Affaire de la BCM Le syndrome "Mobutu "



Affaire de la BCM Le syndrome "Mobutu "
A l'image de Mohamed Ould Abdel Aziz, qui considère ses charges présidentielles comme un sacerdoce, le jeune président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila avait entonné lors de son discours d'investiture à la magistrature suprême, en décembre 2006 : "Fini la récréation ; les portes des prisons sont maintenant grandement ouvertes ". Mais contrairement à Ould Abdel Aziz, resté fidèle à sa logique au point de se faire construire une grande prison à Aleg pour "Moufçidines " dit-il, et qui a commencé déjà à remplir quelques cellules à Nouakchott, jamais en RDC les "gabegistes" ne s'en sont donnés à cœur joie. Aujourd'hui, les Congolais se plaignent. Trois ans après le discours du 6 décembre 2006, "aucun politicien congolais, aucun membre de l'entourage direct du Président, pourtant impliqués dans des actes de corruption et de mafia, n'est allé en prison " relève le site "La Conscience ".


Mobutu-Ould Taya


Le parallèle entre la Mauritanie et le Zaïre, devenu la RDC, résulte de quelques ressemblances assez troublantes dans le rapport entre le pouvoir politique et l'argent dans ces deux pays. Certes, Ould Taya n'a pas emporté sous le manteau une fortune aussi colossale que les 8 milliards de dollars U.S empoché par Mobutu. Mais il puisait par contre dans les caisses de la BCM. Chaque fois qu'il réclamait 1 million d'Euros ou de dollars, les intermédiaires en prenaient 3, gardant les deux millions pour arroser quelques hauts responsables. A ce rythme, le système de ponction en devise auprès de l'institution monétaire, enrichit plusieurs personnalités, dont des proches du président, tout en entraînant la faillite de l'Etat. Pour colmater les brèches causés par un saccage systématique des avoir monétaires du pays, la BCM utilisa la planche à billets à outrance et fabriqua ses faux chiffres, qui seront découverts après la chute du régime en 2005, entraînant le courroux des institutions de Bretton Woods.

Le pouvoir chancelant de Ould Taya, à partir de 2002-2003, accélèrera le processus de décaissement, objet aujourd'hui de l'enquête sur les 24 milliards de la BCM et l'implication de plusieurs banquiers et hommes d'affaires.


Chasse aux corrupteurs


Bien entendu, la Mauritanie ne connut pas l'ampleur de la déchirure interethnique au Zaïre, ni les milliers de mort causés par la guerre au nord Kivu. Mais le pouvoir de Ould Taya laissera à la postérité quelques pogroms, comme celui de 1989 et ses milliers de déportés. D'où un cheminement politique assez identique à celui de Mobutu, qui connut la chute, puis l'exil.

Aujourd'hui, la guerre menée par Mohamed Ould Abdel Aziz contre les auteurs de gabegie diffère de celle promise par Kabila. Alors que Ould Abdel Aziz a entamé un long processus de dépoussiérage sur la gestion du pays pendant ces dernières décennies, Kabila a été neutralisé par la réalité en RD Congo, au point de faire sortir l'épiscopat congolais de sa réserve. Celui-ci vient en effet de sonner l'alarme sur le degré de la corruption et du pillage des richesses du Congo, mené par l'entourage du président, les hommes politiques et l'armée. Ces derniers remarquent amers que "le président Joseph Kabila avait promis au peuple congolais de remplir les prisons…la réalité sur le terrain montre que la pègre fait la loi, les prisons ne sont pleines que des pauvres citoyens, des prisonniers d'opinion, des désœuvrés et des citoyens sans défense…tous les pilleurs, tous les corrompus et corrupteurs qui entourent le chef de l'Etat et occupent des grandes fonctions…sont libres et continuent à récréer… ". Seule mesure, la révocation de plusieurs magistrats le 15 juillet 2009, que d'aucuns considèrent comme superficielle.

Ainsi, Mohamed Ould Abdel Aziz a beaucoup à faire pour redorer le blason de la Mauritanie, classée dans le Rapport de Transparency International comme endémiquement touchée par la corruption, avec un taux de 2, 1 et presque au bas du tableau, à la 130ème place. Mais cette guerre devra être équitable et réfléchie, et ne doit nullement prendre les allures d'une chasse à la sorcière ni revêtir le manteau d'un sordide règlement de compte politique. Le combat contre le pillage des ressources publiques et les biens de l'Etat, le remboursement de ces milliards d'ouguiyas des contribuables mauritaniens, est primordial.


Source: L'authentique

Lundi 30 Novembre 2009
Boolumbal Boolumbal
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