Affaires Biram Ould Abeid : Encore un piège tendu à Ould Abdel Aziz.

Je suis – et je reste – de ceux qui pensent que le président Ould Abdel Aziz a ses pires ennemis au sein même de sa « majorité » ! Une majorité qui, à y regarder de près, est celle-là même qui a perdu le président Taya et n’a pas hésité à le vouer aux gémonies le jour même où il a été destitué par le chef de sa garde rapprochée, comme l’a si bien dit le député de Nouadhibou, Ghassem Ould Bellali.



Affaires Biram Ould Abeid : Encore un piège tendu à Ould Abdel Aziz.
Je suis – et je reste – de ceux qui pensent que le président Ould Abdel Aziz a ses pires ennemis au sein même de sa « majorité » ! Une majorité qui, à y regarder de près, est celle-là même qui a perdu le président Taya et n’a pas hésité à le vouer aux gémonies le jour même où il a été destitué par le chef de sa garde rapprochée, comme l’a si bien dit le député de Nouadhibou, Ghassem Ould Bellali.

Je suis de ceux qui pensent que les transformations apportées par le président Aziz traduisent, dans les faits, « ce changement qu’on n’attendait pas ». Que n’attendait pas les « Gardiens du Temple ». Une Mauritanie où le statu quo ante est érigé en règle de conduite (de gouvernance).

Déjà, la lutte contre la gabegie a fait des centaines « d’orphelins », parmi ceux qui étaient habitués à puiser, en toute impunité, dans les caisses de l’Etat.



Les privilèges indus n’ont certes pas cessé mais ont tendance à baisser puisque la politique ne nourrit plus son homme. En tout cas, elle ne lui permet plus d’entretenir les cadres et militants qu’il présente comme une marchandise « à vendre » au pouvoir en place.

Tout cela pour dire que l’arrestation de Biram Ould Abeid, au motif qu’il a agressé une force publique alors qu’il était venu dénoncer un cas d’esclavage qu’il faut bien tirer au clair, est une conspiration contre Ould Abdel Aziz lui-même et son pouvoir. Oui, tout semble avoir été mené de sorte que la Mauritanie pâtisse, à nouveau, du statut infamant d’Etat policier, de démocratie de façade, de pays où le plus faible à toujours tort, d’absence de justice et de manipulations grossières.

J’ai regardé de près – de très près – les photos prises de ces « innocentes » petites filles qui, probablement, avaient été prise en photo pour la première fois. J’ai lu le compte-rendu de leur « réplique» à Biram et appris la nouvelle que leur géniteur va porter plainte pour ce qui est un préjudice moral subi alors que lui-même (en est-il conscient ?) n’est pas exempt de reproches.

J’ai ouïe dire que la TVM, pour une rare fois, a failli avoir du bon sens, en refusant de passer la « conférence de presse », tellement elle lui paraissait peu convaincante, mais que de fortes pressions l’aurait tout de pousser à agir dans le sens voulu par ceux qui cherche, coûte que coûte, à accabler Biram Ould Abeid et son IRA.

Aujourd’hui, une affaire d’esclavage, vraie ou fausse, mais qui devait d’abord être traitée comme telle pour blanchir la dame incriminée par Biram et son IRA ou confirmer son tort, a tout l’air d’avoir été malicieusement traitée comme on le faisait il y a trente ans encore.

Une résurgence d’un style anti-démocratique qui porte un rude coup à Ould Abdel Aziz lui-même plus qu’à Biram Ould Dah dont les idées sont aujourd’hui relayées par d’autre en Mauritanie et dans les quatre coins du monde. On est vraiment à en train de l’élever au statut de héros d’un cause, si c’est cela qu’on cherche à éviter. Et l’on aura, côté pouvoir, joué une fois encore à l’apprenti sorcier.

On peut même dire que plutôt que de tirer profit de la situation, en la traitant de manière objective, et sans que cela salisse outre mesure une partie de la communauté nationale ou le pouvoir en place (qu’on ne peut rendre responsable de l’esclavagisme supposé d’une citoyenne dont il faut prouver la culpabilité ou non), on a réussi « l’exploit » de recoller le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz au régime de Taya!

Et pire que cela, on détruit une solidarité « arabe » (entre maures blancs et maures noirs), au moment même où une autre est en train de prendre de l’ampleur entre les Haratines et les Négro-Mauritaniens, de par leur statut de « damnés de la terre » et d’oubliés du Système.

C’est en fait, d’une véritable conspiration contre Ould Abdel Aziz qu’il s’agit. Ceux qui sont avec lui prouvent par là qu’ils le font par crainte ou par appétit. Mais ils n’oublient pas également de multiplier les pièges et les coups tordus pour précipiter la chute d’un homme qui donne l’impression d’être «incontrôlable ». Au sens positif du terme, c’est-à-dire, n’acceptant pas de recourir trop souvent aux conseils peu avisés d’hommes politiques qui ont des privilèges à sauvegarder et non des principes à défendre.

