50 ans d’existence perdu plus de temps qu’elle n’en a exploité



50 ans d’existence perdu plus de temps qu’elle n’en a exploité
Le cinquantenaire c’est un demi-siècle de vie. C’est beaucoup dans la vie d’une personne mais peu dans celle d’une nation. Cependant c’est un parcours suffisant pour faire un bilan et tirer des leçons des progrès et des échecs. La Mauritanie a, en 50 ans d’existence perdu plus de temps qu’elle n’en a exploité. Elle a raté bien d’occasions en or pour devenir un modèle d’Etat-nation phare en Afrique. Pour rebondir et renaitre de ses cendres. Elle a surtout sacrifié ses chances de se hisser au diapason des nations les plus prospères du continent. Cette responsabilité est à mettre sur le compte de ses dirigeants et d’une partie de son élite qui, non seulement, n’ont pas su améliorer ce qui avait été légué de l’héritage des premières années d’indépendances, mais ils ont par leur inculture, leurs irresponsabilité, leur perfidie étouffé dans l’œuf l’élan patriotique que les bâtisseurs avaient lancé. La Mauritanie indépendante a été pendant 18 ans dirigée par feu Moctar Ould Daddah qui a posé les bases d’une nation avec une capitale sortie des dunes de sable. L’économie du pays était suffisante avec l’exploitation du fer et du poisson pour subvenir aux besoins d’une population qui faisait à peine un million d’habitants. L’unité nationale constituait la pierre angulaire de la cohésion sociale dans un pays multiculturel dont les populations sont toutes unies autour d’une religion et soudées autour de valeurs séculaires. Dans tous les secteurs de la vie nationale cette image d’une Mauritanie arabo-africaine faisait la fierté de tous.

Tout mauritanien sentait cette chaleur patriotique qui s’exprimait dans les manifestations culturelles, jusqu’aux profondeurs abyssales de la dune au fleuve. Les mauritaniens sentaient qu’il y avait plus de choses qui les unissaient que de choses qui les divisaient. L’armée était le reflet de cette synthèse et de cet attachement à la patrie. La guerre du Sahara offre la meilleure preuve de cet engagement de tous les fils de ce pays pour la défense de la patrie. Ceux qui ont sacrifié leur vie dans les étendues désertiques du sahara sont de toutes les composantes nationales. Les balles n’ont pas fait de différence entre les uns et les autres. A la guerre, les commandements d’une armée patriotique étaient bien repartis entre les officiers chargés de diriger les opérations. Dans l’administration civile ainsi que dans toutes les hautes sphères politiques la Mauritanie plurielle était représentée. L’école mauritanienne fut pendant des années un creuset de rencontres entre tous les fils de ce pays. Des amitiés se sont tissées entre les premières générations du pays. Tout ce beau capital riche et admirable a été dilapidé par des nationalistes chauvins qui ont divisé le pays en races différentes, en clans, en ethnies, en langues. Ils ont dressé les uns contre les autres. Imposé une vision d’une Mauritanie monoculturale et monolinguistique. En même temps que les sirènes de la discorde soufflaient sur les braises , les pilleurs des deniers publics dilapidaient les ressources nationales. La Mauritanie plongea ainsi dans des crises récurrentes faites de révolutions de palais, de déchirures ethniques, de réformes éducatives au rabais destinées à exclure une partie de ses fils. Ce sombre panorama allait connaître le sommet de son accomplissement avec les événements de 1989 que les extrémistes ont mis à contribution pour vider la Mauritanie d’une partie de ses citoyens. Suivirent les exécutions extrajudiciaires à travers de faux complots ayant entrainé des purges ethniques. Ce lourd passif humanitaire qui n’a rien à envier aux autres génocides commis au Rwandais, en RDC mettront un jour leurs auteurs devant leurs responsabilités si un règlement plus juste et digne n’est pas fait. L’ancien président mauritanien est sous le viseur des tribunaux belges. La Mauritanie célèbre le cinquantenaire dans une atmosphère faite de fierté d’avoir parcouru des étapes importantes mais d’autres se souviendront que le chiffre 28 est immaculé du sang de centaines de soldats tués par leurs frères d’armes dont 28 le jour même de l’indépendance en 1992. La fête ne peut pas être belle pour les familles de ces martyrs et celles de tout mauritanien épris de paix et de justice. Nous profitons de ce cinquantenaire pour présenter nos vœux les plus sincères à tous les mauritaniens en souhaitant la paix , la prospérité et l’unité retrouvée à la Mauritanie .

Source: Points Chauds

Mardi 30 Novembre 2010
Boolumbal Boolumbal
Lu 329 fois



Recherche


Inscription à la newsletter