Au RFD : vers la destitution de Ould Daddah ?



Au RFD : vers la destitution de Ould Daddah ?
La gronde qui couve au sein du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) depuis la dernière présidentielle est en train d'éclater au grand jour, alors que de plus en plus de voix réclament un congrès extraordinaire. Certain vont même jusqu'à exiger le départ d'Ahmed Ould Daddah, président historique du parti. Une première.

Les mécontents invoquent la nécessité de faire le bilan et de se projeter dans l'avenir mais les proches de Ould Daddah craignent, quant à eux, que l’opportunité ne se transforme en un réquisitoire contre le chef.

Un cadre du RFD déclare, à Taqadoumy : "le congrès est nécessaire afin de clarifier la stratégie du parti. On doit, une bonne fois pour toute, nous poser la question fondamentale : sommes-nous condamnés à suivre l'unique mot d'ordre "Ahmed président", ou serions-nous capable d'avoir une autre attitude, c'est à dire gagner des mairies, des sièges au Parlement sans avoir en tête cette obsédante question de la présidentielle ? On doit d'abord montrer, sur le terrain, ce dont on est capable, ensuite briguer la Présidence".

Et lorsque l'on évoque l'avenir de Ould Daddah, notre interlocuteur répond, visiblement évasif et gêné : "nous verrons. Déjà, menons le travail du terrain et, d'ici 2014, peut être qu'une autre figure du parti émergera".

Ce qui a posé la question avec autant d'acuité reste sans nul doute le futur remaniement ministériel et la probable volonté du Président de la République de demander, à l'opposition, de participer à la gestion du pays. Si cela se confirme, alors il y a de quoi aiguiser les appétits de plusieurs cadres du RFD, peu enclin à une énième traversée du désert.

Un autre dirigeant se confie : "juste après la présidentielle et notre catastrophique troisième place (*), la question du départ de Ould Daddah a été posée. En interne, plusieurs jeunes militants ont estimé que, après tout, Ahmed a eu sa chance plusieurs fois (**). Il a fait ce qu'il a pu, maintenant, il doit laisser, à d'autres, la chance d'essayer à leur tour. Mais des voix plus sages ont préféré ne pas profiter de la défaite pour régler des comptes. Ils ont compté sur l'intelligence politique d'Ahmed, en se disant que, peut être, il comprendra et partira de lui même".

Et si Ahmed ne part pas ? A l’interrogation embarrassante, notre interlocuteur répond : "le RFD à un problème. A Ahmed de choisir : est ce qu'il veut faire partie de la solution, en tant que parrain et sage du parti ou est ce qu'il s’entêtera et provoquera un affrontement avec la jeunesse ?"

Un militant du parti évoque, lui aussi, la question du renouvellement de génération : "les jeunes, en tout cas ceux, nombreux, que j'ai rencontrés, pensent que l’OPA des vieux sur le parti est devenue inadmissible. On veut être dirigés par des personnes qui évoquent l'avenir, pas des anciens qui étaient là à l'Indépendance, avec le résultat que l'on sait"

Le vent de fronde souffle sur le parti. Tout le monde attend le retour d'Ahmed Ould Daddah qui tarde à revenir. Il se trouve aux Etats-Unis pour se reposer chez son fils Cheïkhouna mais le séjour se prolonge ; certains estiment qu'il y reste afin d’éviter d'affronter ses détracteurs.

Durant son absence, il a confié la gestion du parti à un triumvirat constitué de Mohamedhen Ould Babbah, Mohamed Mahmoud Ould Weddadi et Mohamed Abderahmane Ould Moïne.

"Trois jeunes qui incarnent l'avenir" estime, ironique, notre dernier interlocuteur.


____________________________________
* Le candidat du RFD est arrivé 3ème derrière Mohamed Ould Abdel Aziz et Messaoud Ould Boul kheïr

** Allusions aux présidentielles de 1991, 2003, 2007 et 2009, toutes perdues par Ould Daddah, sans compter celle de 1997 qu'il a préféré boycotter

Source: Taqadoumy

Dimanche 25 Octobre 2009
Boolumbal Boolumbal
Lu 300 fois



Recherche


Inscription à la newsletter