Car, l’entourage d’un président veut toujours avoir son mot à dire dans la gestion des affaires de l’Etat et Ould Abdel Aziz n’est pas homme à se laisser influencer par ceux qui aspirent à un retour à l’âge des ténèbres. La déstructuration du système des privilèges savamment mis en place sous Ould Taya par ceux qui le prenaient en otage est en train de recréer les conditions d’un retour des narcissismes. Une sorte de « nous » d’abord, les autres ensuite.

Et c’est cela qui revient, très souvent, dans des discours réprobateurs du genre de ceux qui reprochent à Ould Abdel Aziz de voir les choses autrement que ne le font les élites politiques qui pensent qu’il faut toujours raisonner en classe dominante, ascendante ou décadente. Un « kowri » par là, un hartani par ci, cela vexe à la longue ceux qui ont toujours mis en avant le fameux quota du quart réservé à « l’autre Mauritanie » alors que le président Aziz n’en a cure.

Que tous les chefs d’Etat-major soient noirs, blancs, jaunes ou rouges, cela importe peu, pourvu qu’ils soient à la hauteur de la tâche qui leur est confiée.

Si j’évoque une telle singularité, c’est parce que j’ai trop souvent entendu, dans des lieux où l’on est censé être acquis au pouvoir, dire que trois chefs d’Etats majors sur quatre sont négro-mauritaniens, que les Haratines sont gâtés (Assemblée nationale, Intérieur, Justice, Conseil Constitutionnel, Conseil économique et social, Enseignement secondaire, Commerce), sans penser un instant que c’est justement cette manière de raisonner qui empêche la Mauritanie de venir à bout de ses tares congénitales.

Car le problème des nominations (avec quota) qu’on cherche à imposer à Ould Abdel Aziz est l’une des questions qui dénotent le plus de notre retard en démocratie et de la volonté de certains d’entretenir la confusion autour de la question de citoyenneté, de « mauritanité », à part entière ou non. C’est encore le retour insidieux de cette notion de partage du pouvoir que d’ailleurs entretient l’autre camp (les Négro-mauritaniens) comme réplique au désir d’exclusion ou de partage « inégal » du gâteau.

Et c’est à ce niveau que la mise à prix de la tête du militant des droits de l’homme qu’est Biram Ould Dah Ould Abeid se recoupe avec le plan de déstabilisation politique et sociale ourdi par des milieux du pouvoir contre le président Aziz. L’homme qui se veut - et qui se comporte – comme le « président des pauvres », malgré les accusations d’une opposition qui voit derrière son action plutôt des élans populistes, n’a pas que des soutiens dans sa majorité !

Une majorité qui, excusez le terme, est un « ramassis » d’hommes de bonne foi, démocrates, progressistes, comme on n’en trouve peut-être pas dans l’opposition, mais aussi de féodaux, de nationalistes chauvins, de politicards en perte de vitesse, de défenseurs des causes perdues, d’opportunistes et de « pécheurs » en eau trouble. C’est un cocktail explosif qui, deux décennies durant, a été manipulé avec précaution par le président Taya, jusqu’au jour où le vase a débordé.

Il y a aujourd’hui comme une sorte de répétition de l’Histoire. El Hor qui a été le premier mouvement antiesclavagiste en Mauritanie a vécu pire que ce que Biram Ould Dah Ould Abeid et ses compagnons d’infortune connaissent aujourd’hui. Et pourtant, il a donné des hommes de la trempe de Messaoud Ould Boulkheir, aujourd’hui président de l’Assemblée nationale, Boidiel Ould Houmeid et Mohamed Lemine Ould Ahmed (décédé), qui, quoique longtemps rangés du côté du pouvoir, sont des hommes de qualité, Boubacar Ould Messaoud, président de SOS-Esclaves, Mohameden Ould Kleïly (décédé),

Sidi Jaber, l’un des premiers mathématiciens de ce pays, décédé mystérieusement en Tunisie, en 1981, et d’autres encore que je ne saurai cité sans dévier cet article de la tonalité générale que je veux lui donner : quoi qu’on fasse, il faudra bien un jour que la question de l’esclavage soit réglé en Mauritanie. L’arrestation de Biram, justifiée ou non, n’est pas la fin de l’Histoire, comme le pensent ceux qui travaillent, depuis longtemps à « éliminer » l’IRA.

Exactement comme cela avait été fait, il y a trente avec El Hor. Les mauritaniens de tous bords gagneraient à voir la réalité en face et à œuvrer pour éviter la lente descente aux enfers que des pays au parcours similaires ont déjà commencé (Soudan, Cote d’Ivoire).

Amar Ould Bija
L'Authentique (Mauritanie)








source:cridem.org

Dimanche 26 Décembre 2010
Boolumbal Boolumbal
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