APP: La Déchirure

Rien ne va plus entre le président de l’APP et président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, et certains de ses anciens lieutenants. Ce parti est secoué par une crise qui couve encore, mais qui risque d’exploser à n’importe quel moment. C’est la première fois que le leader historique des Haratines voit son autorité mise en cause par des dirigeants de son parti et anciens compagnons d’armes. Est-ce la fin d’un mythe ou s’agit-il tout simplement d’une guerre de succession jouée avant son terme ?



APP: La Déchirure
Rien ne va plus entre le président de l’APP et président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, et certains de ses anciens lieutenants. Ce parti est secoué par une crise qui couve encore, mais qui risque d’exploser à n’importe quel moment. C’est la première fois que le leader historique des Haratines voit son autorité mise en cause par des dirigeants de son parti et anciens compagnons d’armes. Est-ce la fin d’un mythe ou s’agit-il tout simplement d’une guerre de succession jouée avant son terme ?
Jusqu’ici leader vénéré des anciens esclaves, Messaoud Ould Boulkheïr rencontre de plus en plus de difficulté pour asseoir son autorité sur ses militants et pour faire taire la voix de ses détracteurs au sein de l’APP. Une véritable fronde est en train de naitre dans cette formation et vise particulièrement la personne du président Messaoud. Ce sentiment de révolte de certains leaders de l’APP est apparu depuis la fin de la crise constitutionnelle en 2009. Tout le monde se rappelle des journées de concertation organisés par l’APP et au cours desquelles le président Messaoud s’était emporté en public contre ceux qui contestaient son leadership et leur avait fait savoir qu’El Hor c’est lui, qu’il a décidé depuis longtemps de mettre terme à son existence et que personne ne pouvait remettre cette décision en cause.
A l’époque Messaoud venait d’enregistrer une énième victoire contre l’organisation archaïque de la société mauritanienne lorsqu’il a été choisi par le FNDD pour défendre ses couleurs à la présidentielle. Ses directeurs de campagne dans les régions étaient tous des notables de la féodalité maure. C’est à ce niveau que se situe l’importance de cette victoire. Du coup, l’ancien esclave s’est métamorphosé politiquement en devenant un leader national et non plus seulement le chef d’une catégorie sociale. Cette mue a provoqué l’ire de certains dirigeants haratines qui criaient déjà à une manipulation des maures blancs à travers une récupération du symbole de la lutte contre l’esclavage dans le pays. A partir de là, sont nés les premiers problèmes entre Messaoud et certains de son staff haratine, mais cela n’a pas empêché de nouvelles retrouvailles entre Messaoud et ses amis au cours desquelles on a cru que tous les contentieux avaient été réglés. Ce n’était qu’une courte accalmie. Les querelles naissent de nouveau lorsque Samoury Ould Bèye, secrétaire général de la CLTM et figure de proue du militantisme haratine, écrit au secrétaire général des Nations Unies pour lui demander son intervention pour protection la communauté haratine en Mauritanie. Il se présente ainsi comme étant le porte drapeau de cette frange sociale. Une manière très claire de concurrencer le leader Messaoud. Depuis les choses entre les deux hommes se gâtèrent, même si aucun d’eux n’est allé jusqu’à prononcer la rupture, Samoury restant toujours membre de l’APP. Mais le problème concerne d’autres anciens compagnons de Messaoud tels que Omar Ould Yali et Mohamed Ould Bourbouz, des anciens ministres de l’APP. On ne sait pas s’ils coordonnent avec Ould Bèye, mais leur hostilité à Messaoud ne fait plus aucun doute.

Guerre secrète
Dans un entretien accordé à l’un des sites d’information continue en ligne de la place, Samoury a crevé l’abcès en s’attaquant publiquement à Messouad l’accusant de dérive dictatoriale, d’embourgeoisement et d’abus de pouvoir… La réaction des amis de Messaoud tombe rapidement de sous la plume d’Ahmed Ould Samba qui accuse le SG de la CLTM d’avoir une connivence avec le pouvoir et les hommes d’affaires pour saboter les travailleurs, d’être à la solde d’ennemis de la cause haratine et de nourrir des ambitions politiques secrètes… Au même moment réapparaissent les lettres de sections du parti réclamant l’exclusion de Samoury Ould Bèye.
Jusqu’où iront ces hostilités, les premières du genre au sein des Haratines traditionnels de l’opposition qui n’avaient jamais contesté l’autorité de Messaoud ni ses manières et qu’est ce qui les provoque ? Difficile à dire pour le moment, tant on évoque toutes les hypothèses pour expliquer la ‘’révolte’’ au sein de l’APP. Toujours est-il que cela ‘’normalise’’ d’une certaine manière l’exercice de la politique au sein de cette communauté qui, comme toutes les autres composantes de la société, connait désormais des dissensions internes après une assez longue période de lutte et d’homogénéité entre les haratines révoltés. Est-ce que cela veut dire qu’il n’y a plus de cause commune et que chacun gère désormais sa propre carrière ou est-ce qu’il s’agit plutôt du commencement de la lutte pour la succession de Messaoud devenu assez vieux pour descendre dans l’arène politique ?
Ould Baldi

biladi

Jeudi 13 Janvier 2011
Boolumbal Boolumbal
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