50 ans d’indépendance, 50 ans d’échecs successifs



50 ans d’indépendance, 50 ans d’échecs successifs
Réflexion sur le cinquantenaire de l’indépendance.
A l’instar des pays d’Afrique Francophone, la Mauritanie fête en cette année de 2010 le cinquantenaire de son indépendance.



Mais avant d’illuminer aux feux d’artifices le sombre ciel de Nouakchott et des autres capitales régionales, il est peut-être nécessaire de faire le bilan de toutes ces décennies et d’évaluer les dégâts causés par les pratiques qu’elles ont consacrées en tant que système de gouvernement et qui sont à l’origine des malheurs de beaucoup de mauritaniens.


La création de la Mauritanie en temps qu’Etat.a)

L’une des faiblesses structurelles de la Mauritanie est sans doute cet Etat créé sur l’héritage d’Emirats dont les pouvoirs n’étaient ni temporels, ni religieux et qui souffrait par conséquence d’un manque cruel de légitimité et de cohésion interne d’où son incapacité a assurer aux populations le strict minimum d’administration centralisée pouvant leur offrir les garanties d’une vie stable et sécurisée.
Un Etat dont les limites territoriales restent indéfinies, après cinquante ans d’existence et dans lequel couvent des foyers de tensions nourris par la contestation identitaire, de cohabitations et par des inégalités qui élargissent chaque jour le fossé entre les couches de la population.
b) Les bases de fondation de ce nouvel Etat étaient copiées sur l’administration coloniale dans ce qu’elle a de plus contestable : l’injustice et la partialité, la structure tribale et les impôts indus car levés pour aucun service public rendu.
c) L’administration de cet Etat fantoche était composée des colons eux-mêmes et de leurs sous fifres Sénégalais formés, ou plutôt dressée, pour la circonstance et les seuls mauritaniens qui y avaient droit de cité étaient des interprètes occidentalisés.
d) La langue officielle y était une langue étrangère que personne, a part ceux qui s’en servent pour opprimer, ne parlait et par laquelle le vénérable père fondateur de la nation s’adressait au peuple.
A l’annonce de cette indépendance que l’on fête aujourd’hui en grande pompe le 28 novembre 1960 l’équipe dirigeante, héritière toute désignée par les colons, écarta les détenteurs du potentiel culturel du pays du million de poètes et s’orienta vers le Sénégal et la France pour recruter de nouveaux colons. Ceci contribuera à encourager notre jeunesse à se marier à des européennes pour garantir un emploi dans la haute fonction. Les cercles du pouvoir gravitaient autours de Mariam qui en était le noyau central et les européennes a mariage politique avaient l’accès facile à la première dame du pays.
Sur le plan politique et sécuritaire le pays continuera de souffrir d’une certaine préférence des populations des régions du nord pour le Maroc (Adrar, Inchiri, Nouadhibou et Tiris-Zemmour)
En 1963 Le régime s’immortalisa en imposant le parti unique et se créa une opposition communiste digne d’un pays d’Europe de l’Ouest de l’époque et dont les animateurs n’étaient en réalité que ses propres légions d’agents de renseignements qui partageaient avec lui une même vision de l’avenir de la Mauritanie ou qui, en tout cas, n’avaient aucune raison de contester une politique qu’ils ont historiquement défendu a coup de jurisprudences religieuses.
Le 28 Novembre 1973, brandissant une souveraineté fictive, le gouvernement d’ould Daddah créa une monnaie qui fut le début d’une crise économique permanente désastreuse. Ainsi sans capital économique, on découragea tous les importateurs étrangers en leurs imposant un système d’importation contrôlé par une banque centrale sans réserve de devise et sans expérience. Le seul résultat que donna cette politique est la création d’hommes d’affaires mafieux qui mettrons fin a l’unique soutien économique dont on bénéficiait et qui nous venait de la Lybie.
Le 28 Novembre 1974 la nationalisation de la MIFERMA en contre partie d’un montant astronomique qui était en réalité trois fois le prix d’installations déjà amorties n’était qu’une façon de permettre a celle-ci de se désengager du pays au devant de la guerre du Sahara qu’elle savait imminente.
