage de la préservation de la paix civile et de la consolidation de notre unité nationale.
Dia Abdoulaye
ablayedia8@gmail.com
Source: www. Cridem.org