UPR/PRDS : Comme deux gouttes d’eau



UPR/PRDS : Comme deux gouttes d’eau
Le Congrès très « ordinaire » de l’Union pour la République vient de montrer, une fois encore, qu’un parti-Etat reste un « parti d’Etat » ! Que cette formation s’appelle UPR, Adil ou PRDS ne change rien à la pratique politique qui place toutes les cartes entre les mains du seul président de la République. En fait, y a-t-il eu vote ou pas pour désigner les instances dirigeantes du parti-Etat (Bureau exécutif et Conseil National) ?

Ceux qui s’attendaient à ce que le congrès ordinaire de l’UPR soit celui de la « refondation », c’est-à-dire différent de celui « extraordinaire » qui a vu la gestation du parti-Etat et par la suite la passation de témoin de Mohamed Ould Abdel Aziz, devenu président de la République démocratiquement élu, le 18 juillet 2009, à Mohamed Mahmoud Ould Mohamed Lemine qui vient de rempiler, n’ont pas bien saisi la portée de ce qui arrive depuis le coup d’Etat du 3 août 2005 contre l’ancien président Taya. Le pouvoir a tout simplement changé de tête mais pas de système. D’ailleurs qui pourrait dire aujourd’hui que ce ne sont pas les mêmes hommes et femmes qui continuent à faire tourner cette noria du désespoir politique des Mauritaniens, que ce soit au sein de la « nouvelle-ancienne majorité » de Taya, Sidi et Aziz ou de l’opposition traditionnelle (APP, RFD, UFP), d’ailleurs en conflit latent avec des transfuges de l’Ancien régime (Adil et Wiam) ?
C’est pour dire tout simplement que la démocratie au sein des partis politiques n’est pas pour demain. Ni dans la majorité ni dans l’opposition. Il y aura toujours quelques-uns habiletés à choisir pour et à la place des autres.
Ainsi, les 1200 « congressistes » de l’UPR ont fait un déplacement pour rien. Ils auraient pu donner leur suffrage par procuration à ceux qui ont confectionné les listes et suggéré au président de la République des accommodements politiques qui ont sûrement rempli de joie certains mais rendu furieux plusieurs autres. Les prochains jours seront certainement pleins d’articles (sur le net et dans les journaux) et de commentaires de salons et de rues qui en diront long sur la façon de faire d’une UPR qui clame pourtant haut et fort qu’elle est un parti différent des autres parce que le président qu’il soutient est, lui aussi, un président d’un autre genre que celui que l’on connaît depuis le premier coup d’Etat militaire de juillet 1978 !
Sans entrer dans les détails de ce conclave que d’aucuns ont trouvé tout à fait ordinaire, on peut dire cependant que les premiers soutiens de la fronde et de la Rectification ont assuré leur mainmise sur le pouvoir. Il y a d’abord les hommes du président de la République : Une dizaine de ministres que l’on peut qualifier de « performants », menés par le Premier ministre, Moulay Ould Mohamed Laghdaf, les chargés de missions et conseillers à la présidence qui pointent pratiquement tous au Conseil National de l’UPR. Il y a ensuite le gotha de la politique depuis la chute de Taya, côté Mohamed Ould Abdel Aziz et général Ghazouani, chef d’Etat-major de l’Armée nationale, qui réussit tout de même à maintenir son cousin et homme de confiance à la tête de l’UPR. Ainsi, la majorité des députés et sénateurs retenus par la Présidence pour figurer dans la liste qui a été tout simplement acclamée par les 1200 délégués appartiennent à la même quadrature du cercle : Aoujeft – tichit – Néma – Maghama. Yahya Ould Abdel Ghahar, sénateur d’Aoujeft fidèle parmi les fidèles du président Aziz, Mohamed El Mokhtar Ould Zamel, député d’Aoujeft (deux élus quand même pour une petite localité !!!), Me Sidi Mohamed Ould Maham, député et président de la Haute Cour de Justice, Rabi Haïdara, épouse du chef d’Etat-major particulier du Président, sénatrice de Sebkha, Mohamed Yahya Ould Kharchi, député, Bouya Ahmed Ould Chérif, député de Tichitt, Mohamed Abdallahi Ould Guelaye, député de Maghama, Seyidina Ali Ould Mohamed Khouna, sénateur d’Amourj (frère de l’ancien Premier ministre de Taya, Cheikh El Avia Ould Mohamed Khouna). Qui a dit alors que l’UPR est un parti novateur ?
On sait que dans ses rapports avec l’Etat et le président de la République, l’UPR ne pourra pas changer sa « nature ». Elle restera toujours la formation qui se réclame du Chef, même si la loi stipule que, une fois élu, le président de la République ne peut plus être à la tête d’un parti. Dans les faits, il reste le « Chef ». Bien avant la tenue du congrès ordinaire de l’UPR, on savait qu’une probable refondation du parti ne peut être que son fait, le statu quo aussi.

Amadou Diaara

Source: Le renovateur

Lundi 12 Juillet 2010
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