5 ans d’exil et de méditations … : Et si Ould Taya rédigeait ses mémoires ?



5 ans d’exil et de méditations … : Et si Ould Taya rédigeait ses mémoires ?
Le président Ould Taya renversé par le colonel Ely Ould Mohamed Vall sous le commandement de l’actuel homme fort du pays, alors à la tête du Basep, doit rédiger ses mémoires après 5ans d’exil au Qatar.

Accablé par des plaintes sur des exécutions extrajudiciaires à l’encontre de centaines de militaires négro-africains, indexé à tort ou à raison dans des disparitions d’avions et depuis l’arrivée de son ex-homme de confiance il est tenu pour responsable de plus de 20 ans de gestion gabegiques d’un règne sans partage.

C’était un exemple parfait de personnification du pouvoir. Ses rapprochements avec l’état hébreu, et bien d’autres dossiers brûlants sont autant de raisons qui doivent pousser cet homme à briser le silence pour apporter un démenti à toutes les charges contre lesquelles il pourrait se défendre, sinon reconnaître ses erreurs faire son mea-culpa et présenter ses excuses à ses victimes.



Dans la situation actuelle où la Mauritanie est à la recherche de la paix, de la stabilité politique, de la relance économique, Ould Taya qui abattu le record de longévité au pouvoir a un rôle à jouer dans l’éclaircissement de toutes les zones d’ombre qui ont entaché son règne et dont les conséquences pèsent toujours sur la vie du pays. Autrement son silence sera plus un signe de résignation et de culpabilité…

Le colonel Maaouiya Ould Sidi Ahmed Taya se serait « logiquement » promu général s’il savait que ce grade allait être attribué après lui. Même au fauteuil présidentiel portant le costume d’un reconverti à la vie civile, cela en valait bien l’honneur d’avoir ce titre après une carrière aussi longue mais hélas combien tumultueuse achevée dans la politique. Il ne serait embarrassé outre mesure de s’affubler d’un grade aussi élevé et honorifique pour sa personne.

Et si l’histoire pouvait être recommencée, que de leçons allait-il tirer de son expérience d’officier qui bascula spectaculairement dans la politique à la faveur de bien de concours de circonstances survenus dans son parcours.

Pour beaucoup, Ould Taya en homme averti et victime d’erreurs monstrueuses et horribles ferait son mea-culpa face aux lourds passifs tant humanitaires qu’économiques et politiques qu’il trimballe avec lui des années durant, bien qu’il le partage avec d’autres qui ont été pour beaucoup dans sa métamorphose d’homme qui jadis était connu pour sa discrétion et ses réserves au beau milieu de sa carrière d’un militaire totalement désintéressé de politique, d’argent et de combines.

Ne disait–on pas de lui qu’il était mordu de lectures et de certaines distractions privées qui lui sont chères encore ? Ceux que nous avons contactés nous ont révélé que ses meilleurs amis étaient ceux-là mêmes contre lesquels il se retournera comme un fauve blessé. Oui, Taya avait été, des années durant, manipulé par ses grands fidèles et surtout par des adeptes de la division de la Mauritanie, notamment des courants extrémistes.

C’est à ses dépens et quand ce fut bien trop tard que le film de ses erreurs commençait à se dévider dans sa pensée. Et, au crépuscule de son règne, l’homme devenu un sexagénaire très avancé, tentait de distinguer parmi son entourage le produit le moins nocif avec lequel il pouvait encore composer pour se maintenir.

Il se rendit compte que tout est pareil à tout. Il découvrit surtout qu’il a été trahi. Empêtré jusqu’au coup dans des crimes économiques, de sang et même de religion avec la guerre contre les barbus, le rétablissement des relations diplomatiques avec l’état hébreux et bien d’autres délits dont il n’ignorait point les conséquences dans sa vie sachant que l’histoire a rattrapé des dictateurs très célèbres.

Si Ould Taya voulait sortir de ce bourbier qui l’aiderait à le faire ? A maintes reprises son fils, devenu commandant, faisait des démarches sécrètes auprès de quelques personnalités négro-africaines pour tenter de trouver une porte de sortie pour un père compromis par un lourd passif humanitaire.

Des démarches indirectes avaient été même engagées auprès de quelques milieux des victimes des massacres pour trouver une formule convenable. Mais, les humeurs versatiles de cet étrange homme remettront toujours à plus tard ce projet, que le fils voulait mettre en œuvre.

La résistance de quelques hauts gradés de l’armée impliqués dans cet odieux plan de liquidation systématique de leurs frères d’armes ne faisait que compliquer les choses. Sans le dire haut pour des raisons de sécurité, l’actuel Président, alors commandant de la garde présidentielle, était favorable à un tel règlement du dossier du passif humanitaire. C’est, du moins, ce qu’ont rapporté des sources dignes de foi.

Pas étonnant, d’ailleurs, qu’au fort de son commandement, son homme de confiance, qui réalisait que le vieux lion est devenu fragile et que le temps de le bouter de la jungle avait sonné. Et c’est, sans coup férir, sans un seul coup de feu, que l’assaut final a eu lieu contre Ould Taya.

Et si Taya écrivait ses mémoires ?

N’est–il pas d’ailleurs, dit-on, en train d’écrire ses mémoires ? L’ordre de ses réflexions serait bien difficile à jaillir du fonds d’une raison qui a bien de faits graves à se reprocher. Un dictateur a beau vouloir feindre afficher des airs d’accords avec sa conscience, il sera toujours troublé par les angoisses monstrueuses causées par ses actes.

Dans son exil Qatari, cet homme au profil taciturne, est loin de vivre un asile doré. Il porte dans ses pensées les stigmates des dures années de répression, de dictature implacable.

S’il est sur le projet d’écrire ses mémoires, l’homme apporterait bien de lumières sur ses responsabilités dans des dossiers brûlants survenus durant son règne notamment, le passif humanitaire, les disparitions mystérieuses dans des accidents d’avions, la gestion « gabégique » des fonds publics, les flirts politiques avec Saddam Hussein, le régime sioniste, etc. Tous ces sujets sur lesquels il a bien des réponses à apporter.

Il ne manquera pas de faire part de ses déceptions, de ses regrets de n’avoir peut-être pas achevé « ses projets » ou, pourquoi pas, d’assumer ses responsabilités quelles que soit les conséquences que cela lui coûtera.

CTD





Source: Le Rénovateur Quotidien (Mauritanie) Via Cridem.org

Mardi 16 Février 2010
Boolumbal Boolumbal
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