Bilan de l’AMSME sur les violences sexuelles à Nouakchott



Bilan de l’AMSME sur les violences sexuelles à Nouakchott
20 enfants âgés de 0 à 05 ans ont été victimes à Nouakchott en 2009.
Pour l’année 2009, l’association mauritanienne pour la santé de la mère et de l’enfant (AMSME) a recensé 205 cas de violences sexuelles à Nouakchott au niveau de son centre pour conseils et prise en charge des victimes de ces violences sexuelles.

Pour la présentation de ce bilan, l’AMSME a organisé une journée au niveau de son centre situé à El Mina.
Premier constat qui se dégage du rapport de l’AMSME, les filles mineures (moins de 18 ans) sont les principales victimes des violences sexuelles. Elles ont été victimes de 164 des 205 cas recensés à Nouakchott en 2009. 17 cas concernent des femmes majeures et 24 des garçons en majorité ayant moins de 18 ans. Au cours de l’année 2009, 20 enfants âgés de 0 à 05 ans ont été victimes de violences sexuelles, 34 âgés de 06 à 09 ans, 91, de 10 à 15 ans, 43 de 16 à 18 ans, et 17 de 19 à 35 ans.
Pour un total de 205 victimes de violences sexuelles, il y a eu 300 agresseurs. Raisons de la différence : Les agresseurs s’y prennent souvent à plusieurs. Pour le profil des auteurs d’agressions sexuelles, le constat est : ce ne sont pas seulement les délinquants et proxénètes. Il y a aussi les proches cousins, père, beaux parents, amis de la famille, voisins, enseignants, camarades de classes mari, boutiquiers, taximen, forces de l’ordre et employeurs.
Du viol simple à la sodomie
Les types d’agressions vont du viol « simple » à la maltraitance en passant par les viols collectifs, viols suivi de grossesse, tentatives de viol, sodomie et exploitation/abus sexuels. Le bilan 2009 de l’AMSME relève le cas d’une victime «agressée et déviergée par une femme pédophile par l’introduction du doigt dans le vagin et celui de deux garçons sodomisés par des homosexuels.»
Concernant les le domicile des victimes, la triste palme revient au quartier El Mina avec 41 cas, suivi de Dar Naim 34, de Sebkha 22. Tevragh Zeina ferme la marche avec 09 cas. Du suivi juridique des cas recueillis au centre El Wafa en 2009, il ressort que les violences sexuelles sont souvent traitées par Massalaha (arrangement). Ces règlements à l’amiable, souvent au détriment des victimes, représentent 89 des 205 cas.
34 dossiers sont en attente à la cour criminelle et à la cour d’appel, une victime est sous contrôle judiciaire, 03 présumés agresseurs en liberté provisoire, 16, sous contrôle judiciaire, 27 en détention préventive, 15 non retrouvés. Seul 05 dossiers ont été jugés. Maitre Bilal Ould Dick a expliqué ce chiffre par le flou entourant la législation sur la répression des violences sexuelle. Les magistrats, face à ce flou, ont souvent recours à l’article du code pénal traitant des atteintes aux bonnes mœurs.
Néanmoins, l’AMSME « a constaté une nette amélioration de l’assistance juridique par rapport à l’année 2008, avec le jugement de cinq dossiers et condamnation de deux agresseurs à deux ans ferme dont un avec flagellation.
L’AMSME fera des recommandations adressé aux ministères de l’éducation, de la défense, des transports…
L’AMSME, créée en 2000 travaille dans le domaine de la santé reproductive en tant que droit de la femme.
Après la présentation du bilan par Zeinabou Mint Taleb Moussa, présidente de l’AMSME, il a été recueilli quelques témoignages
• Z, une femme d’une cinquantaine d’année : « Au tribunal, les quatre violeurs étaient arrogants ».
Ma fille de 15 ans a été violée par quatre jeunes hommes. Au commissariat, elle a été traitée comme si elle était coupable. J’ai du accepter un arrangement pour qu’elle ne reste pas en prison. Ma fille est actuellement traumatisée. Elle a peur. Justice n’a pas été rendue. Au tribunal, les jeunes auteurs du viol, étaient arrogants. »
• F, une femme d’une quarantaine d’année : « Ma fille de 12 ans a été violée par son père »
Ma fille de 12 ans a été violée par son père. Le père a pris un couteau et a dit à ma fille ; si tu crie, je te tue et je tue ta mère. Il a été pris en flagrant délit au moment ou il l’a violée. Maintenant, je suis seule. Je fais des allers-retours entre la police et le tribunal. J’ai demandé le divorce et je ne l’ai pas encore obtenu. On m’a demandé de cacher le problème. J’ai refusé. Mais en le racontant, j’ai toujours honte.

Khalilou Diagana

Source: Divan






Vendredi 8 Janvier 2010
Boolumbal Boolumbal
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