Une Année après la présidentielle: Toujours à la case départ



Une Année après la présidentielle: Toujours à la case départ
18 juillet 2009, c’était la dernière élection présidentielle remportée, dès le premier tour, par l’actuel président, Mohamed Ould Abdel Aziz. Une année après cet épisode, la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD), un collectif d’une dizaine de partis politiques, a fait le bilan du nouveau régime à l’hôtel Khater, au cours d’un débat organisé dimanche après midi, anniversaire de la fin de la crise institutionnelle. Un scrutin dont les résultats ont été donc contestés par les principaux leaders de l’opposition. Battus à plate couture, ces opposants ont continué à dénoncer « la fraude et la manipulation » déniant ainsi toute légitimité au nouveau président de la République.
Même si chaque camp évoque la nécessité du dialogue comme seule voie susceptible de sortir le pays de cette situation confuse de ni guerre ni paix, rien sur le terrain de la réalité ne pousse à l’optimisme. ..
Au même moment, le Rassemblement National pour la Réforme et le Développement (RNRD-Tawassoul), issu de la mouvance islamiste modérée, organisait un forum de réflexion sur le thème de l’esclavage. Toujours dans sa position « floue » de n’être ni de la majorité, ni de l’opposition, le parti islamiste aurait ainsi choisi de parler d’une pratique, d’un autre temps qui existe encore sous nos latitudes, pour éviter d’avoir à livrer un avis politique sur la gestion d’un pouvoir par rapport auquel il a envoyé de nombreux signaux allant dans le sens d’un rapprochement. Mais, ce pouvoir ne montre pas un empressement immédiat à saisir le sens des différents messages.


A ce moment précis où la COD livre son bilan de l’exercice d’une année de gouvernance politique et économique du régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, des divisions et des différences d’approche sont perceptibles en son sein, malgré la proclamation plusieurs fois réitérée d’une dynamique unitaire au sein de la coalition. Preuve d’une réalité têtue, le comité récemment mis sur pied en vue de préparer les modalités d’un futur dialogue ‘‘inclusif’’ avec le pouvoir n’a pas encore tenu une seule réunion. Pire, le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD), une de ses trois composantes, n’a même pas encore désigné son représentant au sein de la nouvelle structure. Un constat qui donne une idée du peu d’empressement de ce grand parti de l’opposition à s’embarquer dans une nouvelle « aventure » pour le dialogue dans les conditions actuelles, en dépit d’une approbation de principe vis-à-vis d’une telle démarche. En effet, le RFD, qui avait béni au départ le putsch contre Ould Cheikh Abdellahi, semble avoir pris désormais une position radicale par rapport à toute action commune avec Aziz…
Tableau sombre
Faire le bilan d’une année de règne du pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz en Mauritanie conduit à un constat : un blocage politique persistant dont l’expression est pour le moment l’absence de toute concertation formelle entre pouvoir et opposition. Les différents acteurs politiques continuent à se regarder en chiens de faïence. Le régime actuel et l’opposition historique restent dans une posture «d’ennemis jurés » qui ne sont pas encore carrément convaincus de l’intérêt de se parler. Les quelques frémissements notés jusque-là ont concerné des forces politiques anciennes alliées des présidents Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya et Sidi Mohamed Cheikh Abdallahi, poussées dans l’opposition après le coup de force du 6 août 2008. Une attitude dont la double explication réside dans le rejet, par principe, du coup d’état. Mais la peur par rapport à la rhétorique d’un général affichant une volonté de jouer au justicier dans un environnement où le cercle de la mauvaise gouvernance englobe de nombreux anciens hauts cadres qui se trouvent par la force des choses dans l’opposition et que le pouvoir croit, à tort ou à raison, qu’ils peuvent avoir des comptes à rendre à la justice.
Sur le plan économique, la situation reste également très difficile en dépit des promesses généreuses faites récemment à Bruxelles et du soutien politique sans faille de certains pays occidentaux au régime. Une année après l’arrivée aux commandes, officiellement, du nouveau pouvoir et presque deux années après le putsch du 6 août, on est toujours à la case départ. Un pouvoir qui met du temps à s’installer et à dégager de véritables perspectives de développement. En effet, mis à part la réalisation de quelques tronçons de routes goudronnées à Nouakchott, les promesses de la table ronde des partenaires au développement et bailleurs de fonds, réunie fin juin à Bruxelles, il n’y a rien à se mettre sous la dent.
Le pouvoir d’achat des plus pauvres continue à dégringoler tous les jours. On note d’énormes difficultés dans la mise en œuvre du budget de l’état.
Au chapitre de la bonne gouvernance, les mauritaniens entendent encore de manière épisodique le discours électoral fondateur de la fameuse ‘‘lutte contre la gabegie’’, mais les mauvaises pratiques d’antan n’ont pas encore disparu. Le chômage reste une donnée massive et permanente pour beaucoup de jeunes en âge d’activité. Les critères de nomination aux emplois supérieurs de l’état et même dans un moindre service ou une simple division au sein de l’administration publique répondent plus à l’exigence d’une image politiquement « correcte » sacrifiant ainsi la nécessaire compétence dégagée par le profil du cadre.
Autant de signaux qui montrent que cinq années après le coup d’état ayant renversé le régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, la Mauritanie est revenue à la case départ : le blocage politique avec tous ses corollaires.


Cheikh Sidya

Lundi 19 Juillet 2010
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