Le 28 Novembre 1975, début de la guerre et destruction totale d’une économie d’où tout intérêt ou plutôt investissement occidental était désormais très loin. 1978 le peuple se réveil sur un communiqué sur fond de musique militaire le « régime de la corruption et de la trahison nationale à pris fin ».
La junte militaire avide de pouvoir avait un seul objectif l’arrêt d’une guerre a laquelle elle ne pouvait faire face, ni techniquement, ni financièrement et ce malgré l’intervention militaire directe des maitres du régime.Sans programme politique l’équipe se battra pour le fauteuil jusqu’au 12/12/1984, date à laquelle le colonel Maaouiya imposa un pouvoir totalitaire et obscurantiste avant d’écarter ses compagnons d’arme.
Pour maintenir son pouvoir il jouera toutes les cartes politiques, la ruse et même les alliances avec Satan. De 1984 à 1991 il imposa les Baathistes, les Nasséristes, les Kadihines, les potes etc. Il ira même jusqu'à faire la cour aux Islamistes.
Pour faire face au discours de La Baule il créa une démocratie de façade dont les acteurs étaient les chefs des tribus, les chefs religieux, les gourous des confréries, l’administration et une poignée d’homme d’affaire qui faisaient main basse sur l’économie du pays. (Tous ces acteurs composent aujourd’hui la majorité présidentielle à l’exception de Boeidel et Louleid remplacés par Amed et Saar).
Il s’engagea dans la consolidation d’un pouvoir totalitaire en légalisant la corruption, le clientélisme et le laisser aller à tous les échelons de l’administration, détruisant toute vertu, tout honneur pour qu’il ne reste que lui et sa cour. Le trésor public, les sociétés d’Etat et les ressources naturelles étaient utilisés pour affermir le dictateur dans son fauteuil. En 2005, et pour le déposer, les amis de Maaouya utilisent le même plan que lui quant il a voulu destitué son prédécesseur.
L’après Maaouiya.
Le nouvel « homme fort » du pays qui avait attiré la sympathie de la communauté nationale et internationale par un programme qui visait seulement sa sortie. N’avait compris qu’avec beaucoup de retard le jeu de ses camarades pour pouvoir se maintenir avec le bulletin blanc. Sidi Mohamed ould cheikh Abdallahi, le deuxième Ely a, lui aussi, mal réussi sa sortie et entraina le pays dans une confrontation qui a failli lui être fatale.
L’ancien homme fort du 3 Aout 2005, Ould Abdel Aziz, redevenu l’homme fort du pays après un putsch dirigé contre l’homme qu’il avait imposé aux mauritaniens, rentra en guerre avec toutes les forces du pays (classe politique, hommes d’affaires et les fonctionnaires…). Après une trêve avec ces derniers, le voila de nouveau en guerre et cette fois avec des armes crépitantes et des ennemis déclarés …
Nos réussites en 50 ans.
- Le renforcement de la tribu au détriment de l’Etat
- Une administration corrompue et refusant tout changement
- Une police spécialisée dans l’arnaque du citoyen
- Une armée spécialisée dans les coups d’Etat
- Des documents de l’Etat sans aucune importante (jugement, titre foncier,permis, caution bancaire, lois, cachet du trésor public, manifestation d’intérêt public, concours, convention de partenariat, pièces d’état civil…
- Une seule radio et une seule télévision pour les louanges du gouvernant
- Destruction du potentiel halieutique, pétrolier et minéralier
- Un pays au service des trafiquants de drogues de cigarettes et des terroristes - Une administration au service de faussaires de médicaments, de charlatans religieux et surtout des sociétés de télécommunications (Mattel, Mauritel et Chinguitel) qui n’arrivent pas à remplir les obligations des cahiers de charges et contribuent d’avantage à l’appauvrissement de toutes les couches
- Légalisations d’associations racistes et extrémistes
- Une classe politique à la solde de l’étranger
- Un parlement dressé
- Douze régions dépourvues de soins primaires, d’enseignement et d’infrastructures
Un bien triste bilan qu’il convient d’avoir à l’esprit en fêtant en grande pompe le cinquantenaire de notre indépendance nationale. A cette occasion nos compassions vont au peuple mauritanien en attendant de se battre pour obtenir un pouvoir parlementaire qui mettra fin au pouvoir personnel.


Lebatt Ould Eytah

Samedi 13 Novembre 2010
Boolumbal Boolumbal
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