A propos de la marche du 09 janvier



Le régime du Président Mohamed Ould Abdel Aziz, symbole du système raciste et esclavagiste qui régit la vie nationale, appelle à une marche dite contre l’extrémisme, le racisme et les discours haineux ce mercredi 09 janvier 2019.

Cette plaisanterie de mauvais goût orchestrée par le régime et ou le parti-Etat UPR, la confusion est sciemment entretenue, participe de la fuite en avant de nos gouvernants qui continuent de privilégier la politique de l’autruche à une prise en compte réelle des problèmes structurels qui minent l’existence de notre pays et dont le racisme d’Etat n’est pas des moindres.

Jamais, en effet, la Mauritanie n’a été aussi divisée mais le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz en porte, sinon l’entière responsabilité tout au moins une grande partie.

Comment peut-on prétendre à l’unité nationale alors que l’on continue à protéger et à promouvoir les criminels ayant planifié et exécuté le génocide perpétré contre la communauté noire entre 1986 et 1992 ? N’est-ce pas le Président de la République lui-même, qui dans un discours de campagne prononcé à Nouadhibou, avait déclaré en connaître les auteurs dont il s’est gardé pourtant de divulguer l’identité et encore moins de poursuivre en justice ?

N’est-ce pas encore le régime en place qui continue à exclure une grande partie des Mauritaniens noirs de l’état-civil en faisant des apatrides dans leur propre pays ? C’est encore ce même régime qui cloue au pilori les cultures et les langues négro-africaines en les excluant de la sphère publique et de l’école ou en les réduisant à une simple expression folklorique dans les médias aussi bien publics que privés.

La haine et l’extrémisme, c’est quand l’Etat communautarise une institution aussi vitale que l’armée dont le commandement est exclusivement réservé à une seule composante nationale. La culture de la haine, c’est aussi quand la fréquentation de toutes les grandes écoles du pays est de l’apanage quasi exclusif d’une seule composante comme si l’intelligence était compartimentée. Les germes de la haine résident également dans l’exclusion systématique des Noirs de Mauritanie de toute responsabilité décisionnelle dans la haute administration. Les hommes d’affaires, les banques, les assurances, tout ce qui fait le dynamisme d’un pays est concentré au sein de la seule et même composante.

L’esclavage persiste, faute de volonté politique de l’éradiquer, puisque malgré un arsenal sans précédents de lois censés bannir à jamais ce fléau d’un autre âge, le régime s’évertue plutôt à combattre les militants anti-esclavagistes. Ce sont les dépositaires de cette politique de discrimination et d’exclusion systématique qui appellent à une marche contre le racisme et l’extrémisme ; comme quoi le ridicule ne tue pas.

Ceux qui malgré tout veulent croire en cette initiative doivent tout de même garder à l’esprit que le timing de cette marche organisée à moins de quatre mois de la fin du dernier manda de Mohamed Ould Abdel Aziz interroge. Pourquoi attendre si tard pour se rendre compte des menaces qui planent sur une unité nationale qui n’a d’ailleurs jamais existé ?Et à supposer que cela soit le cas, l’Etat a la responsabilité d’agir et non de se donner en spectacle à travers une marche qui ne sera rien d’autre qu’un bal d’hypocrites.

Il y a probablement un agenda caché derrière cette mascarade à moins que, plus prosaïquement, la marche ne soit destinée à éliminer les calories en trop de l’embonpoint de nos gouvernants qui n’ont de cesse de se sucrer sur le dos du peuple.

Alassane DIA,

Professeur à l’Université de Nouakchott Al Asriya

Président de Touche pas à ma nationalité


Source : TPMN

Jeudi 10 Janvier 2019
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